L'éternel provocateur... C'est ainsi que l'hebdomadaire tchèque Reflex caractérise le peintre surréaliste Salvador Dali. Pour célébrer le centenaire de la naissance de l'artiste, le 11 mai, le propriétaire slovaque d'une galerie pragoise, Miro Smolak, a imaginé un projet plus qu'ambitieux, qui rentre parfaitement dans le style provocateur de Dali : la construction, à Prague, par le fameux architecte américain Daniel Libeskind, d'un Musée Dali.
Daniel Libeskind, photo: CTK
L'architecte a présenté la maquette ce mercredi, à Prague. C'est au bord de la Vltava, au bout de la rue Revolucni, qu'il souhaite arrimer le bâtiment. Construction moderne, deux structures s'articulent dans une superposition de sept niveaux. Outre l'exposition permanente de centaines d'Åuvres de Dali, le musée se veut un véritable carrefour culturel. Expositions temporaires, salle de concert, locaux mis à la disposition d'artistes et un restaurant flotteraient autour. Si le musée venait bien à ouvrir ses portes en 2007, Prague gagnerait 2 millions de touristes, assure Miro Smolak. La mairie de Prague l'applaudit. Les coûts de construction, estimés à 700 millions de couronnes (plus de 20 millions d'euros), seraient principalement financés par le mécénat étranger. Mais les investissements semblent tarder... Et sur les pages des quotidiens fourmillent des réactions plutôt sceptiques d'architectes, historiens et plasticiens tchèques... Pourquoi, en fait, un Musée Dali à Prague, alors que le peintre n'entretenait aucun rapport avec la Bohême ? Pourquoi tant de publicité autour d'un projet aussi idéaliste ? Il relèverait, en effet, d'un miracle si les sponsors étaient aussi généreux et si Smolak réussissait à acheter, pour le musée, les oeuvres de qualité de Dali à des prix inabordables. Enfin, pourquoi ne pas plutôt construire, avec presque un milliard de couronnes, par exemple, un hôpital ? La direction de la Galerie nationale, qui partage ces doutes, a envoyé une lettre de protestation au maire de Prague. Affaire à suivre...
