Les banque en lutte contre les mauvais payeurs

Lors de cette émission, nous allons donner un aperçu sur les banques en Tchéquie d'une manière générale, dans leur lutte contre les mauvais payeurs.

C'est épidémique. Les mauvais payeurs ont jusqu'à une période très récente continué, et continuent même aujourd'hui encore, à jouer de vilains tours aux banquiers. Pour avoir de l'argent, ils peuvent s'adresser à plusieurs banques, l'une après l'autre, en essayant d'obtenir le maximum. Bien sûr, il y a les garanties, bien sûr, il y a la publicité du crédit notamment dans les emprunts hypothécaires, il y a les gages, les cautions, mais il y a aussi les crédits à court et très court termes, les découverts et autres, indispensables au fonctionnement des sociétés et donc de l'économie, à quoi s'ajoute toute une série de petits crédits où les banquiers prennent des risques.

C'est dans ce domaine que les escrocs parviennent, quoique très difficilement maintenant, à obtenir toute une série de petits crédits dans diverses banques, avant de mettre devant leur insolvabilité, véritable fait accompli, leurs créanciers, à qui il ne reste que la contrainte par corps, où il n'y a rien à tirer. Il importe peu au banquier que le client mauvais payeur aille en prison. Ce dont il a besoin, c'est son argent. Et son argent, c'est souvent qu'il ne peut en récupérer que partie dans le meilleur cas. Mais la fin de la fête est pour bientôt.

C'est qu'on a créé un registre spécial, de son nom : "Le registre des endettés". C'est dans un intérêt bien compris que toutes les banques se sont engagées, sur autorisation de la loi, à renseigner ce registre, en fait un stock informatique de données, sur leurs débiteurs. D'ici à la fin de l'année, ce registre comptera pas moins de 2 millions de noms, avec 2,6 millions d'informations. Des mauvais payeurs ? Pas forcément ! Des gens qui ont contracté un crédit et sont en train de le payer. Il suffira d'une identité à taper sur un clavier d'ordinateur et voilà le demandeur de crédit mis à nu devant le banquier.

Ce registre ne date pas d'hier, voilà bientôt une année qu'il est en service. Le tout est qu'il n'est pas totalement renseigné. Mais d'ores et déjà, les banquiers se félicitent du résultat.banky Le nombre d'escroqueries à l'emprunt aurait notoirement diminué et l'on qualifie déjà ce registre électronique en milieu bancaire de "composante assainissante du crédit".

Bien entendu, le fait d'avoir déjà une ardoise dans une autre banque n'est pas prohibitif de tout crédit, le tout est que le demandeur d'un nouveau crédit se trouve dans l'obligation de fournir des explications au banquier et surtout de le convaincre. Il est aussi des clients notoirement solvables à qui les banquiers préfèrent ne rien demander de peur qu'ils ne les heurtent dans leur susceptibilité et ne les perdent. Mais la solvabilité notoire est, à son tour, trompeuse, comme quoi, le terrain bancaire est un véritable marécage en dépit des sols marbrés des agences.

Chaque demandeur potentiel de crédit a, désormais, ce que les banquiers appellent "une histoire financière" et doit s'efforcer le plus qu'il peut à l'enjoliver s'il veut continuer à bénéficier de la bonne prédisposition des banquiers dans les passes difficiles. Cette "histoire financière", fait partie de l'identité bancaire du commerçant qui a tout intérêt à la soigner, à éviter qu'il y ait la moindre égratignure susceptible de lui "piper" les cartes dans les moments délicats. Et Dieu sait qu'il y a pas plus délicat existentiellement que l'argent.

Dangereux, très dangereux est cependant ce registre des endettés. Il se présente comme une coalition de banques. Pour le moment, elle regroupe Ceska sporitelna (Caisse d'épargne tchèque), Komercni banka (Banque commerciale), GE capital Bank, CSOB (Banque commerciale tchécoslovaque) et HVB Bank qui échangent des informations entre elles. Des contrats sont en préparation avec Citibank, Raiffeisenbank et autres organismes bancaires.

Jusque là, ça va; ce qui risquerait, peut-être, d'être sujet à frictions, c'est l'exploitation et l'interprétation que font les banques de ces informations. Les informations entrant directement dans l'appréciation de l'octroi du crédit ne doivent pas dater de plus d'une année. Le banquier dispose cependant d'informations plus anciennes et peut savoir s'il y a eu auparavant un crédit qui n'a pas été remboursé. Mais les clients ayant des problèmes, en les réglant obtiennent qu'ils cessent de figurer sur le registre des crédits. Le registre renseigne sur le montant du crédit, la part non remboursée, éventuellement les retards dans le remboursement, et, chose ayant sa gravité, la fréquence et les sommes tirées par les cartes de crédit et des comptes bancaires.

Chose curieuse, autant les banquiers se sont accordés à mettre à nu leurs clients mauvais payeurs, autant ils n'ont pas consenti à donner la moindre information sur elles-mêmes. Le banquier saura tout du déficit bancaire de son client, mais rien sur la banque créancière de ce client. Les banquiers se sont eux-mêmes octroyés le pouvoir de définir ce qu'est un mauvais payeur. "Nous considérons mauvais payeurs les clients qui ont été au cours de la dernière année deux ou trois fois en retard de paiement pendant plus de 2 mois. Cela veut dire qu'ils n'ont pas réagi aux rappels. Cette tranche de clients représente généralement 5 à 10% de l'ensemble de la clientèle, soit 70 à 150 000 personnes.

Hormis le registre des crédits il existe également une base des données des non-payeurs, cette fois, des sociétés de vente. Cette base de données est appelée SOLUS, et, à partir de l'année prochaine, une base des données des sociétés de leasing sera mise en place. Les assurances sont en train de préparer les mêmes registres. Il n'est pas possible pour le moment de relier les différents registres, à cause de la loi.

Quel problème posent ces registres sur le plan des libertés individuels, c'est une question qui pourrait bien surgir un jour.

Auteur: Omar Mounir
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