Boskovice fête ses 800 ans en musique et en expos
Elue ville historique de l’année 2021, Boskovice, en Moravie du Sud, fête en 2022 ses 800 ans. Nous vous invitons à découvrir le programme des festivités, qui ont lieu toute cette semaine. Sans oublier que cette ville hautement culturelle mérite un petit détour même hors année anniversaire.
2022 est une année importante pour Boskovice, à une quarantaine de kilomètres au nord de Brno : la ville de quelque 12 000 habitants fête ses huit siècles d’existence. Si des évènements culturels sont organisés depuis mars pour marquer le coup, c’est durant la période du 19 au 28 août que culminent les festivités. En effet, la première mention écrite de la ville remonte très précisément au 26 août 1222, comme l’explique Ondřej Dostál, responsable du service culturel de la ville de Boskovice :
« Le 26 août 1222, un document de Přemysl Otakar Ier a été signé par un certain Jimram de Boskovice. Grâce à cela, nous savons qu’il y avait une colonie et qu’elle avait un seigneur. Il s’appelait Jimram, et la colonie s’appelait Boskovice. C’est la première mention de notre ville, qui n’était pas encore une ville à l’époque. C’est ce petit détail qui nous permet de célébrer cela cette année. »
Le lendemain de cette date anniversaire – le 27 août, donc – un grand concert de l’orchestre philharmonique Janáček d’Ostrava sera donné. Un concert tout sauf élitiste, puisque les billets d’entrée ne coûteront que 8 couronnes, somme symbolisant les huit siècles d’histoire de la ville.
Huit siècles d’histoire
Cette même soirée, un ouvrage nouvellement publié et retraçant cette histoire sera d’ailleurs présenté au public. Une histoire qui remonte certainement à une date antérieure à celle de la première mention écrite… On sait pour sûr que le château fort de Boskovice a été construit dans la première moitié du XIIIe siècle ; après les ravages des croisades contre les hussites, le domaine a été restitué aux seigneurs de Boskovice par le roi Georges de Bohême en 1458. Au XVIIIe siècle, le château était propriété de la famille de Dietrichstein. Laissé à l’abandon en 1733, il s’est ensuite progressivement dégradé.
À partir de 1819, un nouveau palais de Boskovice, de style Empire, a été édifié à l’initiative du propriétaire Franz Joseph von Dietrichstein (1767-1854), général de l’armée autrichienne. Depuis 1856, les bâtiments appartiennent à la famille de Mensdorff-Pouilly. Expropriés en 1948, ils ont récupéré leurs biens après révolution de Velours.
Ville culturelle et industrielle
Dans le cadre des festivités des 800 ans de Boskovice, l’aspect industriel de la ville n’est pas oublié, avec une exposition dédiée à ce sujet. Ondřej Dostál :
« L’exposition ‘Boskovice průmyslové’ (‘Boskovice l’industrielle’) consiste en une présentation des entreprises de Boskovice. En effet, si notre ville est une ville culturelle, nous comptons également un grand nombre d’entreprises industrielles, dont pour certaines les propriétaires majoritaires sont à l’étranger, tandis que de nombreuses autres ont été fondées à Boskovice, par des personnes nées ici même ou liées à la ville. Avec cette exposition, nous souhaitons célébrer le moteur qui fait tourner l’économie de la ville. En outre, nous nous inscrivons dans la tradition, puisqu’il y a 100 ans, une exposition similaire avait présenté les entrepreneurs de Boskovice. »
Musique classique et contemporaine
Mais comme l’a dit Ondřej Dostál, ce qui fait l’attrait de la ville, c’est avant tout sa richesse culturelle. Plusieurs personnalités du monde des arts y sont d’ailleurs nées, comme le photographe Josef Koudelka, le peintre František Řehořek et aussi l’artiste Otakar Kubín, dit Othon Coubine, qui s’est par la suite installé en Provence. Dans un autre domaine, le 21 août, c’est Augustin Berger, un natif de Boskovice et grand nom du monde du ballet, qui a été mis à l’honneur. Ondřej Dostál :
« Pour la première fois dans l’histoire de la ville, les solistes du ballet du Théâtre national de Prague ont présenté un gala de ballet à Boskovice. C’est à Boskovice qu’est né Augustin Berger, fondateur du ballet moderne tchèque et chef du ballet du Théâtre national au début du XXe siècle. Il s’est également produit au Metropolitan Opera de New York et a dirigé d’autres compagnies. Ce gala de ballet a donc rendu hommage à ce natif de Boskovice. »
Les amateurs de musique et de genres moins classiques que l’orchestre philharmonique et le ballet ne sont cependant pas en reste, car le programme des festivités des 800 ans de Boskovice prévoit aussi, le 25 août, un concert du groupe de rock tchèque Pražský výběr.
Fête de l’oie
Si la Moravie du Sud est trop loin et que vous n’avez pas le temps de passer à Boskovice d’ici le 28 août, n’ayez crainte : comme chaque année, se tiendront fin septembre les Husí slavnosti. Cette année, la Fête de l’oie de Boskovice aura lieu du 22 au 25 septembre. Ondřej Dostál en explique le concept :
« Il s’agit d’un ensemble d’activités diverses dans lesquelles chacun devrait se retrouver. Oui, on y mange de l’oie ; d’ailleurs j’appelle cette fête une ‘fête de la gloutonnerie’. J’espère n’offenser personne en disant cela… Je suis originaire de Boskovice et j’adore cette fête. Cette année, nous célébrons la 19e année de la Fête de l’oie. C’est un événement traditionnel inspiré de l’activité d’engraissement des oies pour les marchés de Vienne, où elles ont été importées au XIXe siècle. Pendant les quelques jours de cette fête, tout Boskovice sent bon l’oie rôtie, car tous les restaurants ou presque font rôtir de l’oie et préparent du chou et des quenelles pour l’accompagner. Nous organisons un concours du meilleur plat oie-chou-quenelle. »
« Cependant, on ne vit pas seulement par ce que l’on ingère, mais aussi par ce que l’on regarde et écoute. Nous proposons donc un programme musical et un programme pour les enfants, qui se déroulera dans le château. Cette année, la principale vedette musicale sera le groupe de pop-rock tchèque Mig 21. »
Festival pour le quartier juif
Autre événement culturel devenu une véritable institution, le Festival pour le quartier juif organisé depuis une trentaine d’années par Unijazz dans l’objectif de préserver et de mettre en valeur le patrimoine de ce quartier, témoin aussi de l’histoire de la ville de Boskovice. En effet, au XIXe siècle, la communauté juive représentait un tiers de la population de Boskovice. A l’époque de son plus grand essor, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la cité juive de Boskovice était le siège du Grand rabbin morave et comptait plus de 1800 habitants. Mais l’âge d’or des années 1920-1930 a eu une fin tragique : en 1942, plus de 400 habitants de Boskovice d’origine juive étaient déportés à Terezín et dans des camps d’extermination. Seuls 14 d’entre eux ont survécu.
Le Festival pour le quartier juif présente principalement des grands et des moins grands noms des scènes rock, folk, jazz et alternative tchèques, mais propose également des projections de films documentaires, des conférences et des spectacles pour les enfants, et même une excursion en vélo pour découvrir les environs de la ville. Il a lieu sur quatre jours début juillet. C’est donc trop tard pour cette année, mais vous pouvez d’ores et déjà prendre note pour l’année prochaine !
