Un divertissement baroque au festival Opéra 2005

0:00
/
0:00

Tracollo e Livietta, tel est le titre de l'opéra bouffe de Jean-Baptiste Pergolèse, qui a été au programme, ce samedi, au théâtre Kolowrat à Prague, du festival Opera 2005.

Cette fois-ci, le festival nous a fait découvrir une oeuvre pratiquement inconnue. Le sujet de cet opéra est simple : nous sommes témoins des rapports difficiles entre les amants Tracollo et Livietta qui cherchent à se tromper mutuellement, tendent des pièges l'un à l'autre, se déguisent pour cacher leur supercherie, et se disputent violemment pour parvenir à la fin à une douce réconciliation.

Le metteur en scène de cette bouffonnerie, Josef Prudek, m'a dit: "Pergolesi a composé cette oeuvre comme un intermède comique qu'on présentait à l'entracte. C'était donc une espèce de sketch qu'on jouait devant le rideau. De nos jours, il se peut qu'on le présente parfois en version concert, mais je n'ai aucune information sur une représentation de cette oeuvre dans un théâtre. Je l'ai mise en scène pour le théâtre Orfeo de Brno dont les possibilités financières étaient très limitées, parce que ce n'est pas un ensemble subventionné. Par conséquent, les possibilités de mise en scène étaient limitées, elles aussi. Nous avons donc insisté d'autant plus sur l'aspect comique de l'opéra tout en cherchant à obtenir l'effet comique par des moyens simples. On a adopté le style simple de la commedia dell'arte."

Un énorme panier à linge est le seul décor de ce spectacle. Quatre comédiens seulement évoluent sur la scène : deux chanteurs protagonistes, Tracollo et Livieta, campés avec bonheur par Oldrich Kriz et Martina Bauerova, et deux comédiens muets, Veronika Krizova et Jan Kriz, dont le seul moyen d'expression est la pantomime. Ils jouent non seulement les rôles d'amis et de complices de Tracollo et Livietta, mais, si nécessaire, ils remplacent aussi les décors qui manquent dans le spectacle. Le panier à linge devient tour à tour une maison, une cachette, un fauteuil, un lit etc. Un morceau de toile blanche figure tantôt un rideau, tantôt un bateau, tantôt les vagues d'une rivière. L'opéra est chanté en italien, mais l'action scénique est tellement expressive que le public n'a pas besoin de traduction.

"Le public réagit très bien, dit Josef Prudek, qu'il s'agisse du public tchèque ou autrichien. Le style de cette comédie est compréhensible même si les spectateurs ne comprennent pas le dialogue qui est remplacé par l'aspect comique du spectacle. (...) J'aimerais bien mettre en scène des opéras anciens du XVIIIe siècle. La musique ancienne, qui doit respecter un certain ordre et un certain style, m'est très proche. Malheureusement, dans les programmes des théâtres actuels on ne trouve que rarement des opéras nouveaux et des opéras anciens qui ne font pas partie du répertoire courant. Les théâtres cherchent à attirer le public, se battent pour chaque spectateur et se méfient, un peu, de telles oeuvres."