L'étymologie des appelations tchèques des mois de l'année

Foto: Štěpánka Budková

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Pour ce premier « Tchèque du bout de la langue » de l'année, nous allons nous intéresser au calendrier, plus précisément revenir sur l'étymologie des appelations tchèques des douze mois de l'année. Pour cette fois-ci, nous allons étudier les origines des six premiers d'entre eux : janvier - leden, février - únor, mars - brezen, avril - duben, mai - květen, et juin - červen. Bon amusement - Dobře se bavte !

Commençons par le premier mois de l'année, janvier - leden. Pourquoi le mois de janvier devient donc leden en tchèque ? En fait, c'est relativement simple : la glace - led, recouvrant la majeure partie des terres des Pays tchèques en janvier - leden, ses habitants ont choisi de donner au mois un nom en rapport à cette réalité naturelle et aux conditions climatiques. La traduction tchèque du mot « glace » donne, en effet, led. Leden signifie donc que les Tchèques considèrent le mois de janvier comme le mois polaire, le mois le plus froid de l'année. A noter qu'il en est de même pour d'autres langues slaves, comme, par exemple, le polonais ou le croate.

Concernant le deuxième mois de l'année, février - únor, mentionnons qu'il est, d'un point de vue climatologique, le dernier mois de l'hiver. L'origine de l'appelation tchèque de février - únor, se trouve dans le mot ponořit qui, en français signifie « plonger ». Peut-être un peu curieusement, les Tchèques considèrent que, lors du dégel, la glace - led, se fendille tout d'abord avant de plonger dans l'eau. Toujours en partant de cette origine, Karel Jaromír Erben, un célèbre poète-écrivain tchèque de la seconde moitié du XIXe siècle, qualifiait donc le mois de février - únor, de « mouillé », « humide » et « aqueux », puisque, à cette période de l'année, la glace et la neige, en fondant, inondent, plongent - ponořit, les plaines tchèques.

L'appelation tchèque du mois de mars - březen, évoque, quant à elle, la période de l'année quand les bouleaux - břízy, fleurissent. De la racine du mot bříza, qui désigne donc le bouleau, on en est donc arrivé à březen. Mais certains linguistes défendent la théorie, intéressante, selon laquelle l'appelation březen - mars, serait plutôt à rapprocher du mot tchèque březí, l'équivalent de l'adjectif français « pleine », dans le sens où une femelle est en gestation. Pour bien comprendre, il faut remonter dans le temps, jusqu'au calendrier des anciens Romains qui, à l'origine, ne comportait que dix mois dans l'année. Ce calendrier commençait alors en mars - březen, pour se finir en décembre - prosinec. Et pour cause : pour les Romains, le mois de mars - březen, avec l'arrivée du printemps - jaro, en même temps que l'équinoxe de printemps, le 21 mars, représentait le retour à la vie, comme une nouvelle naissance. Enfin, le mois de mars - březen, est aussi le mois des premiers travaux des champs et du nettoyage printanier dans les vergers, à la vigne et dans les potagers.

Pour ce qui est du mois d'avril - duben, la relation est beaucoup plus explicite. Duben tire son origine du mot dub, qui en français signifie « chêne ». Le mois d'avril - duben, est, donc, tout simplement le mois de la floraison du chêne - dub.

Après le mois d'avril - duben, nous arrivons au mois le plus poétique de l'année, le mois des amoureux, le mois où tout fleurit, le mois de mai - květen. Comme pour duben - avril, l'origine de květen - mai, vient du mot « kvést» qui, en français, signifie « fleurir ». Mais cette appellation est relativement récente puisqu'elle ne remonte qu'au tout début du XIXe siècle. « Květen» est inventé et employé pour la première fois, en 1805, par Josef Jungmann, un des linguistes artisans de la modernisation de la langue tchèque, dans sa traduction du roman de Chateaubriand intitulé « Atala ou les amours de deux sauvages dans le désert ». Avant cela, le mois de mai donnait en tchèque « máj». Cette appellation provenait du latin « maius ». Encore aujourd'hui, même si elle n'est plus courante, l'appellation « máj» reste employée. Par exemple, le 1er mai n'existe en tchèque que comme « 1. máj».

Photo: Böhringer Friedrich,  Creative Commons 2.5
Enfin, le mois de juin - červen. Concernant celui-ci, il existe plusieurs théories sur l'origine de son nom. La plus probable veut qu'elle soit à rapprocher du mot « červ» qui en français signifie « ver », le petit animal allongé au corps cylindrique et mou, dépourvu de pattes. Il s'agit là des vers - červi, qui, en juin - červen, endommagent arbres et fleurs. Autrefois, ces vers - červi, étaient également utilisés pour teindre la laine. Une autre théorie sur l'origine de červen - juin, rapproche celle-ci du mot « červenání» qui en français signifie « rougissement ». Il s'agirait alors du rougissement - červenání, des fraises, notamment, et d'autres fruits de cette période de l'année. Enfin, dernière hypothèse, l'appellation červen - juin, pourrait provenir de la couleur rouge, de la rougeur - červeň, de la rose dite simple ou d'églantier.

C'est donc avec le mois de juin - červen, que se termine ce « Tchèque du bout de la langue » consacré à l'étymologie des appelations tchèques des mois. L'origine du mois de juin - červen, nous permettra d'ailleurs, lors de notre prochaine émission, de faire la liaison avec le mois qui s'ensuit, juillet - červenec, l'étymologie de ces deux mois étant liée, comme nous l'indique la racine des deux appelations. D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !,portez le soleil en vous - slunce v duši, bonne et heureuse nouvelle année - Šťastný Nový rok, salut et à bientôt - zatím ahoj !