Serge Baudo, le chef d'orchestre qui a appris aux Tchèques à jouer la musique française
Le chef d'orchestre français Serge Baudo fête ses 80 ans. Le festival Printemps de Prague a saisi cette occasion pour lui offrir un concert. Ce lundi, Serge Baudo a dirigé, salle Smetana de la Maison municipale, l'Orchestre symphonique de Prague exécutant des oeuvres de Debussy, de Ravel et de Berlioz. Portrait du plus tchèque des chefs d'orchestre français.
80 ans, une longue vie consacrée à la musique. Ambassadeur de la musique française dans le monde, Serge Baudo n'en est pas moins un admirateur de la musique et des musiciens tchèques. Ses riches relations avec le milieu musical tchèque commencent en 1959, lors de sa première tournée à l'étranger, lorsqu'il dirige, déjà, l'Orchestre symphonique de Prague. Au festival Printemps de Prague de 1966, il évoquera ses compositeurs tchèques préférés :
« Vous savez quand j'aime quelque chose, il m'est très difficile de dire pourquoi. Je ne cherche d'ailleurs pas toujours à l'analyser, je l'avoue. C'est peut-être un peu par paresse. D'habitude on prend l'ordre chronologique mais je vais donc commencer dans le sens inverse. Pour moi, actuellement, c'est Janacek. Et si vous voulez, en reculant, c'étaient Smetana et Dvorak. »
Pendant des dizaines d'années Serge Baudo revient en Tchécoslovaquie et puis en République tchèque pour travailler avec l'Orchestre symphonique de Prague mais aussi avec la Philharmonie tchèque. Les enregistrements qu'il a réalisé avec cette formation, dont l'intégrale des symphonies et l'oratorio « Jeanne au bûcher » d'Arthur Honegger, remportent un grand succès international et resteront inégalés. En 2001, il devient, pour cinq ans, directeur musical de l'Orchestre symphonique de Prague et se met à initier ses musiciens aux secrets du style français. L'une des premières oeuvres qu'il étudie avec eux est la musique du ballet Daphnis et Chloé de Maurice Ravel :
« Alors c'est un gros travail mais l'orchestre est tellement disposé, il collabore tellement avec moi, que nous avons fait ce gros travail avec beaucoup d'enthousiasme. Et je tiens d'ailleurs à les remercier parce qu'ils ont été avec moi, pendant cinq jours, sous une pression terrible, mais le résultat, c'est qu'on arrive à trouver une transparence qui est indispensable et qui est quelquefois à l'opposé de la technique, notamment celle des cordes. »
Malgré les succès remportés dans les grandes métropoles musicales du monde, la collaboration avec les musiciens tchèques restera donc pour Serge Baudo une importante étape de sa vie artistique et une affaire du coeur :
« Je ne peux pas oublier que tout ça n'aurait pas existé si en 1959 je n'avais pas été invité pour la première fois à diriger cet orchestre. Première fois aussi pour moi que je quittais la France pour me présenter à l'étranger. Cette relation avec Prague et avec tous les orchestres que j'ai pu connaître, et notamment avec l'Orchestre philharmonique tchèque, avec lequel j'ai beaucoup travaillé, demeure un événement exceptionnel dans ma vie et je tiens à remercier tous les Tchèques, les musiciens et l'audience qui m'ont rendu tellement heureux. »