Télévision : ČT et Arte se disent oui

Un beau jour, la grille de programme de la Télévision tchèque intègrera peut-être le magazine culturel Tracks, l’émission d’échange franco-allemand Karambolage ou encore le programme géographique éducatif Le dessous des cartes. Ce n’est en tous cas pas de la science-fiction. Le groupe de la Télévision publique tchèque (Česká televize - ČT) et la chaîne franco-allemande Arte, qui diffuse ces programmes, ont en effet signé un accord de coopération à la mi-octobre. Vice-président d’Arte, Gottfried Langenstein a détaillé pour Radio Prague le contenu d'une collaboration qui débutera officiellement à partir du premier janvier 2014.

Gottfried Langenstein, photo: CT24

« Le contrat est basé d’un côté sur un accord de coproduction. Il s’agit de coproduire ensemble des films, des thèmes d’opéra ou de théâtre, avec une contribution de chacune des chaînes à hauteur de 100 000 euros dès la première année. Par ailleurs, nous allons aussi coopérer au niveau d’Internet. Arte a déjà assuré que son suffixe sur Internet est également garanti pour collaborer avec d’autres partenaires. »

Ce volet Internet concerne particulièrement la nouvelle chaîne lancée début septembre par la Télévision tchèque et consacrée entièrement à la culture, Čt Art, laquelle devrait profiter du savoir-faire du groupe franco-allemand en la matière. Gottfried Langenstein, qui a été président de la chaîne Arte de 2007 à 2011 avant de céder sa place à Véronique Cayla, évoque le travail concret qu’implique l’accord passé avec la partie tchèque :

Photo: CT24

« La Télévision tchèque est maintenant membre associé à la structure d’Arte. Pour cela, ils peuvent envoyer un représentant à notre assemblée générale. Ils peuvent participer en plus à notre conférence de programme. Et nous pensons aussi qu’il serait très utile que les gens des rédactions, qui s’occupent des projets concrets, travaillent ensemble et se retrouvent parfois à Strasbourg, parfois à Prague, pour définir quels peuvent être les projets à développer en commun. Il peut s’agir de projets de fiction, de documentaire historique, de musique… »

Gottfried Langenstein poursuit :

« Je crois que la chose qui est intéressante avec la télévision et en particulier dans les médias, ce n’est pas simplement de raconter un pays mais de raconter des histoires intéressantes sur un pays. Si vous faites une fiction qui parle de l’histoire des Tchèques avec un metteur en scène qui est vraiment capable de raconter de belles histoires, on peut faire une fiction qui raconte vraiment quelque chose de la vie tchèque, de l’humour, de l’histoire ou encore de la capacité à créer des relations. »

Outre ces projets de coproduction, la Télévision tchèque a annoncé sa volonté d’acquérir des programmes d’Arte, notamment pour sa chaîne culturel Čt Art. Gottfried Langenstein détaille :

Karambolage, photo: TV Arte

« Cela peut-être des magazines comme Tracks ou Karambolage. Cela peut aussi être des documentaires qui sont intéressants pour la République tchèque, des documentaires sur la littérature, sur le cinéma, sur des œuvres d’art…Il y aussi des choses politiques qui sont intéressantes. Nous avons fait de grands documentaires sur la crise bancaire ou sur le développement de l’agriculture ou des sciences. »

Durant la crise économique, des documentaires diffusés par Arte ont ainsi souvent éclairé les interactions, parfois les collusions, entre la finance internationale et le monde politique, en ciblant par exemple la banque Goldman Sachs ou le problème de l’évasion fiscale.

Photo: Miloš Turek

La Télévision tchèque est le septième partenaire médiatique du groupe Arte en Europe, le troisième en Europe centrale. À travers ces coopérations, la chaîne franco-allemande entend appuyer et diffuser la culture européenne. Gottfried Langenstein conclut :

« La politique d’Arte est vraiment de trouver des projets intéressants pour la télévision et de soutenir la production européenne. C’est quelque chose de primordial de soutenir les auteurs de films, de documentaires produits en Europe. Car autrement nous achetons seulement des productions internationales et ce n’est pas la situation que nous souhaitons. L’Europe doit définir sa propre culture. »