Attentat suicide à Moscou : une émotion profonde, une solidarité mitigée à Prague

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La condamnation du récent massacre dans le métro de Moscou fait l’unanimité au sein de la classe politique tchèque. Les très nombreux commentaires qui s’en sont suivis dans les médias nationaux s’interrogent pour leur part sur le contexte et les différentes questions que ce nouvel acte terroriste soulève.

C’est le quotidien Mladá fronta Dnes qui a couvert le plus largement le double attentat suicide à Moscou qui a fait une quarantaine de victimes et une centaine de blessés. Dans son édition de ce mardi, le journal donne la parole entre autres à plusieurs personnalités tchèques, dont Šimon Pánek, directeur de l’ONG People in need, qui déclare son émotion en affirmant : « Il est vrai que l’armée russe a mené deux guerres en Tchétchénie qui ont été très brutales et dont on garde un vif souvenir. Ceci dit, les attaques dans le métro de Moscou ne me touchent pas moins que celles qui seraient commises ailleurs ».

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L’auteur d’un autre commentaire également publié dans Mladá fronta Dnes souligne pour sa part que « ces attaques terroristes infligent un coup dur au Kremlin qui pouvait croire que l’instabilité du Caucase du Nord allait être maintenue dans le cadre de la région ». Et de constater que « la société russe doit désormais craindre que le conflit tchétchène ne revienne dans les villes russes, comme c’était le cas avant 2004 ».

« Les ‘faucons’ peuvent se servir de l’attaque terroriste pour liquider l’opposition », titre le quotidien économique Hospodářské noviny. Il n’est d’ailleurs pas le seul à évoquer l’éventualité d’un durcissement de la ligne politique du Kremlin et d’« un changement du cours plus modéré qui avait tant bien que mal tendance à s’imposer ».

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Dans un commentaire publié par Lidové noviny, son auteur écrit : « Il va de soi qu’il y a lieu de condamner inconditionnellement tous ceux qui ont initié et réalisé les attentats. D’un autre côté, il s’agit du sinistre héritage des deux guerres tchétchènes déclenchées par le premier et le deuxième président russe. On peut supposer que ces attaques ne seront pas les dernières. C’est ça le message le plus inquiétant de cet événement ».

Dans la lutte contre le terrorisme, les services d’espionnage russes seront-ils prêts désormais à coopérer avec leurs partenaires étrangers ? A cette question posée dans un débat télévisé, le politologue Tomáš Šmíd a répondu :

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« La coopération entre les services de sécurité russes et étrangers a toujours été difficile. D’un autre côté, cet acte terroriste leur permettra d’augmenter leurs budgets, de renforcer leur pouvoir et, en fait, de confirmer leur raison d’être. Mais on ne peut pas s’attendre à un changement radical de leur tactique. »

En réaction à l’acte terroriste dans le métro de Moscou, des mesures de sécurité plus sévères seront appliquées, aussi, dans le métro de Prague. A cette fin, près de quatre-vingt-dix paniers anti-terroristes y seront installés. Le chef du Service des secours de Prague, Zdeněk Schwarz, cité par la presse mardi, est pourtant très prudent, estimant que « une attaque terroriste dans le métro pragois causerait un blocage de l’ensemble des transports de la capitale. » Selon lui, il suffit d’un accident de deux camions sur la principale voie qui traverse Prague pour semer le chaos.