Quand l’histoire se mire dans la vaisselle en porcelaine
Si vous aimez l’histoire et que vous vous intéressez au mode de vie des puissants de ce monde, vous ne devez pas manquer de visiter ces jours-ci le Pavillon d’été de la reine Anne à Prague appelé aussi Belvédère. Vous aurez d’abord le plaisir de retrouver après une restauration complète cet édifice Renaissance considéré comme le plus pur dans les pays d’outre-Alpes et vous pourrez voir à l’intérieur l’exposition intitulée « Les porcelaines du Château de Prague ».
Au début du XIXe siècle l’Autriche croule sous les dettes et est donc obligée de faire fondre et de changer en monnaie ses vieux services de table en argent et en or. Et c’est à ce moment-là que la vaisselle en métal est remplacée par la porcelaine, la faïence et le grès. Jaroslav Sojka présente les objets réunis au rez-de-chaussée et au premier étage du Belvédère :
« Nous exposons les services de table de l’empereur François Ier de la période après la chute de Napoléon, ceux du règne de Ferdinand V le Bon, le dernier empereur autrichien qui s’est fait couronner roi de Bohême au château de Prague en 1836, et aussi les services de l’empereur François-Joseph Ier et de son épouse, l’impératrice Elisabeth surnommée Sissi. »Cependant les auteurs de l’exposition ne se sont pas limités qu’aux porcelaines mais leur choix, qui n’est pas d’ailleurs approuvé à l’unanimité par les critiques, englobe toute une gamme d’objets et de matériaux utilisés jadis au Château de Prague. Jaroslav Sojka résume :
« Le visiteur peut voir des objets de céramique ordinaires des XVIe et XVIIe siècles trouvés lors des fouilles archéologiques au Château de Prague. Il verra aussi des objets importés de Chine et du Japon du XVIe au XVIIIe siècle donc pendant la période de fascination pour l’Orient ou bien la faïence fabriquée dans la manufacture de Holíč en Slovaquie fondée par François de Lorraine, époux de l’impératrice Marie-Thérèse. Et il y a également des dizaines d’objets fabriqués par diverses manufactures et usines de porcelaine. » Tasses, assiettes, théières, soupières, salières, terrines, statuettes et vases exposés dans les vitrines ont été fabriqués à Slavkov (Schlaggenwald), la plus ancienne manufacture de porcelaine tchèque, et aussi dans les manufactures de Doubí (Aich), de Loket (Elbogen) et dans des dizaines d’autres. Plusieurs vitrines sont réservées aux porcelaines fines importées, dont celles de Meissen, de Berlin et de Sèvres. Le centre de la grande salle du premier étage du Belvédère est occupé par des tables dressées où s’étalent des services des Habsbourg mais aussi ceux des présidents tchèques qui leur ont succédé à partir de 1918. Le visiteur peut donc comparer la vaisselle du XIXe siècle à celle utilisée plus tard par les présidents Tomáš Garrigue Masaryk, Edvard Beneš, Antonín Novotný et même le chef d’Etat actuel Václav Klaus, et revenir donc progressivement du passé au présent.L’exposition du Belvédère sera ouverte jusqu’au 11 septembre.