Lukáš Vondráček, un pianiste tchèque consacré au Concours Reine Elisabeth

Lukáš Vondráček, photo: ČTK

Pianiste de 29 ans, Lukáš Vondráček est devenu dimanche dernier le premier Tchèque à remporter le prestigieux Concours musical International Reine Elisabeth. Un concours, consacré cette année au piano et organisé à Bruxelles depuis 1937, que les musiciens n’hésitent pas à comparer à Wimbledon pour les joueurs de tennis.

Lukáš Vondráček,  photo: ČTK
Pour l’emporter en finale, Lukáš Vondráček a livré des prestations unanimement qualifiées d’ébouriffantes, à la fois pour la composition imposée, signée du Belge Claude Ledoux, et pour le morceau libre, en l’occurrence le 3ème concerto de Rachmaninov. Le public du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles a bruyamment exprimé sa satisfaction et l’annonce du premier prix n’a surpris personne, pas même le lauréat lui-même… Dans un entretien donné les jours suivants pour la Radio tchèque, Lukáš Vondráček dit pourtant vouloir garder les pieds sur terre :

« C’est bien sûr un grand honneur. En même temps, c’est aussi une responsabilité. On peut dire que c’est le concours musical le plus prestigieux au monde. Je pense qu’un musicien ne doit jamais s’assoupir, il doit toujours s’efforcer de jouer. Et évidemment, les opportunités de jouer des concerts devraient être plus nombreuses. C’est une lourde responsabilité et je n’aimerais pas décevoir le jury qui a placé en moi sa confiance. »

La reine des Belges,  Mathilde et Lukáš Vondráček,  photo: ČTK
Riche déjà d’une longue carrière internationale avec près d’un millier de concerts à son actif, Lukáš Vondráček affiche 29 ans au compteur quand la limite d’âge pour participer au concours Reine Elisabeth est de 30 ans. Certains considéraient d’ailleurs que son âge constituait le seul frein possible à sa consécration. Un relatif paradoxe puisque le jeune homme, originaire d’Opava, une ville de l’est de la Tchéquie, a fait ses gammes déjà tout enfant et donné son premier concert peu après son dixième anniversaire. Un parcours qu’il explique pour la Télévision tchèque au regard de ses antécédents familiaux…

« Mes parents sont tous les deux pianistes et professeurs de musique. Je n’ai donc pas vraiment eu le choix. Il me semble que j’ai été amené au piano alors que n’avais pas atteint les trois ans. Je dois dire que cela m’a plu dès le début. En plus, je n’ai pas eu à m’embêter avec l’étude du solfège car j’ai l’oreille absolue. Quand quelqu’un joue, je suis capable de répéter la même chose. Au début c’était plutôt comme un jeu et évidemment ensuite c’est devenu bien plus pénible et complexe. »

Lukáš Vondráček,  photo: Irene Kim / HarrisonParrott
La difficulté, le pianiste l’a trouvée au New England Conservatory, une école dont il est sorti diplômé et située à Boston aux Etats-Unis, où il a élu résidence. Cette formation et ces prix, car le concours Reine Elisabeth n’est pas le premier remporté par le Tchèque, offrent aujourd’hui à Lukáš Vondráček la possibilité de partager sa vision de la musique :

« Beaucoup de gens se représentent la musique classique comme quelque chose d’inaccessible. D’autres pensent au contraire que c’est un divertissement ou que cela doit être beau. Ce n’est pas la question. La musique classique, c’est comme la vie ; il y a là tellement d’émotions. Notre tâche est de les interpréter, de les transmettre pour que le message présent dans une œuvre puisse être compris. »