Rapport de Social Watch 2012 : déclin et résignation

Иллюстративное фото: Кристина Макова, Чешское радио 7 - Радио Прага

L’antenne tchèque du groupe international Social Watch, qui existe depuis 2008, a publié son cinquième rapport annuel mardi. Un groupe de travail formé d’organisations non gouvernementales et de personnalités du monde académique a tiré un bilan très largement pessimiste sur les développements économiques et sociaux du pays.

Social Watch (« Observateur social » en français) a été créé avec le but de veiller à la réalisation des objectifs fixés par la Conférence de l’ONU sur le développement social et la Conférence mondiale sur les femmes, deux événements qui se sont tenus en 1995. L’antenne tchèque, elle, a été fondée en 2008 et depuis, elle produit un rapport qui combine des angles économique, social et environnemental, afin de proposer un bilan de l’année écoulée. Economiste et analyste de Social Watch, Ilona Švihlíková précise quelle est la particularité de ces rapports :

Ilona Švihlíková,  photo: Alžběta Švarcová,  ČRo
« Le rapport de Social Watch a plusieurs caractéristiques qui le rendent unique. Tout d’abord, il fait partie d’un projet global qui surveille les mêmes indicateurs dans plusieurs dizaines de pays, permettant ainsi une comparaison internationale. La deuxième spécificité du rapport tient à son caractère multidisciplinaire : il combine des aspects économiques et sociaux avec une sensibilité par exemple à la protection de l’environnement et offre ainsi une vision d’ensemble. Enfin, je considère comme un atout important le fait que le rapport soit rédigé par une équipe de gens issus du monde académique et de la sphère non gouvernementale. Ils ont des capacités d’expertise en la matière qu’ils peuvent transmettre au grand public. »

Les auteurs ont choisi d’appeler leur rapport « Déclin et résignation ». Son titre déjà suggère que la publication portant sur 2012 ne sera pas plus optimiste que la précédente intitulée « La fuite en avant d’une spirale destructrice » (Rapport Social Watch 2011). L’analyse porte principalement sur les réformes de l’ancien gouvernement de Petr Nečas et analyse l’impact de celles-ci sur la performance économique du pays. Ilona Švihlíková insiste sur l’interconnexion des politiques publiques et la qualité de vie :

Photo: Archives de Radio Prague
« Je me concentre dans le rapport sur l’aspect macroéconomique. Il s’agit d’observer comment un certain type de politique économique influe sur les autres domaines. Dans le cas tchèque, il s’agit clairement d’une influence négative. Ainsi, si l’Etat n’arrive pas à collecter la TVA suite à son augmentation, les prix des produits vont augmenter. Si les prix augmentent, non seulement la consommation diminue, mais une partie des achats se déplace aussi vers l’étranger. L’inflation induit une dépréciation massive des épargnes et vous voyez comment une décision mineure, telle que celle de la hausse de la TVA, influe sur tous les autres aspects. »

Parmi les analyses contenues dans le rapport figure pour la première fois un article de Jan Keller, philosophe et sociologue. La situation de précarité de la classe moyenne décrite par Keller est ensuite mise en lien avec la montée du racisme constatée l’année dernière.

Malgré l’existence relativement courte de l’antenne tchèque de Social Watch, ses rapports gagnent progressivement en attention médiatique. A l’origine de ce groupe de travail, Jiří Silný en détaille les raisons :

Photo illustrative: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
« Le premier rapport a été publié en 2008 avec un retour public très limité et largement négatif, ce qui découle de notre mission qui est de critiquer le gouvernement sur des décisions qui portent atteinte aux droits des citoyens. Mais au fur et à mesure nous avons gagné en légitimité, et ce pour deux raisons : d’une part nos analyses sont désormais mieux connues au public, d’autre part nos prédictions se sont confirmées. Le rapport est aujourd’hui considéré comme un regard sérieux sur les évolutions en cours. »

L’intégralité du rapport, long d’une trentaine de pages, est disponible sur le site de Social Watch, www.socialwatch.cz, en tchèque et en anglais.