Affaires étrangères : pour la République tchèque, les sanctions contre la Russie sont justifiées

Lubomír Metnar, ministre de la défense, Jan Hamáček, ministre des Affaires étrangères, Andrej Babiš, Miloš Zeman et Radek Vondráček, photo: Kateřina Šulová/ČTK

Les plus hauts représentants de l’Etat tchèque, à l’exception du président du Sénat en visite en France, étaient réunis au Château de Prague, mercredi, pour accorder leurs violons en matière d’affaires étrangères. Sanctions contre la Russie, migration, relations avec Israël, Brexit ou encore OTAN ont figuré au programme de la première réunion de ce type depuis la nomination du nouveau gouvernement en juin dernier.

Lubomír Metnar,  ministre de la défense,  Jan Hamáček,  ministre des Affaires étrangères,  Andrej Babiš,  Miloš Zeman et Radek Vondráček,  photo: Kateřina Šulová/ČTK
Cette réunion, initiée par le président de la République, Miloš Zeman, a abouti à la publication d’une déclaration commune dans laquelle il est notamment mentionné que si ses signataires s’accordent sur le fait que les sanctions de l’Union européenne (UE) à l’encontre la Russie en réaction à la crise en Ukraine ont toujours bien lieu d’être, ils affirment aussi que la République tchèque souhaite que le Conseil européen, qui a pourtant décidé de leur prorogation de six mois en juillet dernier, en débatte de nouveau « de manière complexe, […] y compris en analysant l’efficacité économique et politique des sanctions dans la continuité de la procédure de leur prolongation ».

Si le contenu de cette déclaration sur ce point précis surprend quelque peu, c’est parce que le président Zeman compte parmi les responsables politiques européens qui militent le plus pour la suppression de ces sanctions depuis leur instauration en 2014. Président de la Chambre des députés et proche collaborateur au sein du mouvement ANO du Premier ministre Andrej Babiš, Radek Vondráček assure cependant que ce n’est pas à cette fin que le chef de l’Etat avait convoqué cette réunion à l’issue de laquelle il a été le seul à s’exprimer devant les médias :

Radek Vondráček,  photo: Roman Vondrouš/ČTK
« Nous n’avons pas parlé une seule fois d’une quelconque volonté de supprimer ces sanctions. Le président a bien insisté sur le fait que ce n’était pas son intention. Ce qu’il souhaite, c’est qu’une discussion sur ces sanctions soit menée, mais il ne se présente pas en défenseur de leur abrogation. C’est une grande différence. »

Outre donc le président de la République, le Premier ministre et le président de la Chambre des députés, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense ont eux aussi participé à cette réunion longue de près de deux heures. Tous se sont entendus, si besoin encore en était, sur le refus par la République tchèque d’une répartition contraignante des migrants entre pays membres de l’UE et sur la nécessité d’aider les pays d’origine des migrants.

L’économie tchèque, très ouverte, étant grandement dépendante de ses exportations notamment sur le marché européen, une attention particulière a été portée également aux conséquences du Brexit et des tensions commerciales actuelles entre les Etats-Unis, la Chine et l’UE. Sur ces différents points, Prague a souligné son attachement au libéralisme économique et la nécessité de respecter l’autorité de l’Organisation internationale du commerce.

Enfin, les relations traditionnellement privilégiés qu’entretient la République tchèque avec Israël ont elles aussi été évoquées. Au printemps dernier, sur une initiative essentiellement de Miloš Zeman, le débat relatif à un éventuel transfert de l’ambassade tchèque à Jérusalem avait notamment été relancé (cf.: https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/70e-anniversaire-disrael-le-chateau-de-prague-met-les-petits-plats-dans-les-grands). Depuis, le soufflé est quelque peu retombé, même si l’idée n’a pas été abandonnée, comme l’a confirmé Radek Vondráček :

« Nous n’avons pas évoqué de date ni de plan concret. Mais notre gouvernement a la volonté de poursuivre le partenariat stratégique et les excellentes relations que nous entretenons sur la durée avec Israël. L’ouverture d’un centre culturel et d’un consulat honoraire à Jérusalem entrent dans ce cadre. C’est pour nous un moyen concret d’exprimer notre sympathie pour Israël. Pour le reste, il est bien stipulé dans notre déclaration que tout doit se régler dans le respect du droit international et des résolutions déjà existantes. »

Nul doute toutefois qu’il sera de nouveau question de ce transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem lors de la visite de Miloš Zeman en Israël en novembre prochain, un mois durant lequel le président tchèque se rendra également en Chine.