Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem studentům češtiny Radia Praha. Pour ce onzième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous allons mettre un point final au cycle de trois émissions consacrées au calendrier et à la recherche de l'origine, l'étymologie des appellations tchèques des mois. Dans notre dernière émission, nous en étions ainsi arrivés au mois d'août - srpen. Pour cette fois-ci, nous concentrerons donc notre attention sur les mois de septembre - září, octobre - říjen, novembre - listopad, et enfin décembre - prosinec. « Le tchèque du bout de la langue », une émission préparée et présentée par Guillaume Narguet, avec Magdalena Segertová pour la prononciation tchèque, et Jarka Fikerlová à la réalisation technique. Bon amusement ! - Dobře se bavte !
Septembre est le neuvième mois de l'année. Toutefois, selon le calendrier des premiers Romains, qui ne comportait alors que dix mois et commençait en mars, septembre représentait le septième mois et c'est pourquoi il fut alors tout simplement appeler « september », appellation adoptée par la majorité des langues européennes, parmi lesquelles des langues slaves comme le slovaque. Notons d'ailleurs à ce propos que la langue slovaque, malgré sa très forte similitude avec celle tchèque, utilise les appellations d'origine romaine pour désigner les mois. La langue tchèque fait exception à cette règle et utilise donc l'appellation září pour désigner septembre. Dans leur conscience collective, les Tchèques relient le nom září au verbe zářit qui, en français, signifie « briller », « rayonner ». C'est ce qu'on pourrait appeler une étymologie populaire, procédé par lequel un mot est rattaché spontanément mais à tort à un autre mot. Car dans le cas présent, la réalité est autre, le sens authentique de září provient de l'expression zaříjen ou encore malý říjen. Or, le mot říjen désigne le mois d'octobre. Malý říjen signifie donc petit octobre. Finalement, on s'aperçoit que les choses ne sont pas aussi compliquées qu'elles peuvent en avoir l'air puisqu'à l'automne, donc en octobre - říjen, les cerfs brament et entrent en rut. Or, bramer et entrer en rut sont deux expressions qui en tchèque se disent říjet. Mais comme les cerfs commencent à entrer en rut à la fin du mois de septembre, ce dernier donne září qui, comme nous venons de l'expliquer, est une contraction de l'expression zaříjen, soit, traduit très littéralement, petit octobre.
Puisque « l'étymologie ne se devine pas, et qu'elle est l'aboutissement de recherches minutieuses », comme aiment à l'affirmer les étymologistes, on peut effectivement constater que ce sont des explications plutôt compliquées qui nous ont amenés aux origines des mois de septembre- září, et octobre - říjen. A l'opposé, novembre - listopad, est sans aucun doute l'une des appellations tchèques des mois les plus simples et pourtant assurément pas la moins imagée. Le mot listopad se divise, en effet, en deux parties bien distinctes. La première, list, signifie feuille en français, tandis que la seconde, pád, veut dire chute. Bref, novembre - listopad, est la période de la chute des feuilles des arbres. Passons donc au douzième et dernier mois de l'année, le mois de décembre - prosinec, dont les origines sont peut-être parmi les plus incertaines, voire obscures, et ce à justre titre comme nous allons le découvrir tout de suite. La théorie la plus probable relie l'appellation prosinec au mot prosvítat qui en français signifie « éclairer », « illuminer ». Et pour cause : dans les Pays tchèques, les journées de décembre sont en effet le plus souvent grises, pâles, voire brumeuses puisque, jusqu'au solstice d'hiver, le 21 ou 22, décembre - prosinec est la période de l'année pendant laquelle les journées sont les plus courtes et le soleil brille le plus faiblement. C'est pourquoi le mot prosinec tirerait son origine du verbe svítit, soit briller en français. Logiquement, en fait, puisqu'à partir du solstice d'hiver, décembre - prosinec, est donc le mois à partir duquel le soleil opět prosvítá, c'est à dire éclaire, illumine de nouveau. Mais ce rapport ne serait pas seulement météorologique, mais aussi religieux, puisque pour les Tchèques, les fêtes de Noël sont les fêtes de la lumière. Mais notre remontée jusqu'à la source ne peut s'arrêter là, car il convient de noter qu'en vieux tchèque, jusqu'à la moitié du XIVe siècle, l'appellation du mois de décembre était listopad, soit aujourd'hui novembre. Or, il est bien diffcile de parler des jours
plus éclairées que nous venons d'évoquer à cette période de l'année. C'est pourquoi une autre étymologie n'est pas à écarter. Celle-ci veut que prosinec - décembre, soit à mettre en rapport avec le verbe prosit, qui en français signifie « prier », « demander ». Cette théorie est également très logique, puisque novembre et décembre sont les mois de l'Avent, période pendant laquelle on exprime des prières, des demandes pour l'arrivée du Messie. Enfin, dernière origine possible : l'appellation prosinec - décembre viendrait de prasinec. Prasinec a été l'appellation de décembre en Bohême, Moravie et en Slovaquie à partir du XVe siècle, et se rapproche du mot prase - cochon. Là-aussi très logiquement, puisque décembre est, encore aujourd'hui, le mois où l'on tue les cochons.
C'est ainsi que nous mettons un point final à ce cycle d'émissions du « Tchèque du bout de la langue » consacrées aux origines, à l'étymologie des mois tchèques et de leurs appellations. En attendant de vous retrouver la semaine prochaine, portez-vous bien - mějte se dobře. Na shledanou - au revoir, salut et à bientôt - zatím ahoj !