Brexit : les Tchèques attendent la décision des Britanniques

Photo: ČTK

Pays dont les habitants sont réputés être, pour beaucoup, critiques envers le fonctionnement de l’Union européenne, la République tchèque est, comme le reste de l’Europe, dans l’attente du référendum britannique sur le maintien ou non dans l’Union européenne. D’après un sondage de l’institut Median, les Tchèques interrogés seraient majoritairement opposés à l’idée d’un Brexit. Mais les avis divergent sur l’impact concret que pourrait avoir, ou non, une sortie du Royaume-Uni de l’UE sur la Tchéquie et son économie.

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Même si ce sont bien les Britanniques qui sont appelés à voter jeudi sur le maintien ou non de leur pays au sein de l’UE, le débat sur le Brexit intéresse tous les Européens, y compris donc les Tchèques. Des Tchèques dont les trois cinquièmes seraient plutôt défavorables à l’idée d’une Union amputée de l’un de ses membres, en tout cas si l’on en croit un sondage rendu public ce mardi par la Radio publique tchèque. Sociologue pour l’agence Median responsable de cette enquête d’opinion, Daniel Prokop commente :

« Les personnes les plus en faveur d’un départ du Royaume-Uni sont, comme on peut s’y attendre, celles qui ont les avis les plus négatifs à l’égard de l’Union européenne. Ce sont par exemple les électeurs du parti communiste. Ce sont des personnes qui disent que, le cas échéant, elles voteraient en faveur de la sortie de la Tchéquie de l’UE. Mais la majorité des sondés sont pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE. »

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Mais après tout, ce ne sont pas les Tchèques qui se prononcent ce jeudi, et ce qui peut éventuellement les intéresser davantage, ce sont les possibles conséquences pour leur pays du vote britannique. Dans un article publié ce mardi dans le quotidien Hospodářské noviny, Martin Ehl dresse un tableau plutôt pessimiste en cas de Brexit. Il estime que, dans cette hypothèse, les monnaies centre-européennes, złoty polonais, forint hongrois et couronne tchèque, verraient leurs cours baisser et que ces pays seraient encore plus minoritaires dans une UE ayant majoritairement adopté l’euro. Il considère aussi que l’impact se ferait sentir à l’automne, lors de la négociation du prochain budget européen, où des Etats comme la Tchéquie devraient se résoudre à des transferts d’argent moins importants.

Différentes analyses, réalisées par des banques ou des sociétés de conseil, parlent ainsi d’une perte d’un à quelques dixièmes de point de PIB pour Prague. Des estimations qui ont été reprises lundi par Vladimír Špidla, le conseiller en chef du premier ministre Bohuslav Sobotka, lors d’une réunion à Berlin sur les échanges tchéco-allemands. Mais tous ne partagent pas cet avis, à l’instar du ministre des Finances Andrej Babiš (ANO), qui pense même qu’un Brexit serait indolore pour la Tchéquie :

Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Si le Royaume-Uni quittait l’UE, je ne pense pas que cela serait une telle catastrophe. Je ne sais pas d’où viennent ces différentes analyses. Malheureusement du fait de cette horrible tragédie (le meurtre de la députée travailliste Jo Cox, favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’UE, ndlr), il me semble que certaines personnes vont changer d’avis et je crois que les Britanniques resteront. Mais même si le Brexit avait lieu, je ne pense pas qu’il aurait un effet significatif sur la Tchéquie. Bien sûr, comme le disent les macro-économistes, c’est l’Allemagne et les pays voisins qui sont importants pour nous. Mais nous-mêmes avons contribué à favoriser la croissance, nous l’avons faite cette croissance. »

Helena Langšádlová,  photo: Archives du parti TOP 09
Quoi qu’il en soit, que les Britanniques décident de prendre le large ou de rester ancrés à Bruxelles, le vote de jeudi devrait amener l’UE à réfléchir à sa politique et sa configuration actuelle. C’est ce que pense Helena Langšádlová, du parti conservateur TOP 09 :

« Il y a là certainement matière à discuter si certains domaines ne devraient pas faire l’objet d’une intégration plus poussée. Mais également si l’Union européenne, et nous tous, ne régulons pas des secteurs qui devraient rester plutôt au niveau national. »

Ces questions, c’est un pays d’Europe centrale qui aura sans doute à les gérer puisque, Martin Ehl le rappelle, la Slovaquie prendra la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne à partir de juillet.