Frédéric Dumont : « Je suis maintenant reconnu au niveau international »
Le globe de cristal, la suprême récompense du festival de Karlovy Vary, a été décerné au réalisateur belge Frédéric Dumont et son film intitulé « Un ange à la mer ». Interview juste après la cérémonie:
Bonsoir Frédéric Dumont, félicitations !
« Merci, merci beaucoup, je suis très très touché par ce prix. Très supris aussi, c’est mon premier film et j’obtiens deux prix majeurs : le prix d’interprétaion masculine pour Olivier Gourmet – ce qui est génial pour lui – et pour moi le premier prix du festival donc c’est vraiment formidable. »
On dit toujours qu’on est surpris, mais vous vous avez l’air vraiment surpris...
« Oui, c’est vrai. C’est un film qui a une histoire assez incroyable. Ca faisait sept ans que je travaillais sur le projet donc il y a des fois où je n’y croyais plus, des fois où je voulais arrêter et puis ma femme et mes amis m’ont poussé et on l’a fait. Je pense sincérement qu’il y a beaucoup de défaut dans mon film, je pense que mon deuxième film sera plus beau et mieux réussi... Mais je pense que le sujet est universel, je pense que c’est ça qui touche... On est tous concerné quelque part par l’histoire de cet enfant qui est maltraité – c’est un film sur la maltraitance psychologique d’un enfant. »
Ca a été difficile d’avoir Olivier Gourmet pour ce premier film ?
« Non, en fait en 2001 j’ai commencé à écrire le scénario, et j’avais collé plein de photos d’Olivier Gourmet dans mon bureau, sans savoir s’il allait accepter. J’ai écrit le scénario pour lui en fait, sans savoir s’il allait accepter. J’avais dit à mon producteur que s’il ne voulait pas je ne ferais pas le film. Pour moi c’était lui et personne d’autre. Je lui ai envoyé le scénario il y a près de quatre ans, et une semaine après il m’a appelé en me disant qu’il voulait me rencontrer. Je suis allé chez lui et il m’a dit que ce film était une priorité pour lui! Ça a pris encore trois ans pour avoir l’argent pour faire le film et tous les mois il m’appelait pour me demander où on en était. Il a même déplacé un tournage pour faire ce film. Il a été tellement bon et fort que je lui dois beaucoup. Un homme exceptionnel, une ‘belle personne’ comme on dit en Belgique, c’est quelqu’un de très bien et un comédien qui s’investit à 100% dans son rôle et qui donne tout en restant accessible sur le plateau, il donne tout, c’est des cadeaux qu’il donne chaque fois. »
Concrètement ça veut dire quoi gagner à Karlovy Vary à part de la surprise et de la joie ? Qu’est-ce que ça peut apporter ?
« Karlovy Vary est un festival de classe A – c’est quand même pas n’importe quoi, donc en Belgique ça va faire un peu de grabuge... Je suis en train de terminer un nouveau scénario et je pense que ça va m’aider pour mon second projet, c’est clair. Mon producteur m’a dit aussi que ça allait être plus facile. C’est pas gagné, mais ça va être plus facile parce que je suis maintenant reconnu au niveau international. Je pense que j’ai pu prouver avec ce film que je savais diriger les comédiens, raconter une histoire et gérer un film de A à Z. Donc j’espère que ça va pouvoir m’ouvrir les portes en Belgique et en France aussi peut-être parce que mon prochain film est une co-production avec la France. Je croise les doigts, aujourd’hui c’est peut-être la fête et le vin qui sont un peu euphorisants, mais je pense que ça va m’aider à faire le deuxième. »
Pendant la cérémonie de remise des prix samedi soir il y a eu une standing ovation pour le peuple iranien à la demande du réalisateur iranien Abdolreza Kahani, qui a obtenu le prix spécial du jury pour son film intitulé « Twenty ».
Un jury présidé cette année par la productrice française Claudie Ossard et dans lequel figurait une autre réalisatrice iranienne, Niki Karimi. Et comme chaque année plusieurs stars sont venues dans la station thermale de Bohême de l’Ouest, pour le plus grand plaisir des jeunes et moins jeunes cinéphiles venus encore une fois en nombre malgré un temps capricieux. Dans le désordre, on a pu apercevoir Isabelle Huppert, John Malkovich, Antonio Banderas, et Isaach de Bankolé, qui est venu à Karlovy Vary montré le nouveau film de Jim Jarmusch et qui est tombé sous le charme de ce festival :
« Ca m'a beaucoup plu, c'était un festival que je ne connaissais pas et le public tchèque est vraiment incroyable: ce sont vraiment des amoureux du cinéma, ça se voit et ça se communique. On se sent vraiment à l'aise ici. »
On m'a parlé aussi de votre masterclass, qui a eu beaucoup de succès ici, c'était quoi exactement ?
« C'était une conversation à bâtons rompus avec le jeune public et c'était très intéressant. En plus ce n'était pas prévu, c'était une décision de dernière minute et c'était vraiment très agréable. »