En Tchéquie comme ailleurs, le gibier n'est pas la seule victime deschasseurs
Quarante personnes victimes d'accidents, dont cinq mortels. C'est le bilan moyen en République tchèque d'une saison de chasse. Alors qu'avec l'arrivée de l'automne, les chasseurs se remettent à arpenter forêts et plaine, le quotidien Mlada fronta Dnes a publié, ce mercredi, un long article intitulé « Les chasseurs sont de sorie. Attention ! » Dans un pays abondant en gibier et où la chasse a toujours constitué une activité de tradition, quelle est la situation réelle ?
L'automne venu, et avec lui le temps des premières brumes et de la chute des feuilles, les Tchèques doivent-ils faire une croix sur leur promenade dominicale reposante en forêt ? C'est ce que se demande le journal Mlada fronta Dnes : « Faut-il craindre que les chasseurs vous confondent avec un sanglier ? » Si la question est fortement teintée d'ironisme, elle reflète pourtant une réalité que faits et statistiques confirment. La chasse prend chaque année son tribut de victimes, cinq personnes, en moyenne, y laissent ainsi leur vie en Bohême, Moravie et Silésie. Les chasseurs et leurs rabatteurs ne sont pas les seuls concernés, d'autres utilisateurs de la nature, mais aussi des personnes étrangères au milieu, sont également touchés. Et si certains accidents sont parfois attribuables à la malchance ou à la fatalité, le non-respect des mesures de sécurité, notamment lors des battues, ou encore l'irresponsabilité de certains chasseurs sont deux des facteurs de danger les plus fréquemment rencontrés.
En République tchèque, au contraire de chez le voisin slovaque, aucune loi n'oblige les chasseurs à déclarer à la municipalité la date et le lieu de leurs prochaines battues et parties. Le citadin, peu au courant des dates de la saison de chasse et non informé par les autorités des dangers auxquels ils s'exposent à l'occasion d'une promenade en forêt, peut dès lors, à son insu, se retrouver au milieu des tirs, des balles et du plomb qui volent. Et jusqu'à présent, en cas d'accident, mortel ou non, les tribunaux tchèques n'ont généralement prononcé que des peines d'emprisonnement avec sursis aux chasseurs responsables. S'il convient bien de réguler la population du gibier, et notamment celle du sanglier, trop importante en Tchéquie, pour protéger la nature, les chasseurs ne doivent donc pas oublier non plus de faire preuve parfois d'un peu plus de sens civique pour protéger l'homme également.