Robert Schad : « Je suis le chorégraphe de l'acier. »
Les sculpteurs travaillent, en général, la pierre ou le bois, Robert Schad, lui, leur préfère l'acier. Ce sculpteur allemand, né en 1953 à Ravensburg, vit aujourd'hui dans la maison de l'ancien propriétaire d'une vieille fonderie du village de Larians en France au milieu d'un vaste parc qu'il a transformé en une immense salle d'exposition de sculptures métalliques. Ce jeudi, commence au Palais des foires abritant le Musée d'art moderne de Prague, une exposition qui fait connaître aux Pragois cet artiste qui a tenté l'impossible : marier l'acier et la danse. Il en a parlé au micro de Radio Prague.
Votre exposition s'appelle L'acier et le temps, pourquoi?
« Parce que dans ma sculpture le temps joue un rôle très très important. La base c'est le temps. La base du mouvement est le temps. Le mouvement dans la sculpture c'est quelque chose qui n'existe pas réellement, mes sculptures ne bougent pas, mais elles donnent une idée du mouvement virtuel. Quand on regarde la sculpture, on a l'impression qu'elle s'arrête pendant le temps qu'elle est regardée et qu'elle continue à bouger quand on tourne la tête. »
Pourquoi avez-vous choisi l'acier comme principal matériau de votre travail ?
« C'est une bonne question. J'ai toujours admiré l'utopie des créateurs de grandes constructions métalliques, par exemple Jean Eiffel ou les constructeurs de grands jardins botaniques en Angleterre. Mais je ne voulais jamais que cette utopie se réduise seulement à son aspect tectonique, statique, à l'aspect d'ingénierie. Je cherche toujours aussi une utopie humaine. Cela veut dire que mon acier ne montre pas son caractère de matériel de construction des armes et des machines. Il cherche son thème dans la relation du corps humain et de l'espace. Que fait l'homme qui est un organisme construit d'os et d'articulations et qui a la possibilité de bouger et de danser dans l'espace, que fait-il dans l'espace ? »
Pourquoi vous confrontez vos sculptures avec la danse ?
« Parce que je pense que chacun a besoin d'un partenaire dans l'espace. Partenaire dans l'espace, ça veut dire aussi un objet, ça veut dire un bâtiment dans lequel on se trouve. Les personnes qui entrent en contact avec mes sculptures, avec de grandes sculptures, dans un espace public sont confrontées à quelque chose qui fait bouger l'observateur. Il doit bouger pour comprendre ce qu'il regarde. Mes sculptures ne sont jamais les meubles d'un l'espace public comme il arrive souvent. Mes sculptures font une définition du lieu qu'on a jamais vu comme ça. »
Quand vous travaillez, quand vous créez une sculpture, est-ce que vous pensez déjà à l'endroit concret où cette sculpture sera installée ?
« Oui, quand je fais des sculptures pour des espaces publics. Ce sont des concours et un jury qui décident. Si on a la possibilité de créer une sculpture pour un espace spécial, la sculpture doit réagir à l'ambiance de cet endroit. Mais pour les expositions c'est un peu différent. Je regarde mes sculptures un peu comme des acteurs sur la scène. Je travaille, lors du montage de mon exposition, comme s'il agissait d'une chorégraphie. J'essais de confronter les différents caractères de mes sculptures, parce que chaque sculpture a son caractère. Moi, je suis le chorégraphe de l'acier. Cela m'intéresse beaucoup. Chaque espace provoque une autre installation. »