Allemands des Sudètes : un Tchèque accusé de crimes de guerre
Le porte-parole des Allemands des Sudètes, Johann Böhm, a requis un mandat d'arrêt international à l'encontre du Tchèque Frantisek Foukal, selon lui à l'origine de la mort de nombreux Allemands à la fin de la guerre. Notre stagiaire Béatrice Cady fait le point.
En effet, Frantisek Foukal aurait été, en mai 1945, responsable d'un camp de transit dans lequel quelques centaines d'Allemands auraient été exécutés. M. Böhm, lui, a sévèrement critiqué le gouvernement tchèque pour sa complaisance envers Foukal, qui non seulement n'a jamais été inquiété, mais en plus aurait demandé des dédommagements à l'Allemagne. Les informations de la Télévision tchèque, chaîne publique, lancent toutefois une nouvelle lumière sur cette affaire. Des recherches ont en effet mis en évidence une série de faits qui vont à l'encontre des allégations de Böhm. Tout d'abord, Foukal est mort en 1988 : il ne peut donc ni être poursuivi, ni réclamer des dédommagements à l'Allemagne comme l'affirmait le porte-parole des Allemands des Sudètes. Il est vrai que pendant l'expulsion des Allemands des Sudètes, Foukal était responsable du camp de transit de Mirosov, mais les recherches des historiens dévoilent une personnalité beaucoup plus complexe. La Télévision tchèque a bien publié une photo représentant l'exécution de prisonniers allemands, trouvée dans les archives de Foukal, et pourtant, des sources fiables attestent de la collaboration de Foukal avec la Gestapo. Puis, entre les années 1948 et 1950, Foukal aurait travaillé pour la Statni bezpecnost, la police secrète tchèque, sous le nom de code de Gorjaci. Les informations de la Télévision tchèque, selon lesquelles Foukal aurait été fait partie d'un groupe de résistants moraves, ont été confirmées par le journal Lidové noviny et Jiri Jelen, des archives publiques de la région de Plzen. Ces résistants auraient été capturés et emprisonnés à Brno, puis transférés au camp de travail de Mirosov à l'approche des troupes soviétiques. C'est lorsque l'armée russe est arrivée à Mirosov que l'on retrouve Foukal au côté des résistants ; cette fois, dans la région de Plzen, où de nombreux soldats allemands fuyaient l'armée soviétique et tentaient de se mettre sous la protection des Américains. Le journal Lidové noviny ajoute, à la décharge de Foukal, que les exactions et les règlements de compte étaient monnaie courante pendant la débâcle des Allemands. L'affaire Foukal dévoile un aspect plus sombre de la résistance tchèque et peut jeter un froid dans les relations entre les Tchèques et les Allemands des Sudètes.