V4/UE : le ministre des Affaires étrangères tchèque prône la recherche d’un consensus
Jeudi, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire, Martin Stropnický, a accueilli à Prague, son homologue hongrois Péter Szijjártó, alors que la Hongrie assure actuellement la présidence du groupe de Visegrád (République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie). Lors de cette première rencontre bilatérale depuis sa prise de fonction, le chef de la diplomatie tchèque a insisté sur la nécessité, pour ces pays d’Europe centrale, de venir avec des solutions concrètes, plutôt que de rejeter automatiquement tout ce qui vient de Bruxelles.
C’est pourquoi les déclarations du ministre des Affaires étrangères tchèque, certes adressées à son homologue hongrois, pourraient être comprises comme un timide message destiné aux autres Etats-membres de l’Union européenne, un peu dans la veine du Premier ministre Andrej Babiš, à Bruxelles en début de semaine : rester droit dans ses bottes sur les questions qui fâchent, tout en courtisant Bruxelles avec un discours appelant au compromis. Martin Stropnický :
« Si être un fauteur de troubles signifie assumer ses opinions, les expliquer sans pour autant obtenir en face un accueil favorable, alors il se peut qu’on le soit. Mais je pense que nous devons de plus en plus nous efforcer de ne pas dire uniquement ‘non’, mais ‘plutôt non mais’, chose que la République tchèque n’a pas fait beaucoup jusqu’à présent. Surtout, nous devons faire des propositions. C’est quelque chose que l’on doit faire ensemble : faire des propositions pour trouver une solution aux nombreux problèmes de l’UE. Je pense que nos pays ont la légitimité pour présenter leur opinion, pour l’exprimer de manière polie, mais forte, claire et explicite. Nous devons essayer de trouver un compromis. »
Promouvoir des positions communes au sein du groupe de Visegrád est donc une priorité pour le chef de la diplomatie tchèque qui a rappelé que cet esprit de consensus concernait également le projet Dublin IV à propos de la réforme des règles d’accueil des demandeurs d’asile. A cet effet, Martin Stropnický a par ailleurs souligné l’importance de trouver d’autres partenaires européens susceptibles d’être en accord sur certains points, évoquant notamment l’Autriche voisine.
De son côté le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó a sans doute été moins consensuel, rappelant la ligne dure de son pays qui, depuis le début de la crise migratoire, a refusé tout quota, tout en rappelant les positions communes avec la République tchèque au sein du V4 :« La République tchèque et la Hongrie sont sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la question de l’immigration dans le cadre de l’UE. Les deux pays sont d’accord sur le fait qu’il faut protéger nos frontières. La République tchèque nous a en effet apporté son aide à l’époque où des dizaines de milliers de migrants voulaient passer nos frontières. Sinon, nous avons également évoqué les débats qui ont lieu à l’heure actuelle sur ce sujet dans le cadre des Nations Unies. »
La Hongrie refuse en effet en bloc le projet d’un pacte mondial sur la migration que veut promouvoir l’Organisation des Nations Unies. Elle a déjà fait savoir que si la proposition présentée en mars ne correspondait pas à son point de vue, elle se retirerait des négociations, tout comme l’ont déjà fait les Etats-Unis.
La question des réfugiés n’a pas été le seul thème de ces discussions, même si l’un des points les plus importants. Les deux ministres ont également parlé coopération bilatérale et se sont félicités des bonnes relations économiques des deux pays. Au cours de sa visite à Prague, Péter Szijjártó a aussi rencontré la ministre du Travail et des Affaires sociales Jaroslava Němcová ainsi que le chef du gouvernement tchèque Andrej Babiš.