Slovaquie - Babiš à la Maison Blanche - Exode des médecins - prostitution

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Cette nouvelle revue de presse propose d’abord un regard sur la Slovaquie, un an après l’assassinat du journaliste Ján Kuciak et de sa compagne. Nous évoquerons ensuite la prochaine rencontre entre le Premier ministre Andrej Babiš et le président américain Donald Trump. Au menu de cette revue de presse également : une initiative en faveur d’une législation sur la prostitution, l’exode des médecins tchèques vers l’étranger et l’indifférence des Tchèques à l’égard du projet européen.

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Ce jeudi, c’était le premier anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation slovaque Ján Kuciak et de sa fiancée Martina Kušnírová. L’hebdomadaire Respekt a évoqué cet événement tragique pour se pencher notamment sur l’évolution que la Slovaquie a subie depuis :

« L’assassinat de ces deux jeunes personnes a de quoi choquer même au bout d’un an. Son absurdité dépasse tout ce que l’on pourrait imaginer. En même temps, cet acte a dévoilé des liens entre la politique, la mafia, les services de renseignement, la police et la justice, rarement vus dans les pays membres de l’Union européenne. Quand on regarde la situation dans ce pays voisin et proche, on peut avoir l’impression de suivre un mauvais thriller dans lequel on voit se succéder des figures bizarres, acteurs de renversements imprévisibles. Le problème c’est qu’il ne s’agit pas d’un thriller, mais de la réalité ».

L’auteur de l’article dans le magazine Respekt note pourtant des signes d’espoir. Il raconte que la société slovaque s’est réveillée comme jamais auparavant. Les médias slovaques quant à eux font un travail admirable pour cultiver l’héritage de Ján Kuciak et pour faire en sorte que son cas ne tombe pas dans l’oubli, alors que l’enquête n’est pas encore achevée. De même, il note l’émergence de nouveaux projets et d’une nouvelle génération de politiciens qui ne sont pas éclaboussés par des scandales, et qui s’imposent dans la politique locale. Et il conclut :

« Confronté à un immense pouvoir qui envahit l’ensemble du système, cet espoir dépend du grand public qui aura le dernier mot. Impossible de deviner comment il se comportera. La pire issue serait la résignation... En mars prochain, l’élection présidentielle slovaque aura valeur de test. »

En attendant la rencontre Andrej Babiš – Donald Trump

Il existe plus d’une raison de saluer la rencontre entre le Premier ministre tchèque Andrej Babiš et le président américain Donald Trump, prévue pour ce 7 mars. C’est ce qu’estime l’auteur d’une note publiée dans le quotidien Hospodářské noviny :

« Donald Trump n’est pas un président facile et Andrej Babiš, en tant que chef de gouvernement, ne l’est pas non plus. Mais, élus tous les deux démocratiquement, ils se trouvent à la tête des pouvoirs exécutifs de leurs pays. Le prochain accueil du Premier ministre tchèque par le président américain à la Maison Blanche est donc une bonne nouvelle, car il confirmera la principale orientation de politique étrangère de la République tchèque, ainsi que son ancrage sécuritaire. Ceci au moment où le gouvernement de Babiš s’appuie sur la tolérence des députés communistes qui défendent une politique ‘tous azimuts’, une façon de dissimuler leur position négative à l’égard des structures occidentales et, en particulier, de l’OTAN. »

Andrej Babiš se rendra à la Maison Blanche au nom de la République tchèque et Donald Trump le recevra comme chef des Etats-Unis. « Or, le Premier ministre tchèque mettra en place un lien qui persistera même lorsqu’ils auront quittés, l’un et l’autre, leurs fonctions », conclut l’auteur du texte dans Hospodářské noviny.

Les Pirates pour une législation sur la prostitution

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Le parti Pirate veut ouvrir le débat sur le régime de la prostitution. Sa récente initiative est soutenue par l’association à but non lucratif Plaisir sans risque (Rozkoš bez rizika) qui s’occupe des personnes qui offrent des services sexuels. Une note mise en ligne sur le site aktualne.cz a à ce propos précisé :

« Avant de proposer une loi sur la prostitution, les Pirates entendent imposer l’annulation de la participation tchèque à la convention internationale de l’an 1950 signée par l’ancienne Tchécoslovaquie et stipulant que la prostitution n’existe pas. Il s’agit d’une démarche logique car tant que cette convention demeure valable, un Etat signataire ne peut que faire semblant que, officiellement parlant, la prostitution n’existe pas. Et c’est inacceptable tant du point de vue de la société que sur le plan de la dignitié humaine.»

