Fin de l'Année Mozart : beaucoup de manifestations et quelques rares sommets
Le projet « Mozart-Prague-2006 », organisé à l'occasion du 250e anniversaire de la naissance du grand Salzbourgeois, touche à sa fin. Loin de rivaliser avec les grandes métropoles mozartiennes, Vienne et Salzbourg, Prague a contribué elle aussi aux innombrables activités organisées à cette occasion dans le monde. Un petit bilan s'impose.
Un quart de millénaire s'est écoulé depuis la naissance du génie de Salzbourg et aujourd'hui il n'est ni oublié, ni négligé. Au contraire, au seuil du XXIe siècle, il est devenu une véritable vedette médiatique et on en vient à se demander si cette immense popularité de la personne du compositeur n'éclipse pas finalement sa musique. Nous ne cessons de parler de Mozart mais sommes-nous encore capables d'écouter et de savourer sa musique comme nos ancêtres pragois au XVIIIe siècle? Car l'histoire de la musique nous apprend que Prague a été la première ville à reconnaître le génie de Mozart et à lui faire goûter les délices de la gloire. La musicologue Markéta Kabelkova cherche une explication à l'engouement des Pragois pour Wolfgang Amadeus:
« A Prague, il y avait beaucoup de musiciens très instruits, on y jouait la production musicale d'Europe centrale. En 1786, on y a donné l'Enlèvement au sérail qui a été la première oeuvre scénique de Mozart présentée à Prague et déjà cet opéra a suscité un grand enthousiasme. Ensuite, c'était Les Noces de Figaro, également en 1786, et le succès de cet opéra a valu à Mozart une invitation à Prague. Il y avait dans cette ville une tradition des productions d'opéras depuis les années trente du XVIIIe siècle. A l'époque, on vivait avec la nouvelle musique, tout ce qui était plus vieux de trente ans devenait esthétiquement inacceptable. Ces gens-là étaient tout simplement capables de saisir les qualités de cette musique. »16 institutions culturelles tchèques se sont associées pour fêter tout au long de l'année 2006 l'anniversaire de Mozart. Elles ont organisé quelques 250 manifestations culturelles, concerts, représentations théâtrales, colloques et expositions. Le public avait donc un embarras de choix et pourtant il y a des musicologues qui jugent les résultats de l'année Mozart en République tchèque comme un peu maigres.
Selon le rédacteur en chef de la revue Harmonie, Lubos Stehlik, la quantité primait sur la qualité et il n'y avait pas beaucoup de manifestations qui auraient pu se mesurer avec les productions de l'Année Mozart à Vienne et à Salzbourg. La présentation des oeuvres moins connues de Mozart a cependant enrichi la vie musicale tchèque. Selon Lubos Stehlik, l'Année Mozart en Tchéquie a eu trois sommets : le Concerto pour clarinette exécuté par Sharon Kam et l'Orchestre philharmonique tchèque au Théâtre des Etats le jour de l'anniversaire de la naissance du compositeur, le récital de la mezzo-soprano Magdalena Kozena au Théâtre national et la première de l'opéra « La Clemenza di Tito » monté par les époux Ursel et Karl-Ernst Hermann et le chef d'orchestre Alessandro de Marchi.
D'autres critiques ont relevé encore le concert de l'Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Daniel Barenboim ou l'opéra « Cosi fan tutte » présenté en version concert par l'orchestre « Prague Philharmonia » sous la direction de Jiri Belohlavek.Tandis que les organisateurs du projet sont satisfaits, les musicologues estiment donc que l'Année Mozart en Tchéquie manquait d'ambitions. Ceux qui la comparent avec les manifestations de Vienne et Salzbourg ne devraient cependant pas oublier que le budget pragois a été considérablement inférieur aux moyens dont disposaient les villes autrichiennes.