La Bohême du Sud fait partie des plus belles régions du pays. Un ravissant paysage, de nombreux étangs à grande tradition grouillant de carpes, couverts d'une brume légère au printemps et d'un épais brouillard à l'automne.
Tabor, deuxième ville de la région, jouit d'un riche passé historique. Située entre la rivière Luznice et l'étang Jordan, lieu de baignade agréable, elle attire le visiteur par son noyau historique où l'on peut admirer les magnifiques frontons des maisons anciennes. Bien évidemment, on y retrouve le monument du célèbre chef hussite Jan Zizka de Trocnov. Au XVe siècle, la ville de Tabor fut justement le centre des Hussites.
Château de Bechyne
Dans les environs de Tabor il est intéressant de visiter le cloître pittoresque de Klokoty et la ville thermale de Bechyne où se trouve un magnifique château. Depuis le XVIIe siècle, cette dernière est célèbre pour le traitement des maladies de l'appareil locomoteur. Bechyne est également renommée pour son école de céramique, la plus ancienne en Bohême, et pour la première voie électrifiée en Europe. Bechyne est aussi le lieu où se déroule chaque année le Festival international de musique de la Bohême du Sud.
L'usine Koh-i-noor Hardtmuth
Mais la Bohême du Sud, ce ne sont pas uniquement des monuments historiques et un beau paysage. Ainsi, la ville de Ceské Budejovice, outre son histoire, est connue pour la production de crayons qui a démarré en 1848. L'usine a été fondée par la famille bavaroise Hardtmuth, dont Josef Hardtmuth fut architecte à la cour de Joseph II. C'est lui qui a mis au point le procédé de fabrication de la mine de crayon. Tout le monde connaît bien la marque Toison d'or ! En 1893, l'usine reçut l'appellation Koh-i-noor, diamant précieux offert à la reine d'Angleterre Victoria près de cinquante ans auparavant. Au début du XXe siècle l'usine possédait des filiales dans huit pays dont la France. Evidemment, après la guerre, Koh-i-noor fut nationalisée, mais la société fut l'une des rares à continuer à exporter également en Occident. Après la révolution de velours l'usine est redevenue privée. Actuellement, Koh-i-noor est principalement présent sur le marché avec des articles pour le dessin et la peinture. Les mines de crayons sont fabriquées en Asie.
Et maintenant, une petite légende sur les crayons magiques... Au XIXe siècle travaillait à l'usine de Koh-i-noor un ouvrier brave et jeune. Il était marié et avait une petite fille de quatre ans dont la santé était très fragile. Elle souffrait très souvent de bronchites. Un jour, elle contracta une fluxion de poitrine. C'est une maladie dangereuse en soi, mais pour la petite d'autant plus que sa santé était déjà ébranlée. Il aurait fallu de bons médicaments et des oranges, mais tout cela dépassait les moyens du père de la fillette. Mais un soir avant de partir, il ramassa quelques crayons de couleur qui avait des petits défauts et étaient donc destinés à être jetés. L'ouvrier les ramena à sa fille malade. La petite fut ravie car elle adorait dessiner et il faut dire qu'elle avait beaucoup de talent. Encore avant de se coucher elle se mit à dessiner des arbres, des oiseaux, des animaux et finalement une orange. Puis elle posa tout sur sa table de nuit et s'endormit.
La nuit, elle rêva que les crayons de couleur s'étaient transformés en de petites créatures multicolores qui se mirent à danser sur sa couverture et sa table de chevet. Lorsque le matin elle ouvrit ses grands yeux bruns, la fillette aperçut à côté de son lit un panier d'oranges. Elle raconta aux parents surpris son rêve. Mais quel fut leur étonnement lorsqu'ils trouvèrent au fond du panier d'oranges une bourse en cuir remplie de diamants. Les parents comprirent que les cadeaux provenaient des lutins incarnés dans les crayons de couleur.
Le père acheta des médicaments pour sa fille qui par la suite guérit très vite. Il quitta l'usine, acheta une maison et ouvrit une papeterie où il vendit, entre autres, des crayons de couleur. Mais on ne sait pas s'ils étaient enchantés ou pas.
