Richard Wiesner
Richard Wiesner s'est déjà fait une petite place au soleil dans le monde des arts plastiques. Ce jeune plasticien, né en juin 1976, à Prague, rivé à l'art conceptuel, crée les oeuvres des plus surprenantes, originales et provocantes.
Richard Wiesner est lié à l'art par deux générations. Son grand - père, peintre célèbre, dont il porte le nom, a épousé une Bretonne, qu'il a rencontrée lors de son séjour de fin d'études à Paris. D'où ses liens familiaux avec la France, pays dont il se sent très proche. Evidemment, Richard parle bien le français. Ma grand - mère était une grande patriote. Elle n'oubliait jamais de célébrer la prise de la Bastille. Enfant, je ne savais pas trop pourquoi, mais maintenant je comprends. Je vais très souvent en France car j'y ai de la famille; mon oncle, ma tante, beaucoup d'amis, surtout dans le milieu artistique, dit-il en souriant. Le père de Richard est chorégraphe et metteur en scène. La mère de Richard est femme au foyer et s'est occupée de ses deux fils. Un statut assez inhabituel sous un régime totalitaire.
Richard fait des études secondaires à l'école industrielle. Il est toujours très proche de la scène et du théâtre. Il va de soi, qu'il choisit d'étudier l'Ecole supérieure des arts décoratifs. C'est au cours de la troisième année qu'il cesse de douter et se sent capable de réaliser sa propre idée. A vingt et un an, Richard fait un stage à l'Ecole des arts décoratifs à Strasbourg. Il travaillera avec les professeurs F. Wolfart, P. Lang, V. Skoda. Un an plus tard, le jeune artiste suit un stage à l'Ecole des beaux - arts à Valenciennes, sous les professeurs S. Mass et M. Cvach, dans le cadre du projet ERASMUS.
Fin septembre 2001, le grand couturier français, Pierre Cardin vient à Prague. Richard Wiesner et Martin Kana, également un jeune plasticien au talent prometteur, et étudiant à l'Ecole des beaux - arts, sont invités au dîner, organisé au palais Palfy. Le lendemain du défilé, Pierre Cardin les présente à l'ambassadeur de France. Les deux jeunes gens devraient exposer leurs oeuvres à Paris dans l'Espace Cardin, l'année suivante. Pourtant il n'en sera rien et on ne saura jamais pourquoi. Le dossier que les deux artistes ont présenté à l'ambassade, n'aura pas de suite. Il y a parfois des choses entre ciel et terre qui restent inexplicables à jamais !
Un peu plus tard, Richard Wiesner commence à caresser l'idée d'un stage aux Etats-Unis. Sur le conseil d'un professeur, il envoie son dossier à Parsons' School of design. Celui-ci est examiné par la commission concernée et Richard est invité à participer au stage. Là déjà, il est en contact avec le professeur Lenor Malen de Parsons' School. Malheureusement les événements du 11 novembre 2001 décalent le stage d'une année. L'exposition Mise S 15 (Mission S - 15) a lieu en 2001, et est actuellement présentée à l'Ecole des arts décoratifs. Il s'agit d'une sorte de fiction, d'une mission imaginaire - S 15. R. Wiesner utilise le vêtement des hommes grenouilles, adapté à l'eau et des lunettes avec lentilles prises d'un judas optique : J'ai émergé de la Vltava, me dirigeant par le chemin le plus court dans la chambre isolée, pour neutraliser les valeurs environnantes et m'adapter, nous dit l'artiste créateur.
Le jeune plasticien termine son mémoire et expose encore en janvier 2003. L'exposition les Femmes, a lieu à la galerie Daubner, à Prague. Entre autre, on y retrouve l'image projetée, d'un corps de femme nue. L'image, statique en soi, fait penser aux nus classiques. Le seul mouvement est l'énergie, se dégageant du corps humain sous forme de vapeur. La vapeur que l'on aperçoit, est justement le symbole de cette énergie.
En février 2003, il part enfin pour les Etats-Unis. Richard a plus ou moins une idée en tête sur ce qu'il veut faire, sur le projet qu'il pense réaliser. Mais il change d'idée suite aux événements en Irak. Il trouve que les informations présentées aux Etats-Unis, distordues et fausses, sont très différentes de celles présentées en Europe. Ses émotions et sensations se reflètent naturellement dans son oeuvre. Les créations du jeune artiste prennent une tournure militante et critique. Il les voit sous forme d'une machine, où tout se simplifie et se stylise d'après les événements. Le cerveau gonflé par les informations qui manquent d'objectivité est symbolisé par un casque avec écouteurs où l'on entend la musique de CNN. Dans le casque, vous entendez la musique, rien d'autre que la musique qui vous influence et provoque une agressivité. Vos sensations sont transférées par un microphone sonorisé et vous ne pouvez l'entendre que par son intermédiaire. La musique se répète perpétuellement et vous arrache de la réalité, précise encore Richard Wiesner. Les cinq mois de stage à Parson's School of design se termineront par une exposition.
Parmi les oeuvres déjà nombreuses de R. Wiesner, je citerai encore W 380 V, machine pour la destruction des informations quotidiennes. Les informations arrivent, s'impriment par FAX et de l'autre côté passe dans une machine, se noircissent, sont détruites et disparaissent. Cela représente la fugacité et la crédibilité insuffisante des informations.
L'artiste coopère avec son père sur la scénographie, dont la première, l'opéra Orpheus et Eurydice, pour la Compagnie de Théâtre Morave, à Olomouc (1998).
Richard Wiesner, artiste à la physionomie intéressante, faisant partie de la nouvelle génération de plasticiens, nous réserve encore beaucoup de projets inattendus et d'idées surprenantes. Il est certain qu'il fera encore beaucoup parler de lui.