La pratique consistant à « soigner législativement » tout aspect de la vie et du comportement est souvent, et pour cause, critiquée. Mais de l’avis de l’auteur de cette note, la tentative de réguler la prostitution a sa raison d’être :

« La première ambition de cette nouvelle disposition sera de garantir les droits et le respect aux personnes qui se prostituent, pas d’interdire la prostitution. Elle voudra aussi lutter contre le crime organisé et l’exploitation tout comme donner un meilleur visage aux villes et aux communes dans des régions limotrophes, notamment à l’ouest et dans le sud du pays, qui sont particulièrement touchées par ce phénomène. Elle permettra également d’augmenter les revenus du budget de l’Etat par le biais de l’imposition de la prostitution. Tout en étant évalué à un milliard de couronnes par an, cet apport supposé ne constitue pas pour autant la principale motivation de la démarche envisagée par les Pirates ».

L’exode des médecins tchèques vers l’étranger continue

Le ministre de la Santé publique Adam Vojtěch veut motiver financièrement les médecins tchèques pour qu’ils restent pendant 3 à 4 ans après la fin de leurs études en Tchéquie. Selon les données recueillies en 2016, un diplômé en médecine sur cinq quitte la Tchéquie pour un pays de l’Union européenne, cette tendance concernant également les médecins chevronnés. La Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Autriche ont été jusqu’ici les pays les plus sollicités. Les départs des médecins locaux ‘à l’Ouest’ ont pour conséquence logique l’accueil en Tchéquie de spécialistes slovaques, ukrainiens et russes. Un article publié sur le site info.cz a situé cette initiative ministérielle « révolutionnaire » dans un plus large contexte : « L’exode des médecins tchèques montre que même au bout de quinze ans après l’entrée du pays dans l’Union européenne, les conditions salariales en Tchéquie ne peuvent pas égaler celles des pays membres riches. Ils mettent en outre en relief l’ambiguïté des ‘avantages’ de la circulation libre de la main d’oeuvre dans le cadre de l’UE. Il est évident que les efforts en vue d’empêcher une personne de travailler dans un autre partie de l’UE sont en contradiction avec cette idée. D’un autre côté, les efforts visant à maintenir les médecins tchèques dans leur pays d’origine, non pas à la base d’interdictions mais à la base d’offres économiques locales, sont compréhensibles et justifiés. »

L’UE : l’indifférence ou le scepticisme ?

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Les Tchèques ne sont pas eurosceptiques. Force est tout simplement de constater que de l’Union européenne, les Tchèques se foutent complètement. C’est du moins ce qu’estime l’auteur d’un texte publié dans l’hebdomadaire Ekonom selon lequel, à près de trois mois des élections au Parlement européen, les Tchèques ne semblent nullement préoccupés par cet événement. Rappelant qu’aux dernières élections d’il y a quatre ans, le taux de participation variait en Tchéquie autour de 18%, un score plus faible ayant été enregistré seulement en Slovaquie, il explique :

« Cette indifférence peut paraître assez étrange, notamment lorsqu’on suit les débats sur les réseaux sociaux qui donneraient à croire que les Tchéquie est divisée en deux camps inconciliables entre les partisans du czexit et, d’un autre côté, ceux de l’Union. Il semblerait que les deux groupes soient prêts à se battre et à verser du sang sur les barricades. Mais si tel était le cas, les deux groupes seraient très motivés à aller aux urnes pour défendre leur cause. On a vu cependant que tel n’a pas été précédemment le cas et on peut estimer que ce scénario va se reproduire. Le fait qu’à peine une personne sur cinq ait voté prouve bien que le projet européen n’intéresse qu’un cinquième de la population. Or, ce qui apparaît comme une bataille acharnée pour l’identité ne constitue en fait que des chamailleries sur les réseaux qui ne touchent pas la majorité de la société tchèque. »

D’après ce qu’observe le commentateur, l’absence de loyauté à l’égard du projet européen commun signifie, par exemple, que les gens ne réagissent pas aux appels à la solidarité, concernant notamment la migration. Cela signifie aussi que le prétendu euroscepticisme tchèque n’est autre chose que l’indifférence. De ce fait, une puissante déflagration « anti-UE » n’est pas à attendre en Tchéquie.