Grande rétrospective de l’œuvre de Josef Čapek, artiste éclectique

Photo: CTK

Jusqu’au 17 janvier, la salle du Manège au Château de Prague présente une grande rétrospective des œuvres de Josef Čapek. Josef Čapek, artiste aux multiples facettes, indissociable de son frère Karel, l’écrivain, sans lui être réductible.

Ce sont des centaines d’œuvres, de tous styles et sur tous supports, que l’on peut découvrir, pour certaines pour la toute première fois, au Manège du Château de Prague. La dernière rétrospective de cette ampleur consacrée à Josef Čapek remonte à 1946, hommage posthume à l’œuvre variée de l’artiste prématurément disparu dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Les commissaires de l’exposition sont allés chercher jusque dans les collections privées pour dénicher des œuvres jusqu’alors inédites. Peintures, gravures, dessins, affiches, illustrations, l’exposition permet de saisir tout l’éventail du gigantesque travail de Josef Čapek. Pavla Pečinková est spécialiste de Čapek et une des commissaires de l'exposition :

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« Čapek se sentait avant tout peintre. Il considérait le journalisme, les caricatures, les illustrations, la scénographie comme un mal nécessaire parce qu’il fallait bien gagner de l’argent. Mais il ne considérait pas pour autant cette création comme marginale : il lui consacrait la même attention qu’à sa création libre. »

Très tôt influencé par le cubisme, Josef Čapek n’en a pas moins un style éclectique qui lui fait tout aussi bien composer des tableaux naïfs ou des caricatures. Une variété qui, parfois, l’a desservi dans l’interprétation de son œuvre. Pavla Pečinková :

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« C’est un peu le schéma traditionnel de l’avant-garde à partir duquel Capek a été évalué pendant des années. Aujourd’hui, après le post-modernisme, on a tendance à apprécier chez Josef Čapek sa liberté intérieure et son indépendance. Dans cette exposition on peut lire un de ses principes : trouver et établir ses propres règles et maîtriser son œuvre par sa règle à soi. Atteindre sa propre liberté. Dans l’entre-deux-guerres, cela voulait dire : ne pas suivre la tendance, rester soi-même. »

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Josef Čapek est resté lui-même. Il en a également payé le prix puisqu’il s’engagea, comme d’autres intellectuels, et fut le fer de la lance de la critique de l’Allemagne nazie. Ses derniers cycles de peinture, Le feu et Le désir, sont des témoignages forts de la montée des périls. En 1939, il est arrêté par la Gestapo et passera six ans de camp en camp avant de mourir du typhus quelques mois avant la fin de la guerre.

Tous les Tchèques connaissent les frères Čapek, et tous ont grandi avec les charmantes histoires de Josef Čapek. L’exposition permet d’appréhender l’oeuvre d’une vie dans son ensemble. Lucie Novotná vit à Brno. Elle a fait le déplacement depuis la métropole morave juste pour venir admirer les oeuvres de Josef Čapek :

« Je suis venue exprès parce que j’adore le travail de Josef Capek et je n’avais jamais vu ses œuvres en vrai. Je suis très contente que cette exposition ait lieu. Comme chaque Tchèque, je connaissais les histoires de chien et chat, et ses contes. Ici, ce qui me plaît le plus, ce sont ses tableaux cubistes d’après 1910. J’aime beaucoup parce que je comprends ce qu’il veut exprimer, ce qui n’est pas toujours le cas chez les autres cubistes. »