Ce mercredi, Václav Havel et deux de ses amis ont tenté d’apporter leur soutien au militant chinois pour les droits de l’Homme, Liu Xiaobo, condamné récemment à onze ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir d’Etat ». Devant l’ambassade de Chine à Prague, l’ancien dissident tchèque devenu président n’a trouvé que porte close.
Václav Malý, Pavel Landovský, Václav Havel, photo: CTK
Václav Havel a eu beau sonner plusieurs fois à la porte de l’ambassade, aucune réponse. Entouré de journalistes, il a attendu de longues minutes dans le froid avant de renoncer à transmettre la lettre qu’il a écrite et apportée avec deux de ses amis de la dissidence, l’évêque Václav Malý et l’acteur Pavel Landovský. Une lettre destinée au président chinois Hu Jintao dans laquelle ils rappellent que le 6 janvier 1977 certains d’entre eux avaient été arrêtés et accusés du même « crime » que Liu Xiaobo. Václav Havel :
Liu Xiaobo
« Il y a 33 ans nous avons publié la Charte 77 et nous avons été enfermés. Aujourd’hui nous demandons au président chinois de ne pas faire ce que les autorités tchécoslovaques ont fait à l’époque, à savoir persécuter les défenseurs des droits de l’homme. D’ailleurs Liu Xiaobo et ses amis se réclament de la Charte 77 et ont appelé leur manifeste la ‘Charte 08’. »
Pour l’évêque de Prague, Václav Malý, les Tchèques se doivent d’être solidaires des défenseurs des droits de l’Homme dans des pays non démocratiques :
Václav Malý et Václav Havel, photo: CTK
« Nous avons une expérience concrète et savons que la persévérance porte ses fruits. Il faut soutenir les défenseurs chinois des droits de l’homme et il faut attirer l’attention de la communauté internationale pour que les responsables politiques en Europe et aux Etats-Unis conditionnent leurs négociations avec la Chine à la question des droits de l’Homme, ce qui selon moi ne se fait pas beaucoup. Tout le monde est fasciné par le développement économique de la Chine et ne prend pas en compte des situations concrètes de citoyens chinois qui veulent vivre dignement. »
Václav Malý, Václav Havel, Pavel Landovský, photo: CTK
La lettre ouverte signée par les trois anciens dissidents tchèques a finalement été laissée dans la boîte aux lettres de l'ambassade. Elle se termine par ces mots : « M. le Président, nous voudrions vous informer que nous allons continuer à observer de près le traitement réservé à M. Liu Xiaobo et aux autres signataires de la Charte 08. (...) Nous allons, avec d’autres anciens signataires tchèques et slovaques de la Charte 77, continuer nos efforts pour attirer l’attention du monde sur leur sort. »
