Tendance Floue : regards croisés de douze photographes sur le monde actuel

Philippe Lopparelli

L’Institut français de Prague accueille, jusqu’à fin février, une exposition d’un collectif de douze photographes indépendants réunis dans une structure atypique baptisée « Tendance Floue ». Les photographies exposées sont tirées du livre « Sommes-nous ? » réalisé à partir des parcours singuliers des photographes à travers le monde. Membre du groupe « Tendance Floue », Philippe Lopparelli a mis en place cette exposition. Il a répondu aux questions de Radio Prague.

Philippe Lopparelli
«Le groupe Tendance Floue a été créé en 1991 par cinq photographes. L’idée de départ était de réunir les photographes et leurs images et de travailler sur des projets en commun, ce qui fait la différence avec des agences de presse classiques. Ce travail que l’on fait en commun, par exemple le fait d’assembler les images de deux ou trois photographes, on l’appelle ‘le treizième photographe’. Comme si c’était une autre personnalité. C’est l’âme du groupe. »

Vous avez des rôles distribués au sein du groupe...

« Moi, je m’occupe principalement des expositions, j’ai un autre collègue qui s’occupe des livres, un autre va s’occuper des projections multi-médias, un autre encore s’occupe de la comptabilité. Chacun se prend une part du travail, pour que l’agence fonctionne. Même si nous avons cinq employés, ce n’est pas suffisant pour tous les projets en cours. »

Cette exposition a été créée à partir du livre « Sommes-nous ? ». Quel est son sujet ?

« C’est le troisième livre d’une trilogie. Le premier livre était ‘Nous traversons la violence du monde’, le deuxième s’appelait ‘Nous n’irons plus au paradis’. Le premier livre s’était intéressé à tout ce qui est lié aux violences sociales, aux violences dues au chômage, à la crise. Le deuxième livre était consacré au mouvement altermondialiste qui s’est arrêté avec les attentats du 11 septembre. ‘Sommes-nous ?’ est un livre plus généraliste, sur la mondialisation et la place de l’homme dans le monde. »

Les photos exposées évoquent l’actualité politique de ces dernières années, les problèmes écologiques, religieux, humains en général... Y a-t-il à vos yeux un thème qui les unit ?

« Si dans l’écriture de certaines images il y a des choses qui peuvent se rapprocher au photojournalisme, nous, ce qui nous intéresse, c’est que les gens se posent en face des images des questions sur eux-mêmes. Nous ne volons pas montrer le bien ou le mal, ce qui nous rapprocherait d’un discours qui pourrait ressembler à de la propagande. Nous voulons que les gens se questionnent, sans leur donner des réponses toutes faites. »

Voilà pourquoi vous ne mettez pas de légendes en dessous des photos.

« Les visiteurs peuvent consulter le livre et le catalogue, pour savoir où ont été prises les images. Mais dans l’exposition, on ne met pas le lieu de prise de vue. En connaissant ce dernier, les gens ont tout de suite un jugement. Cette image-là, par exemple, c’est une image face à la mer avec une chaise. On suppose qu’il y a quelqu’un qui a dû s’asseoir sur cette chaise et regarder la mer. Mais il se trouve que ce lieu-là, c’est la bande de Gaza. Donc plutôt que de montrer une énième image de violence dans cette région, nous préférons traiter le problème par le paysage plutôt que par le reportage. »

Quelles sont vos photographies dans cette exposition ?

« Il y en a cinq sur un ensemble de cinquante images. Il y a des images de Londres, des images prises en Ukraine, dans les terres australes, c’est-à-dire juste au-dessus du Pôle Sud... dans différents endroits du monde. »

Philippe Lopparelli est notamment connu pour ses photographies des villages roumains qui lui ont valu plusieurs prix. Nous en reparlerons très prochainement sur Radio Prague.