Otar Iosseliani à Prague pour l'ouverture du Febiofest
Le film « Jardins en automne » du cinéaste géorgien, Otar Iosseliani, a été présenté, vendredi, en ouverture du 14e festival international du film, Febiofest. Otar Iosseliani est né à Tbilissi et a été formé à l'école de cinéma de Moscou, dans les années 50.
« Je vis en Géorgie et en France. Quand je travaille, je travaille en France, parce que le cinéma géorgien n'existe plus. J'ai commencé à travailler en France dans les années 1980, parce que c'était clairement dit que je ne pourrais plus tourner les films en Union soviétique. Je n'aime pas quand on parle de son passé difficile, parce que c'était une période quand même très heureuse. On nous a donné, quand même, la possibilité de faire les films et qu'ils étaient interdits, c'était tout à fait naturel. En ce qui concerne mes films, il n'était pas possible de faire les films anti-soviétiques mais, regardez bien le terme, ils n'étaient pas anti-soviétiques, mais asoviétiques. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de traces d'existence de cette bande des brigands qui s'appelaient les bolcheviques. Etre honnête et avoir la conscience pure c'est très important pour les gens qui pratiquent notre métier. On disait qu'il vaut mieux ne rien faire que faire un rien. Alors, quand j'étais interdit en ex-URSS, ça ne m'a jamais rendu triste. Quand c'était fini, ils nous ont chassé du cinéma. »
A Prague, Otar Iosseliani a indiqué être avant tout « un réalisateur géorgien, qui fait des films géorgiens, même si les Français pensent que ce sont des films français ». A son arrivé en France au début des années 80, les débuts n'ont pourtant pas été faciles :« J'ai fait mon premier film qui s'appelait « Les Favoris de la lune », en France, et là, j'ai découvert que c'était aussi dur qu'en URSS. Dur parce que quand je suis arrivé à Paris, je suis allé chez Gaumont et ils m'ont dit 'écoutez il paraît que vous êtes musicien, faites-nous la Traviata !'. Je leur ai dit que la Traviata, je pouvais le faire à Moscou, aussi. Je leur ai raconté ce que je voulais faire et ils ont dit 'oh non, encore du cinéma d'auteur'... Alors j'ai fait un film qui ne me fait pas rougir, « Les Favoris de la lune », puis encore un deuxième, un troisième... J'ai été très bien accueilli en France, petit à petit ils se sont habitués à moi et ils ne disent plus « cinéma d'auteur », ils disent cinéma tout court. »
Le film « Jardins en automne » raconte l'histoire d'un ministre déchu, qui perd tout mais va redécouvrir la « vraie » vie. Otar Iosseliani s'est défendu de s'être inspiré d'hommes politiques réels, à son plus grand regret d'ailleurs :« Non, pas de personnage réel, c'est plutôt notre désir qu'ils soient comme ça. Mais le moment d'être chassé de partout et redevenir un être vivant et normal, cela signifie de présenter aux spectateurs votre point de vue, dire clairement que les politiciens, les personnages qui imaginent qu'ils peuvent changer le monde, qu'ils perdent leur temps, parce qu'ils ne vivent pas, ils fonctionnent. »
A noter que le réalisateur n'est pas reparti de Prague les mains vides : le prix Kristian pour sa contribution au cinéma mondial lui a été remis par la réalisatrice tchèque Vera Chytilova. Le festival Febiofest se poursuit jusqu'à la fin de la semaine dans la capitale tchèque.