Radovan Kuchar
Radovan Kuchar, né en 1928, est le premier alpiniste tchécoslovaque qui a vaincu les redoutables parois du Cervin par sa face nord et de l'Eiger, le Petit Dru par sa face ouest et l'éperon Walker, dans les Grandes Jorasses. Membre de la première expédition tchécoslovaque au Hindou Kouch, il est parvenu au sommet des pics de Uparisin et de Koh-e-Herad. Les expériences acquises au cours de ces escalades périlleuses sont regroupées dans son livre intitulé Les dix grandes parois (Deset velkych sten), que le célèbre alpiniste a rédigé et publié en 1963. Le livre est paru en Hongrie, en Slovénie, en RDA et en Suisse. R. Kuchar est considéré par les spécialistes commee le meilleur alpiniste tchèque du XXe siècle et la vedette de ce sport dans les années cinquante et soixante.
Nous sommes au début de la Deuxième Guerre mondiale. R. Kuchar est jeune et étudie à l'Académie de commerce. Après la fermeture des écoles en Bohême par les nazis, il est réquisitionné pour les travaux forcés. Une période dont il a gardé un très mauvais et sur laquelle il n'aime guère revenir. C'est justement en ces temps mouvementés qu'il entreprend ses premières ascensions à Hruboskalsko, une ville de rochers située en plein Paradis tchèque, en Bohême du Nord. Il est enchanté et attiré par ce sport, beau et dangereux. L'alpiniste débutant progresse rapidement et fait bientôt partie des meilleurs. R. Kuchar, commence à rêver de haute montagne. Il commence par les Tatras, en Slovaquie. Ce sont des débuts assez difficiles, l'équipement de l'époque ne valant en rien celui d'aujourd'hui. L'équipement totalitaire était en effet des plus rudimentaires : les chaussures de montagne ne sont pas imperméables et les denrées de consommation en altitude restent introuvables. L'expérience acquise dans les Tatras seront d'une aide précieuse au cours des ascensions dans les Alpes et dans le Caucase, et ce bien que les conditions et le style ne soient pas tout à fait comparables.
La première conquête dans les Alpes est celle de l'Aguille de Grand Charmoz. Radovan Kuchar a alors vingt-huit ans. S'ensuivent le Petit Dru, un an plus tard, puis le Mont Blanc, l'éperon Walker dans les Grandes Jorasses, le Cervin, l'Eiger, Cima Grande di Lavaredo, le Donguz Orun dans le Caucase, et bien d'autres encore. Mais les géants de six mille mètres restent toujours un désir non réalisé. Le rêve prend forme en 1965. La première expédition tchécoslovaque part à destination du Hindou Kouch et revient couronnée de succès. Dix-sept ascensions ont été réalisées, dont sept premières de pics dépassant les six mille mètres. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le grand alpiniste a également parcouru les montagnes en Roumanie, en Mongolie, dans l'Altaï et parvenu au sommet du Pamir. Il devait faire partie de l'expédition tchécoslovaque partie dans les Andes, au Pérou, en 1970 et qui n'en est jamis revenue, le camp des alpinistes étant enseveli par une avalanche.
Quelques mois avant la fatale expédition, R. Kuchar fait une mauvaise chute lors d'une ascension en Bohême. Il se brise le talus. La blessure guérit mal, s'infecte et l'oblige à porter des béquilles pendant deux ans. Une de ses jambes se rétrécie de trois centimètres, la cheville est rigide et les muscles du mollet sont également atteints. Evidemment, il ne peut plus pratiquer l'alpinisme à haut niveau. Mais il continue toujours à faire des ascensions plus faciles. R. Kuchar ne réalisera donc jamais l'ascension du Mont Everest, son plus grand rêve. Paradoxalement, l'accident qui l'a handicapé lui a sauvé la vie !
En 1989, R. Kuchar prend sa retraite. Pendant dix ans, il sera secrétaire de l'Unité de l'éducation physique Cesky raj - Paradis tchèque. Il veillera entre autres au respect de la nature et à la conservation des rochers qui se trouvent dans un état déplorable. R. Kuchar réussit à obtenir une aide financière et, par l'intermédiaire d'une annonce, à recruter des étudiants volontaires voulant bien participer à la sauvegarde de la ville de rochers, dans le Paradis tchèque. Ensemble, ils réussissent à reconstruire quelques belvédères, à poser des centaines de marches d'escaliers en pierres et des rampes. Actuellement, R. Kuchar passe la plupart de son temps dans son chalet près du château Hruba skala, situé dans la région de ses débuts d'alpiniste.