Le ministre irakien de la Culture en visite en République tchèque

Le ministre irakien de la Culture, Mufid Jazairi

Le ministre irakien de la Culture, Mufid Jazairi, se trouvait ces derniers jours en visite en République tchèque. Un pays où il a passé plusieurs années de sa vie, notamment en tant que rédacteur des émissions en langue arabe de Radio Prague. Interviewé par le reporter de la Radio tchèque Pavla Jazairi, il parle d'abord de l'état des travaux sur la nouvelle constitution de l'Irak et du passage du pouvoir aux Irakiens par l'administration civile américaine:

"D'ici à fin février, il faut terminer le texte de la Constitution provisoire que nous appelons la loi sur la gestion de l'Etat. La Constitution fait partie d'une série de mesures qui doivent culminer par le passage du pouvoir aux mains de la partie irakienne, le 1er juillet prochain. Ainsi seront accomplis les accords passés le 15 novembre dernier. La nouvelle étape qui commencera après le 1er juillet prévoit la réalisation du recensement de la population, la préparation de la loi sur les élections et du texte de la Constitution définitive qui sera adoptée, en 2005, par le nouveau parlement, le premier élu démocratiquement."

Quels sont les principaux problèmes rencontrés aujourd'hui par la population irakienne?

"Ce sont les problèmes de la vie de tous les jours. Comment gagner sa vie ? Plus des deux tiers de la population sont sans travail, la situation est vraiment grave, mais les gens sont patients. Ils se rendent compte que sous le régime de Saddam Hussein, la vie était insupportable, alors que maintenant ils se sont débarrassés de la dictature et du cauchemar du régime totalitaire, et, malgré les problèmes, de nouvelles possibilités pointent à l'horizon."

Le problème de la violence existe-t-il en Irak ?

"Ceux qui sont contre le processus démocratique, les partisans du régime dictatorial tombé, ont recours à la violence. Certains actes sont commis par des extrémistes venant de l'extérieur, puisque les frontières de l'Irak sont ouvertes, l'armée a été dissoute par l'administration américaine, y compris les gardes des frontières, et les éléments les plus divers, y compris des fanatiques, peuvent s'infiltrer en Irak. Les Irakiens, quant à eux, n'ont pas l'extrémisme ancré dans leur caractère. L'Irak est un pays pluraliste sur les plans religieux, ethnique et politique, pour cette raison il est resté uni des siècles durant."

Quelles sont vos tâches les plus difficiles en tant que ministre de la Culture?

"Elles sont innombrables, la culture est dévastée comme tous les autres domaines de la vie. Tout est détruit, il faut recommencer à zéro. Difficile de dire par quoi il faut commencer, ce qui est le plus urgent, tout est à refaire. Je suis convaincu que l'Irak a une grande force intérieure, grâce notamment à ses intellectuels, mais il a aussi besoin d'une aide de l'étranger. L'Irak a toujours été un pays riche, mais son bilan actuel est tragique, conséquemment à la dictature de longues années, à plus de 12 ans de sanctions économiques, de la dernière guerre. Nous devons mobiliser nos forces intérieures et celles de nos amis et tous ceux qui sont pour la démocratie et le développement de la culture."