Lukáš Vondráček, consécration d’un virtuose
Le 27 mai dernier, le pianiste Lukáš Vondráček a été récompensé du premier prix du Concours musical International Reine Elisabeth. Attribué depuis 1937, date de la création du concours par la reine belge, ce prix prestigieux récompense les musiciens du monde entier, qu’ils soient pianistes, violonistes, chanteurs ou même compositeurs. Cette année, Lukáš Vondráček est ainsi devenu le premier Tchèque dans l’histoire du concours à avoir remporté cette distinction, un prix riche de promesses pour sa déjà riche carrière de soliste.
Un jeune prodige ovationné essentiellement à l’étranger
Né dans la ville d’Opava, de deux parents professeurs de piano, Lukáš Vondráček se passionne naturellement pour le piano dès ses deux ans. Ne s’intéressant pas aux plaisirs et aux jouets d’un enfant de son âge, son talent se manifeste très tôt et il est considéré très rapidement par son entourage comme un enfant prodige. Après s’être produit publiquement dès l’âge de quatre ans et avoir remporté par la suite de nombreux concours à la fois en République tchèque, en Allemagne, en Pologne, en Grande-Bretagne ainsi qu’aux Etats-Unis, il fascine le milieu musical par ses aptitudes étonnantes, et publie son premier disque à l’âge de onze ans. C’est en 2002, à l’âge de seize ans, qu’il croise le chemin du virtuose du piano et chef d’orchestre de la Philharmonie tchèque à l’époque, Vladimir Ashkenazy, qui l’introduit au grand monde de la musique classique. Comme le révèlera plus tard Lukáš Vondráček lui-même, la rencontre avec Vladimir Ashkenazy a été décisive, car c’est bien lui qui l’a soutenu dans ses débuts, lui offrant la possibilité de se produire à ses côtés et aux côtés des plus grands orchestres de renom, à commencer par l’Orchestre philharmonique tchèque.En 2003, Lukáš Vondráček se produit avec Vladimir Ashkenazy et l’Orchestre philharmonique tchèque dans le fameux Carnegie Hall de New York.
Du fait de s’être présenté très tôt sur les différentes scènes du monde entier, le jeune pianiste acquiert peu à peu une notoriété internationale et joue également entre autres avec l’Orchestre national de Belgique ou le BBC Philharmonic.Diplômé depuis 2012 de la plus vieille école privée de musique des Etats-Unis, la New England Conservatory de Boston, ville où il continue d’ailleurs de vivre, Lukáš Vondráček est indubitablement entré dans la cour des grands grâce au Concours musical International Reine Elisabeth, où le jury lui a attribué le premier prix.
Avec le premier prix du Concours musical International Reine Elisabeth, Lukáš Vondráček entre dans la cour des grands
Du haut de ses 29 ans, Lukáš Vondráček était le participant le plus âgé de ce prestigieux concours, considéré comme étant l’un des concours les plus difficiles dans le domaine musical, juste après le Concours international de piano Frédéric Chopin de Varsovie. L’instrument qui est récompensé en Belgique change d’une année à l’autre. Pour l’édition 2016, consacrée au piano, environ quatre-vingts pianistes du monde entier s’étaient déjà donné rendez-vous à Bruxelles au mois d’avril dernier pour les premiers tours d’élimination du concours. Le jury a sélectionné par la suite vingt-quatre participants, puis douze finalistes.Lors du dernier tour de la compétition, le pianiste tchèque a été néanmoins le seul, selon Arie Van Lysebeth, le président du jury, à avoir su captiver l’attention du jury dès les premières mesures de son morceau libre final, le troisième Concerto pour piano en ré mineur de Serguei Rachmaninov, un des morceaux les plus complexes pour piano. Mais d’après Lukáš Vondráček, la plus grande difficulté a été l’étude, en seulement une semaine et sans aucune consultation possible d’un pédagogue ou d’une quelconque autre aide, d’un premier morceau resté jusque-là méconnu. La sélection est tombée cette année sur « Un rêve de papillon » du compositeur belge contemporain Claude Ledoux, une composition longue de quarante-cinq pages.
C’est des mains de la reine belge Mathilde que Lukáš Vondráček s’est vu remettre le premier prix ainsi qu’un chèque généreux ; ce même premier prix que s’était fait remettre le virtuose Vladimir Ashkenazy en 1956. Le jeune pianiste Tchèque s’apprête désormais à réaliser une série de concerts dans le monde entier, une des agréables obligations découlant de sa victoire. Car oui, Lukáš Vondráček, qui, à notre grande surprise, n’est « pas très concours », préfère donner des concerts qu’il considère « plus naturels et amusants ». Sachant que le jeune homme n’est que peu connu du grand public dans son propre pays, cette récompense internationale lui donnera peut-être encore davantage de mérite aux yeux de ses compatriotes. Et comme il le dit lui-même : « Il ne faut pas rêver de carrière, mais de la seule musique ».