La société tchèque à propos de la guerre en Irak
L'éventuelle guerre contre l'Irak divise la société tchèque. 71% de la population tchèque est contre la guerre et le nombre d'adversaires de l'éventuelle intervention militaire des Etats-Unis ne cesse d'augmenter en République tchèque.
Pour connaître l'opinion du public, le quotidien libéral, Mlada fronta Dnes vient d'effectuer une enquête dans laquelle il a abordé une série de personnalités et leur a demandé de se prononcer sur la guerre en Irak.
L'évêque Vaclav Maly est contre la guerre: « Je suis contre la guerre que le monde arabe comprendra comme une attaque contre la civilisation musulmane. La situation en 1991 était différente, car les Etats-Unis jouissaient du soutien des pays musulmans. Je suis aussi contre la participation de notre unité aux combats. Leur mission devrait être avant tout humanitaire pour éviter les pertes en vies », estime Vaclav Maly.
Ilja Kotik, médecin de l'ex-président Vaclav Havel, estime, lui aussi, qu'il faut éviter le conflit militaire: « Je crois que les preuves présentées par les inspecteurs de l'ONU n'autorisent pas les Etats-Unis à déclencher la guerre contre l'Irak. Je chercherais encore des voies diplomatiques », estime Ilja Kotik. Le professeur universitaire Jan Sokol admet la possibilité de la guerre. « En cas de la guerre, il est dans l'intérêt de la République tchèque d'éviter tout conflit entre l'Europe et l'Amérique. Dans le cadre des accords signés par la République tchèque, il n'y a aucun doute concernant la participation de l'unité tchèque », a dit Jan Sokol.
Pourquoi ce refus aussi massif de la société qui a ses propres expériences tragiques du régime totalitaire? Radio Prague a téléphoné à Rudolf Kucera, politologue à la Faculté des Sciences sociales de l'Université Charles de Prague pour expliquer ce phénomène.
« C'est une réaction tout à fait normale de la société qui craint la guerre. D'ailleurs, il y a des réactions semblables en Europe occidentale également. Chez nous, le problème réside dans le fait que la représentation politique tchèque ne déploie aucun effort en vue d'expliquer à la société les circonstances plus larges de la guerre contre l'Irak. Puis, il y a la presse tchèque qui a commis beaucoup d'erreurs, en présentant ce conflit comme une guerre du pétrole. Personne n'est en mesure d'expliquer pourquoi et comment l'éventuelle guerre en Irak concerne aussi les citoyens tchèques. Dans ce contexte, je voudrais souligner aussi un autre phénomène - la mémoire du peuple. La société tchèque a oublié trop vite ses propres expériences de la dictature. C'est de nouveau l'élite politique qui y a sa part de responsabilité, car elle veut tirer un trait sur le passé... »