Beaucoup de questions autour de l'affaire du « tueur à l'héparine »
L'opinion publique, les médias, les spécialistes sont horrifiés. En effet, comment est-il possible qu'un employé ait pu perpétrer ses crimes pendant une si longue période à l'hôpital de Havlickuv Brod, une ville assez importante du Plateau tchéco-Morave ? Insuffisance dans la sécurité, défaillance personnelle, négligeance ? Toutes ses questions trouvent, peu à peu leurs réponses.
Les meurtres en série ne sont pas chose courante en Tchéquie et encore moins dans le milieu hospitalier. Pour cela, l'affaire de l'employé de l'hôpital de Havlickuv Brod, Petr Zelenka, qui est soupçonné, d'après la police, du meurtre de sept patients et de tentative de meurtre sur dix autres en leur appliquant de l'héparine qui empêche la coagulation du sang, fait la Une des médias tchèques depuis quelques jours. Selon son avocat, Zelenka aurait tué huit patients et tenter d'entraîner la mort de neuf autres malades placés en soins intensifs. L'affaire n'a rien à envier au plus noir polar, et on se demande vraiment comment l'infirmier a pu sévir impunément dans un hôpital. Un séjour dans un hôpital serait-il lié au risque d'y trouver une mort provoqué intentionnellement ? C'est ce que se demande une bonne partie de l'opinion publique. Les autorités régionales ont révoqué le directeur de l'hôpital de Havlickuv Brod, seulement deux jours après que la police ait annoncé qu'elle soupçonnait son ancien employé. Explications du gouverneur, Milos Vystrcil :
« Le directeur de l'hôpital ne nous a pas annoncé qu'il avait porté plainte. C'est la police qui nous l'a appris. Nous considérons cela comme une faute importante. Ensuite, il a licencié l'employé, mais c'était une grave erreur, car on ne peut envoyer un assassin présumé dans la rue. »Dans la rue ? Pas tout à fait, car le directeur a simplement licencié Petr Zelenka qui a retrouvé un emploi très facilement à l'hôpital de la ville voisine, Jihlava. Pourtant, il le soupçonnait d'être l'auteur de meurtres en série, d'où sa plainte à la police ! C'est à cette dernière, justement, que Ondrej Neff, commentateur du quotidien national Lidove Noviny, s'intéresse. Il se demande pourquoi l'enquête a duré si longtemps depuis la plainte déposée par l'hôpital jusqu'à l'arrestation du meurtrier, le 1er décembre. Un autre problème est apparu : sans les aveux de Petr Zelenka et sa description précise des faits qu'il était le seul à connaître, la police n'aurait pu l'inculper, car seuls des soupçons existent et non pas des preuves. Un problème que le ministre de la Santé, Tomas Julinek, compte résoudre en appelant tous les hôpitaux à oeuvrer pour l'obtention de l'accréditation internationale, dont un audit de sécurité fait partie. L'objectif ? Une meilleure organisation dans les services hospitaliers, surtout en matière de contrôle de l'utilisation des médicaments. Des produits comme l'héparine, par exemple, ne devraient pas être à la disposition de n'importe quel employé.