Prague se plie en quatre pour accueillir Paul Ryan
C’est le troisième plus haut représentant politique des Etats-Unis. Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, était depuis le weekend-end dernier en visite privée en République tchèque. Le républicain, qui n’a pas manqué une occasion de pointer du doigt le danger que représenterait selon lui la Russie, a pourtant été reçu presque à l’égal d’un chef d’Etat.
Il faut dire qu’après la chute du régime communiste, la République tchèque a beaucoup misé sur l’adhésion à l’OTAN et sur l’alliance avec les Etats-Unis ; en 2003, l’ancien président Václav Havel avait même été jusqu’à soutenir la guerre en Irak voulue par Washington. La dernière visite officielle d’un représentant américain remonte à 2010, avec la venue de Barack Obama. Dans ce contexte, le séjour de Paul Ryan représente forcément un petit événement. Devant les députés tchèques, le républicain, proche de l’aile droite de son parti, s’est voulu rassurant sur la force de cette alliance, en désignant très clairement un adversaire commun, que serait selon lui la Russie :
« Le peuple tchèque est bien conscient de l’influence russe, qu’elle prenne la forme de l’oppression ou bien de la subvertion. La Russie viole les normes internationales avec son agression contre nos plus proches alliées en Europe de l’Est. De façon plus furtive, elle répand de la désinformation et s’engage dans des cyberattaques. Elle s’est mêlée aux élections démocratiques en Europe, comme elle l’a fait aux Etats-Unis. La Russie ne partage pas nos intérêts ou nos valeurs. »Un discours très offensif donc, au cours duquel Paul Ryan, connu pour ne pas être un chaud partisan de Donald Trump, a également salué la décision prise par les deux pays d’expulser des diplomates russes en réaction à l’affaire Skripal. En Tchéquie, le républicain a également insisté pour que le hacker russe Evguéni Nikouline, que Washington accuse d’être impliqué dans des attaques informatiques visant à manipuler la présidentielle de 2016, soit extradé vers les Etats-Unis. Une ligne politique qui explique peut-être que Paul Ryan n’ait pas été reçu au château de Prague par le chef de l’Etat Miloš Zeman, dont les sympathies pour M. Poutine sont connues, alors que, selon différents médias, il était partant pour une telle entrevue.
La visite de M. Ryan s’inscrit par ailleurs dans le contexte des célébrations du 100e anniversaire de l’indépendance de la Tchécoslovaquie et c’est cet événement qui a largement été souligné durant son programme. C’est le point sur lequel a insisté dans son discours d’accueil Radek Vondráček, le président de la Chambre des députés :
« Les destins de nos pays sont intimement liés. Cette année, nous célébrons et nous commémorons le centenaire de notre Etat moderne et indépendant. Un événement historique auquel a pris une part essentielle le pays de notre invité, les Etats-Unis d’Amérique. Quand Woodrow Wilson, à l’automne 1918, a refusé le manifeste de l’Empereur autrichien Charles Ier et a dit qu’il ne parlerait pas de la fédéralisation de l’Empire, mais seulement avec les représentants de l’Etat indépendant tchécoslovaque, il a ainsi reconnu la déclaration d’indépendance de Washington et légitimé Tomáš Masaryk et les siens comme représentants légaux du nouvel Etat naissant. »Paul Ryan a lui-même fait référence à cet événement originel, avant de conclure son discours, dans un style très nord-américain, sur un engagement :
« L’Amérique a été avec vous pour les cent premières années. Nous serons avec vous pour les cent années à venir. Nous serons toujours avec vous, et même bien plus. Que Dieu vous bénisse et merci de m’avoir invité auprès de vous aujourd’hui ! »
Rendez-vous est donc pris à dans cent ans pour vérifier la solidité de la promesse de Paul Ryan.