Controverses autour de la statue du second président tchécoslovaque

La statue d'Edvard Benes, photo: CTK
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Edvard Benes, le second président de la Tchécoslovaquie indépendante, possède, depuis ce lundi, sa statue, dans le quartier du Château de Prague, sur la place du palais Cernin qui abrite le ministère des Affaires étrangères. Une statue qui suscite les débats.

La statue d'Edvard Benes,  photo: CTK
Des statues de présidents de la République, il y en a peu et il n'y en a pas eu beaucoup à Prague. Est-ce que les Tchèques n'aimeraient pas leurs présidents ? Non, le plus vénéré, le fondateur de l'Etat indépendant des Tchèques et des Slovaques, Tomas Garrigue Masaryk, avait sa statue avant la prise du pouvoir par les communistes, en 1948. Il la possède de nouveau, après la renaissance de la démocratie et l'instauration de la République tchèque, en 1993. Le premier président ouvrier, Klement Gottwald avait aussi sa statue, reléguée au passé après la Révolution de velours et la chute du communisme. La statue d'un autre président communiste, Antonin Zapotocky, dominait du haut de son socle, la place du même nom, en face du bâtiment des syndicats. Il a été remplacé par Winston Churchill, tout comme le nom de la place.

Grâce à l'initiative de l'Association des amis d'Edvard Benes, Prague possède, depuis ce lundi, la statue d'un autre président tchécoslovaque, le « mal-aimé », le deuxième président de l'Etat tchécoslovaque, Edvard Benes. Pour certains, un homme qui a beaucoup oeuvré pour le bien de l'Etat, pour d'autres un président qui l'a conduit à sa perte. Les historiens relèvent qu'Edvard Benes a été un fin diplomate, il a également été l'un des artisans de la naissance de la Tchécoslovaquie indépendante, après la Première Guerre mondiale, en 1918, aux côtés du premier président tchécoslovaque, Masaryk, justement. Les mêmes historiens relèvent, pourtant, que le président Benes a été confronté à une période des plus sombres de l'histoire de l'humanité, la Seconde Guerre mondiale. Il était président quand le honteux Diktat de Munich a été signé, il a été contraint à l'exil, lors de l'instauration par Hitler du Protectorat de Bohême-Moravie. Il était le chef de l'Etat tchécoslovaque restauré après la guerre, lors du transfert des Allemands des Sudètes et de l'entrée en vigueur des Décrets qui portent son nom, toujours très controversés par certains milieux des pays germaniques voisins,. Benes était aussi le président de la République qui a permis, d'une certaine manière, l'accès au pouvoir des communistes, en 1948, donc aussi les plus de quarante années d'un régime totalitaire en Tchécoslovaquie.

Le président Edvard Benes
Un président « mal-aimé », mais respecté pour avoir conduit le pays dans des moments difficiles, controversé mais un acteur de l'histoire de la Tchécoslovaquie, de la Tchéquie contemporaine donc, ce que le Premier ministre, Jiri Paroubek, le président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, ou le chef du Parti civique démocrate, opposition de droite, Mirek Topolanek, voulaient certainement reconnaître par leur présence lors de la cérémonie d'inauguration de la statue d'Edvard Benes. En face de la statue, sur un bâtiment voisin, l'épouse de l'actuel président de la République, Livia Klausova, dévoilait, quelques instants plus tard, une plaque commémorative indiquant que dans cette maison avait vécu l'épouse du second président tchécoslovaque, Anna Benesova.