La fêlure du papillon : et qui n'est pas schizophrène, dans le monde d'aujourd'hui ?
Serge Ambert, danseur et chorégraphe français, anime, depuis trois ans, des ateliers et monte des projets chorégraphiques à Prague... Betka Majova, est une jeune diplômée du Duncan Center de Prague qui a travaillé avec Claude Brumachon ou les frères Forman. Elle a dansé dans "Voyage avec elle", un spectacle créé par Serge Ambert pour huit danseuses tchèques. Slava Sobotovicova est une plasticienne slovaque... Ces trois artistes se sont réunis autour du spectacle La fêlure du papillon. C'est une création itinérante, montée au fil de l'année 2004, en France, et présentée, dans sa forme crue, à Montpellier, Marseille, Mulhouse, ou encore à l'Abbaye de Corbigny. Sa première aura lieu, les 15 et 16 novembre au théâtre Ponec, à Prague. La fêlure du papillon met en scène un homme, une femme, un moniteur vidéo et un thème complexe, traité avec poésie et sensibilité : celui de la schizophrénie, de la dualité de l'âme humaine.
Serge Ambert : "Au départ, il y avait une envie de parler de la perception à l'extérieur, qui est passablement déformée dans les phénomènes schizoïdes. La deuxième chose, c'était l'envie de parler des duels intérieurs, de la dualité. Ensuite, il y a eu trois rencontres artistiques qui m'ont marqué : d'abord celle avec le photographe Raymond Depardon qui a effectué plusieurs reportages photographiques et même un film dans l'asile psychiatrique de San Clemente, en Italie, qui est 'ouvert', où les patients ont aussi une vie en dehors de leur pathologie, participent au Carnaval de Venise, par exemple... La lecture du Journal de Nijinski m'a aussi influencé, c'est la schizophrénie vue de l'intérieur... Enfin, j'ai été marqué par le roman 'Spider' de l'écrivain anglais Patrick McGrath : il raconte l'histoire d'un homme schizophrène qui essaie de retisser les fils de son passée pour se retrouver."
Pourquoi avez-vous choisi comme partenaires une femme et l'image vidéo ?
"La femme était importante par rapport à mon personnage masculin, puisque j'avais envie de parler de l'opposition, de la dualité. L'image vidéo évoque l'omniprésence de l'image dans notre société. C'est un des symptômes de la schizophrénie, cette sensation d'avoir les pensées contrôlées, d'être surveillé... L'idée de caméra de surveillance est aussi omniprésente dans notre société un peu schizophrène. La vidéo est un outil qu'on utilise de plus en plus souvent dans les spectacles vivants, mais dans ce cas-là, l'image m'a paru incontournable. Cette image sera retranscrite sur un objet qui est le moniteur vidéo et qui a sa place dans la scénographie de la pièce."