Course d’escaliers : l’Empire State Building à Prague
Vendredi 2 septembre dernier s’est tenue, pour la quatrième année consécutive, la course des escaliers de Prague. Inspirée de la célèbre course de l’Empire State Building, un des événements phares de la vie sportive new-yorkaise, la Pankrác Run-Up 2011 a été disputée dans la City Empiria, la deuxième plus haute tour de République tchèque avec 104 mètres, 26 étages et 520 marches. Comme dans cinq autres villes tchèques depuis 2007, cette course des escaliers est organisée par ChrisFromParis, une agence marketing française basée à Olomouc, en Moravie. Christophe Delattre en est le fondateur. Au micro de Radio Prague, Christophe Delattre a expliqué comment lui était venue l'idée d’organiser des courses d’escaliers en République tchèque :
Quel est l’intérêt du public et des coureurs pour ce type de compétition ?
« C’est comme pour un marathon. Les gens ne viennent pas forcément pour gagner, mais juste pour participer. Bien sûr, il y a des athlètes qui sont capables de gravir une tour comme celle qui est juste là derrière nous et ses 26 étages en 2’30. Par contre, il y en d’autres qui viennent pour se faire un petit challenge, qui se disent ‘tiens, est-ce que je vais réussir à monter là-haut sans m’arrêter de courir ?’. C’est surtout ça, le truc. Et puis comme la course d’escaliers est très bonne pour le cœur, nous reversons aussi les bénéfices de la course à une association caritative (à l’UNICEF). »Avez-vous cherché à avoir personnellement la confirmation que la course d’escaliers est bonne pour le cœur ?
« Depuis l’année dernière nous organisons une finale : c’est-à-dire que nous prenons les cinquante meilleurs des six courses que nous organisons dans le pays. Ces cinquante finalistes sont ensuite invités à Olomouc, où se tiennent alors les championnats de République tchèque de course d’escaliers. Et entre le premier tour et la grande finale de ces championnats, nous organisons une course open dont l’arrivée est jugée au 10e étage de la tour d’Olomouc et à laquelle participe toute l’équipe d’organisateurs, dont moi évidemment. »Un des concurrents ici à Prague a participé récemment à la course de l’Empire State Building à New York, où il a terminé 7e…
« Tout à fait. L’année dernière, le grand vainqueur de l’année a reçu de notre part un voyage à New York justement pour participer à la course de l’Empire State Building. Et il nous effectivement très bien représenté puisqu’il a fini 7e en mettant 11 minutes pour gravir les 82 étages. »
Et quels sont les temps des meilleurs coureurs ici à Prague ?
« A peu près 2’30 : il y a d’abord environ 300 mètres à courir sur du plat, puis s’ensuivent 520 marches et 26 étages à monter. »Y a-t-il un entraînement spécifique pour ce genre de course ?
« Oui, beaucoup de gens qui habitent dans des appartements et des immeubles s’entraînent chez eux. C’est donc assez facile. On peut s’entraîner aussi par exemple dans le métro en courrant dans les escalators… Il y a plein de possibilités. »
On voit aujourd’hui des départs individuels, comme dans un contre-la-montre en cyclisme, alors qu’à New York, par exemple, il s’agit d’un départ groupé. Pour quelle raison ?
« Nous avons voulu faire des départs individuels parce que la plus haute tour en République tchèque ne fait que 26 étages. Si nous faisons un mass start comme à New York ou à Taipei, où ils disposent de tours de plus de 50 étages, nous serions confrontés à certains problèmes pratiques. Dans une tour de 82 étages comme à New York, il est facile de doubler. Mais avec un mass start dans une tour de 20 étages comme celles en République tchèque, les concurrents n’auraient pas le temps de doubler et ce serait la cohue. Et puis, pou nous non plus, ce ne serait pas intéressant. Comme les vainqueurs montent en 2’-2’30, notre course serait terminée en cinq minutes. Il n’y aurait alors plus d’intérêt à organiser tout un programme autour de la course pour toute la journée. »Nous sommes ici à Prague devant le deuxième plus grand immeuble du pays. Quelles sont les tours dans les autres villes du pays ?
