Le lobbyiste Marek Dalík condamné à la prison pour corruption
La cour municipale de Prague a condamné mardi le lobbyiste Marek Dalík à cinq ans de prison et à une amende de 5 millions de couronnes pour corruption. Ce dernier, qui fut le proche conseiller de l’ancien Premier ministre Mirek Topolánek, a été reconnu coupable d’avoir réclamé un pot-de-vin de 18 millions d’euros à la société autrichienne Steyr, qui fabrique, et a vendu en 2009, 107 véhicules blindés Pandur au gouvernement tchèque pour 560 millions d’euros, un montant jugé alors très élevé par de nombreux experts.
Or, de nouvelles négociations sont aussitôt entamées avec le propriétaire américain de Steyr, l’entreprise General Dynamics. En mars 2009, le ministère de la Défense signe finalement un second contrat avec la société Steyr, un contrat d’achat de 107 blindés Pandur pour un montant de 14,4 milliards de couronnes (environ 560 millions d’euros). Très vite une enquête est ouverte sur cet achat, considéré comme largement désavantageux pour la République tchèque. Et c’est sur la base du témoignage d’un ancien employé de la société autrichienne Steyr, Stephan Szüsce, que l’enquête se focalise sur Marek Dalík. Celui-ci était en effet accusé par l’employé de Steyr d’avoir réclamé un pot-de-vin de 5 milliards de couronnes (soit 18 millions d’euros) en promettant la signature du contrat par les autorités tchèques.
Mardi, la justice tchèque a reconnu ce dernier coupable de ce chef d’accusation, un jugement considéré comme « exceptionnel » par les analystes judiciaires, comme le souligne Marie Bastlová, de la Radio tchèque :
« C’est exceptionnel car Marek Dalík était une personnalité très importante de la politique tchèque, même si c’était de manière informelle. Mais d’un autre côté, ce n’est pas le premier verdict qui tombe pour un ancien politique. Ces dernières années le prouvent : pensons à la condamnation de l’ancien gouverneur social-démocrate de Bohême centrale David Rath, ou celle de l’ancien membre du Conseil exécutif du parti ODS, l’homme d’affaires Alexandr Novák, également condamné pour corruption. Il y a bien d’autres affaires de condamnation d’hommes politiques dans ce type de cas. »Et c’est bien ce fait qui est à relever dans le verdict rendu par la cour municipale de Prague : depuis quelques années maintenant, la police et la justice tchèques semblent avoir pris les choses à bras-le-corps en matière de corruption, un fléau particulièrement prégnant dans les pays de l’ancien bloc de l’Est. Cette avancée semble se confirmer d’ailleurs : la République tchèque est en effet passée en 2015 de la 53e à la 37e place à l'Index de perception de la corruption établi chaque année par Transparency International. Si cet index ne mesure par l’action d’un gouvernement concret mais évalue plutôt une tendance à long terme, il est toutefois symptomatique d’un changement, comme le confirme Marie Bastlová :
« Il y a clairement une plus grande sensibilité de l’opinion publique à ce type d’affaires. Mais la deuxième raison, c’est aussi un changement dans l’action des procureurs de la République et des enquêteurs de police. Ce changement a eu lieu il y a quelques années, notamment à l’époque du gouvernement de Petr Nečas qui a véritablement laissé les mains plus libres aux plaignants et aux officiers de police, leur permettant de mener des enquêtes dans une plus grande indépendance. »
On entendra toutefois encore parler de Marek Dalík, puisque celui-ci, quasi absent pendant toute la durée de son procès, comme lors de l’énoncé du verdict, a fait savoir par la voix de son avocat qu’il allait faire appel.