Le dieu Gott fête ses 70 ans

Karel Gott
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« Le rossignol d’or » pour les Tchèques, « Le Sinatra de l’Est », « La voix d’or de Prague » pour les Allemands, ou plus simplement, pour le reste du monde, l’interprète de la version originale du jingle de la série animée « Maya l’abeille », alias Karel Gott, a fêté, mardi, ses 70 ans. Adulé surtout, parfois raillé aussi, mais toujours sur le devant de la scène musicale depuis près de cinquante ans, Karel Gott est le plus grand chanteur qu’ait jamais connu la République tchèque.

« Il est bien d’avoir quelques amis et aujourd’hui, quelques-uns seront là. J’en ai invités beaucoup, environ 1 200 d’entre eux ont confirmé leur présence. Je dirais donc que c’est un cercle rapproché d’amis qui sera à mes côtés. »

« Le rossignol d’or » pour les Tchèques, « Le Sinatra de l’Est », « La voix d’or de Prague » pour les Allemands, ou plus simplement, pour le reste du monde, l’interprète de la version originale du jingle de la série animée « Maya l’abeille », alias Karel Gott, a fêté, mardi, ses 70 ans. Adulé surtout, parfois raillé aussi, mais toujours sur le devant de la scène musicale depuis près de cinquante ans, Karel Gott est le plus grand chanteur qu’ait jamais connu la République tchèque.

A l’automne dernier est parue en France la traduction d’un roman du journaliste polonais Mariusz Szczygiel intitulé « Gottland ». « Gottland » en allemand signifie littéralement le « pays de dieu ». Mais « Gottland » en République tchèque, c’est d’abord et surtout le pays de Karel Gott. Livre sur la Tchécoslovaquie et la République tchèque du XXe siècle, « Gottland » traite donc d’un pays dans lequel le traitement médiatique et l’admiration du public pour le chanteur Karel Gott laissent souvent à penser qu’il est considéré sinon comme un dieu au moins comme un demi-dieu.

Plus encore qu’une star, et une vraie, du petit monde du show-business local, Karel Gott est devenu un phénomène culturel et social intemporel qui, depuis au moins trois générations, appartient à la vie quotidienne de tous les Tchèques, à la manière, dans un style tout à fait différent, d’un Johnny Hallyday en France. Un phénomène difficilement compréhensible pour les étrangers, désigné trente-quatre fois artiste préféré du public tchèque, dont la carrière, après des débuts dans les cafés de Prague puis au conservatoire, a pris son véritable envol dans les années 60, une période marquée par quelques-uns de ses plus grands succès.

Même s’il a participé, en 1977, à l’enregistrement de la chanson intitulée « Můj bratr Jan » - « Mon frère Jan », dédiée à Jan Palach, Karel Gott a aussi signé quelques mois plus tard, afin de pouvoir poursuivre sa carrière, ce qui est appelé l’Anticharte, une réaction du gouvernement communiste à la « Charte 77 », pétition des dissidents s’opposant au processus de normalisation de la société tchécoslovaque engagé après l’écrasement du Printemps de Prague. Une démarche qui, pour certains critiques, est la parfaite illustration de ses positions politiques au temps de la longue grisaille pour le peuple qui a précédé la révolution de 1989, grisaille qui, pour lui, a toutefois ressemblé à une folle période dorée, dans son pays comme à l’étranger.

Mais qu’importe aujourd’hui… Malgré son statut de vedette de l’ancien régime au début des années 1990, Karel Gott est resté une idole pour un grand nombre de Tchèques de tout âge ou presque, même s’il n’est peut-être plus comme il l’a été l’idole des jeunes, comme le chantait Johnny en France, et comme l’explique Vladimír Vlasák, journaliste au quotidien Mladá fronta Dnes et auteur d’un livre consacré à Karel Gott :

« Je ne change pas de station lorsque l’une de ses chansons passe à la radio. Mais peut-être que c’est parce que je suis plus vieux. Je le faisais quand j’avais entre 20 et 30 ans. J’étais alors très allergique à Karel Gott. Mais la longévité de sa carrière et les discussions que j’ai eues avec lui m’ont finalement fait changer d’avis. Karel Gott se dévoue entièrement à son public et sans doute aucun artiste tchèque n’a travaillé plus dur que lui. C’est le secret de sa popularité. Même si les gens n’apprécient pas forcément sa musique, tout le monde est obligé de reconnaître son grand professionnalisme. »

Un professionnalisme et une popularité qui lui ont tout de même permis de vendre partout dans le monde plus de 36 millions d’albums et auxquels l’immortel Karel Gott, quoique l’on pense du personnage et de son parcours, a sans doute quand même ajouté une pincée de talent.