« D’abord il faut préciser qu’il y a également ici à Prague, juste à côté de l’endroit où nous nous trouvons, il y a également la City Tower, qui est le bâtiment le plus haut de République tchèque (109 mètres, 27 étages). Mais elle devrait être dépassée l’année prochaine par une tour en construction à Brno, qui devrait mesurer plus de 110 mètres. Mais pour en revenir à la question, les tours de Zlín et de Liberec sont celles des conseils régionaux. A Olomouc, c’est la tour du centre régional (RCO). A Plzeň, c’est une tour privée, qui est la plus petite de toute la série avec 16 étages, et puis à Ostrava, il s’agit de la tour de la municipalité, de l’hôtel de ville. »Le fait que la République tchèque soit un petit pays ne vous empêche donc pas de trouver des tours suffisamment hautes ?
« Nous sommes quand même très limités. Il doit y avoir une dizaine de villes dans lesquelles nous pouvons créer l’événement. Nous n’avons pas besoin d’une tour forcément très haute. Nous avons surtout besoin d’ascenseurs pour permettre éventuellement aux secours d’accéder au sommet de la tour sans encombrements. Nous avons aussi besoin d’une place devant la tour pour organiser les différents spectacles et manifestations autour de la course, pour les enfants, etc. Bref, nous avons besoin d’un certain nombre de conditions pour organiser une course, et cela nous limite forcément. »
Est-ce difficile d’organiser les courses avec l’administration tchèque ou, au contraire, les responsables sont-ils ouverts et curieux à ce genre de manifestations ?
« La plus grande difficulté a été de trouver de l’argent pour financer la course. Il faut environ 10 000 euros de budget pour organiser une course et tout ce qu’il y a autour, et il faut les trouver. Ce n’est pas facile. Mais au bout de vingt courses, nous avons de plus en plus de coureurs. La première année à Prague, nous avions 60 coureurs, puis 110 la deuxième, 180 la troisième, et cette année nous sommes environ à 250. Donc, forcément, les sponsors commencent à nous suivre, et du coup ça commence à bien tourner. »Cette année la course est organisée dans un total de six villes. Envisagez-vous de développer votre concept ailleurs encore ?
« Ca dépend. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Si nous l’avons, nous tenterons peut-être Most l’année prochaine. Et puis il y a les responsables de la future tour de Brno qui nous ont contactés. On verra. Il faut réfléchir. »Vous êtes Français installé à Olomouc depuis huit ans. Pourquoi Olomouc ?
« C’est une ville exceptionnelle. On y trouve tout. C’est aussi comme un village : tout le monde s’y connaît. Je suis originaire du nord de la France, mais j’ai vécu pendant dix ans à Paris, où j’y ai d’abord fait mes études de journalisme avant de travailler dans une agence de communication. J’avais l’envie de choses un peu plus personnelles et j’ai eu la chance de rencontrer la République tchèque, pour laquelle j’ai eu un coup de cœur. Comment ? Par les gens, par la bière, par tout ce qui attire les jeunes célibataires en République tchèque… La première fois, c’était le 15 janvier 2000. Ensuite j’ai fait plusieurs voyages, puis un jour, je me suis dit que quitte à tout le temps revenir et à repartir triste, autant s’installer. Mais je ne voulais pas vivre à Prague. Après Paris, je n’avais pas envie de vivre dans une grande capitale. Et en voyageant un peu partout dans le pays, j’ai eu un coup de cœur pour Olomouc. C’est pourquoi j’ai alors décidé de m’y installer d’abord pour six mois. Et récemment j’ai fêté mes huit ans là-bas. »Vous y avez même fondé un club de supporters du club de football local, le Sigma Olomouc ?
« Ouaih, c’était plutôt un p’tit délire. Le directeur marketing du Sigma est la première personne avec qui j’ai parlé français ici en République tchèque. C’est un petit clin d’œil, nous avons donc créé le FOK : le Francouzský Olomoucký Klub ! »
La prochaine course d’escaliers se tiendra à Olomouc le 23 septembre, la grande finale étant, elle, programmée le 25 septembre, toujours à Olomouc.