Prague a ouvert au public ses monuments moins connus

Les Journées du patrimoine européen ont permis, ce week-end, aux Tchèques de visiter des monuments normalement inaccessibles. Vaclav Richter a profité de cette possibilité et s'est rendu dans plusieurs monuments moins connus de Prague.

Il faut dire, pour commencer, que les Journées du patrimoine européen ont eu lieu les 8 et 9 septembre, non seulement en République tchèque, mais dans quelques dizaines de pays de notre continent. A Prague, le choix des monuments ouverts au public à cette occasion était assez riche. On a pu se rendre par exemple dans les parties normalement inaccessibles de l'Eglise Saint-Nicolas de Mala Strana, qui est sans doute le monument baroque le plus important de Prague. Les visiteurs ont admiré la sacristie avec un mobilier orné de marqueteries aussi riches que précieuses. Ils ont pu aussi regarder la nef avec d'innombrables statues, tableaux et fresques du haut des galeries et voir une exposition de tableaux d'un des plus grands peintres baroques tchèques, Karel Skreta. Toujours au quartier de Mala Strana, on a ouvert aussi l'Eglise Saint-Thomas et le couvent des augustins. Cette église gothique à l'origine et remaniée dans le style baroque au 18ème siècle, par l'architecte Kilian Ignac Dienzenhofer, forme, avec les édifices du couvent, l'un des endroits les plus pittoresques de la capitale. Son intérieur richement décoré abrite entre autres deux tableaux de Rubens. On a eu l'occasion de découvrir également plusieurs maison anciennes du quartier de la Vieille Ville avec leurs couloirs, escaliers, cours et jardins qui conservent encore aujourd'hui beaucoup d'atmosphère des temps révolus et sont recherchés par les amateurs d'histoire. On a été nombreux à visiter le salon Masaryk à la gare principale de Prague, construit au début du 20ème siècle. Le salon était destiné à des cérémonies officielles et on y accueillait notamment des hôtes de marque qui venaient d'arriver dans la capitale tchèque par train. Aujourd'hui on admire les boiseries, les tableaux immenses et les ornements en stuc de cette salle aménagée dans le style "art moderne" très pur. Mais la plus grande surprise, sans doute, a été réservée aux visiteurs du palais Kaunic, situé au centre historique de la ville. Cet édifice baroque avait été, dans la seconde moitié du 20ème siècle, siège de l'Union tchécoslovaque des femmes, qui, après sa dissolution, a laissé le palais dans un état lamentable. Vers la fin des années 90, le palais, qui appartient aujourd'hui à la ville de Prague, a subi une reconstruction à fond. Aujourd'hui il abrite, au rez-de-chaussée, le musée Alfons Mucha et, au premier étage, on peut voir une suite de salles richement aménagées avec un mobilier baroque luxueux, des dorures, des fresques et des lustres immenses. Une occasion pour les visiteurs de se faire une idée de la vie des nobles pragois au 18ème siècle, mais aussi d'évoquer les vicissitudes de l'histoire qui a mis cette demeure seigneuriale en possession de l'Union des femmes, institution qui, au milieu des fastes baroques et sous prétexte de défendre les droits de la femme, servait en réalité le régime totalitaire.