Les Tchèques et la vie à crédit

Les Tchèques semblent s'être faits aux charmes de la vie à crédit. D'année en année, le nombre des prêts, des crédits ou des hypothèques augmente.

Cette année, le montant des nouveaux crédits contractés par les familles tchèques s'élève à 1 milliard 700 millions d'euros. Le citoyen tchèque s'est vraiment habitué à changer son mode de vie. Au lieu d'économiser et d'acheter après, il préfère acheter, utiliser et payer après, donc vivre à crédit. Phénomène normal dans la société de consommation, diraient les opposants de tous bords à la mondialisation. Pourquoi cette tendance à l'achat à crédit a-t-elle vraiment augmenté, ces dernières années ? Tout simplement parce que les institutions bancaires tchèques ont évolué, se sont formées à l'économie de marché. Avant, elles vivaient de l'investissement des moyens financiers que leur avaient confiés leurs clients. Aujourd'hui, gérer les salaires des clients individuels ne suffit plus. Il faut leur offrir d'autres services, souvent plus lucratifs, surtout pour le banquier. Les taux d'intérêt des prêts, crédits et hypothèques étaient très élevés. En plus de cela, le client devait prouver sa solvabilité : il devait être propriétaire de biens immobiliers ou on lui demandait la garantie d'un tiers. Aujourd'hui, la majorité des institutions bancaires tchèques ne demandent qu'une chose : avoir un compte en banque approvisionné régulièrement, ce qui veut dire un emploi stable. Et encore, même un retraité peut contracter un crédit important. Ce qui intéresse la banque, c'est si vous êtes capable de payer vos traites. En fait, les banques tchèques se sont adaptées pleinement au système courant en Europe ou outre-mer. Elles vous prêtent ce que vous voulez, à condition que vous soyez en mesure de rembourser. En Tchéquie, on remarque quand même une différence et pas des moindres : les taux d'intérêt sont en baisse, depuis des années. Ils sont arrivés au rez-de-chaussée et pas question pour les banques de descendre à la cave. Alors comment attirer plus de clients ?

Jack Stack, directeur général d'une des plus grosses institutions bancaires tchèques, Ceska sporitelna (Caisse d'épargne), est clair : « L'année prochaine sera difficile, tout dépend de notre capacité à vendre plus de crédits. Nous allons être obligés de réfléchir à nos offres, à nos services ». Les autres institutions bancaires tchèques sont du même avis : c'est la fin de l'appât du faible taux d'intérêt. Il faut en trouver un autre. Ceska narodni banka (Banque nationale tchèque) ne cache pas, d'ailleurs, que les taux d'intérêt augmenteront en 2004. Et le client ? Il s'est habitué à acheter à crédit, surtout la jeune génération, et rien n'indique qu'il devrait changer ses habitudes. Intéressant de constater, quand même, que le plus grand nombre de crédits est contracté en Moravie du nord, une région à fort taux de chômage. Pourquoi ? Sous le communisme, les habitants gagnaient bien leur vie, ils étaient habitués à dépenser, dans une région minière et industrielle. Aujourd'hui, les choses ont changé, mais la mentalité est restée... A la grande joie des banques !