Mozart au cinéma : « Amadeus », mais pas seulement

Mozart... Prague, une des villes où le compositeur autrichien a le plus rayonné de son vivant, célèbre le 250e anniversaire de sa naissance avec ce même enthousiasme qui a accompagné l'arrivée triomphale du maestro dans la ville aux cent tours, en 1787. Un autre lien fort qui s'est tissé entre les Tchèques et le divin Wolfgang date du XXe siècle. « Amadeus », cela vous dit quelque chose, n'est-ce pas ?

Non, ce n'est pas un extrait du fameux film de Milos Forman de 1984, tourné partiellement à Prague et auréolé de plusieurs Oscars, mais d'un nouveau film documentaire tchèque sur le génie. Intitulé « Adieu Mozart » et produit par la société BVA International, il a récemment été présenté en première à Prague et sera diffusé par la Télévision publique début mars. « Adieu Mozart » raconte les trois séjours du compositeur à Prague, sur lesquels Radio Prague reviendra dans les programmes « mozartiens » de ce week-end. Basé sur des faits historiques, le film est pourtant doté d'une forme de récit qui le rapproche de la fiction. Rien d'étonnant, car son scénario est signé de l'historien et écrivain Zdenek Mahler, qui a également collaboré au film de Milos Forman.

« Un débauché immature ? Surtout pas ! », « Mozart aurait 250 ans - arrêtons d'abuser de lui »... Ces titres de la presse témoignent d'une polémique entre partisans et adversaires de la popularisation artistique quelque peu poussée de la vie et de l'oeuvre de Mozart, une polémique qui est, depuis « Amadeus », toujours vivante. Dans les pages des quotidiens tchèques, les musicologues tentent de reconstituer « la vraie » image de Wolfgang qui n'a rien à voir avec le culte mozartien de notre époque, saupoudré du chocolat de Salzbourg : celle d'un intellectuel et observateur brillant, d'un amateur de philosophie et de littérature, de l'auteur d'une musique qu'on aurait tort d'étiqueter « tout public ». Mais tous les spécialistes n'ont pas une opinion tranchée sur les adaptations littéraires et cinématographiques du « phénomène Mozart ». Ecoutez Stanislav Bohadlo, musicologue et directeur du festival de théâtre, d'opéra et de musique baroques Theatrum Kuks :

« Evidemment, dans l'histoire de la musique, il n'y a pas de place pour une fabulation quelconque. Il nous reste, tout simplement, des questions auxquelles nous n'avons pas de réponses. Ces 'blancs', les écrivains peuvent les remplacer par leurs propres raisonnements, ils peuvent aussi créer des relations entre les gens qui ne sont prouvées par aucune source historique. Donc là, en effet, il existe une contradiction. Mais personnellement, je n'y trouve rien de fatal. La popularisation de l'oeuvre de Mozart est aussi importante, je dirais même que son rôle est irremplaçable. Peter Schaffer et Milos Forman, aussi fabulateurs soient-ils, nous présentent une personnalité unique, dont le génie est incontestable. En plus, la place réservée dans le film de Forman à la musique est tellement importante... ! Sans exagérer, c'est une promotion de Mozart sans précédent. »

Auteur: Magdalena Segertová
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