Vers une interdiction de fumer dans les bars et restaurants en 2016

Photo: Archives de Radio Prague

Des bars, des cafés et des restaurants en République tchèque sans fumée de cigarette ? Cela pourrait devenir réalité à partir du 1er janvier prochain, après l’approbation par le gouvernement, mercredi, du projet de loi allant dans ce sens. Si la loi est bien adoptée, comme cela est fort probable malgré les obstructions attendues au Parlement, la République tchèque rejoindra la liste de plus en plus longue des pays de l’Union européenne qui ont définitivement banni le tabac des différents lieux publics.

Photo: Archives de Radio Prague
Il y a encore quelques années de cela en France, il était presque impensable pour un fumeur d’imaginer prendre son petit café sur le zinc sans une cigarette. Un peu moins de dix ans plus tard, les habitudes ont été prises et personne ne s’offusque plus de devoir sortir sur le trottoir pour en griller une petite. La tendance s’est depuis généralisée dans la plupart des pays de l’UE et la République tchèque, où l’interdiction de fumer est à la discrétion des propriétaires des bars et restaurants, fait un peu figure d’outsider. Et si des efforts ont été faits ces dernières années pour aménager, parfois tant bien que mal, des pièces séparées, le nombre d’établissements non-fumeurs reste encore minoritaire.

Pourtant, selon de récents sondages, de plus en plus de Tchèques se disent importunés par la fumée de la cigarette dans les restaurants, cafés et bars. 80% des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une interdiction totale de fumer dans ces établissements. Et même chez les fumeurs, les opinions sont plutôt favorables.

Le projet de loi approuvé par le gouvernement arrive donc à point nommé, même s’il a déjà ses détracteurs, notamment au sein de l’opposition de droite. Aleksandra Udženija, conseillère municipale à la mairie de Prague :

Aleksandra Udženija,  photo: ČT24
« Nous ne soutiendrons clairement pas cette loi. Il ne s’agit pas ici d’une question de santé, mais du fait qu’une fois encore, on empiète sur les libertés individuelles et sur le droit de décision des individus et des restaurateurs. C’est comme ceux qui disent que je ne devrais pas m’exposer au soleil pour bronzer parce que je peux avoir un cancer de la peau. Alors ne faisons plus rien, dictons à tout le monde ce qu’il convient de faire. Mais ça ne marche pas comme ça : chacun a le droit de décider ce qu’il veut faire. »

La protection des libertés individuelles ainsi que la crainte des pertes financières potentielles pour les restaurateurs et tenanciers de débits de boisson sont les arguments qui reviennent le plus souvent dans la bouche des opposants à cette interdiction. Des arguments que réfute le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček :

Svatopluk Němeček,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Dans la plupart des pays où a été instaurée cette interdiction de fumer, c’est-à-dire aujourd’hui la majorité des pays européens, il a été établi que cela n’avait pas eu de conséquences négatives sur les affaires des bars et restaurants. Deuxième chose que je tiens à dire : il y a aussi une question d’échelle de valeurs… Sous prétexte de protéger les intérêts d’un établissement de restauration, doit-on mettre en danger la vie des non-fumeurs et des employés ? »

Le projet de loi ne concerne pas seulement l’interdiction de fumer dans les restaurants et les bars. La vente de produits du tabac et de boissons alcoolisées sera interdite également dans les distributeurs automatiques, mais aussi par exemple sur les marchés ou dans les établissements de santé. Ce projet prévoit également qu’au moins une boisson non alcoolisée vendue à un prix inférieur à celui d’une bière ou d’une autre boisson alcoolisée figure sur les cartes de tous les bars et restaurants du pays. Tout comme pour l’interdiction de fumer, ces différentes mesures entendent aller dans le sens d’une lutte contre les addictions.

Photo: Archives de Radio Prague
Si le projet de loi a été adopté à l’unanimité par le gouvernement, on peut s’attendre toutefois à des débats houleux à la Chambre des députés. Une chose est néanmoins d’ores et déjà acquise : le président Miloš Zeman, pourtant fumeur invétéré, a fait savoir qu’il n’opposerait pas son veto à la loi.