Sur les traces de la Ligne Maginot tchèque
La Ligne Maginot, un système de fortifications français bien connu, n'a pas servi à retenir les armées hitlériennes en dépit de sa puissance. Les armées de l'Allemagne fasciste ont contourné les fortifications, les forts et fortins, les postes d'artilleries, les énormes forteresses armées de cloches en béton de dizaines de tonnes, équipées des armes les plus modernes et les plus performantes de l'époque de l'entre-deux-guerres... La Tchécoslovaquie d'alors, très liée à la France, avait aussi construit sa « Ligne Maginot ». Elle devait servir à résister à un éventuel envahisseur étranger... en l'occurrence l'Allemagne voisine qui, sous la dictature de Hitler, comptait dominer l'Europe de l'Atlantique à l'Oural. Heureusement, il n'en fut rien, et nous pouvons célébrer, le 8 mai 2005, le soixantième anniversaire de la Libération, de la fin de la Seconde Guerre mondiale. A cette occasion, nous vous emmenons faire un tour sur deux ouvrages fortifiés datant de cette époque et qui sont ouverts au public.
Dobrosov, c'est le nom d'une des plus importantes fortifications de la « Ligne Maginot » tchécoslovaque ouverte au public. Elle se trouve en Bohême de l'est, dans la région de Nachod. C'est une forteresse de deuxième ligne, destinée à la protection de la frontière, dans le cas où le système de défense avancé, composé de petits fortins auraient été pris. La construction de la forteresse de Dobrosov, un énorme blockhaus, mais qui n'a pas été terminée était planifiée sur dix à quinze ans. Elle entrait dans la conception de la défense de la Tchécoslovaquie, basée sur les systèmes de fortifications. Une autre conception préconisait le renforcement de l'aviation et de l'infanterie motorisée. En fait, le système de fortifications dans les régions frontalières n'a servi à rien. Aucun combat n'y a eu lieu. Josef Farar, l'administrateur de la forteresse de Dobrosov, nous explique ce qu'il est advenu des anciennes fortifications :
« De nos jours, les fortifications qui ont été terminées sont la propriété de l'armée, cela veut dire qu'elles ne sont pas accessibles au public. Elles sont donc secrètes. Certains ouvrages fortifiés sont administrés par des organisations bénévoles ou des clubs d'amateurs de l'histoire militaire. La forteresse de Dobrosov a été classée monument culturel national en 1995. C'est le seul monument national de ce genre, en ce qui concerne l'architecture militaire. »
Grâce aux efforts d'un grand nombre d'amateurs des arts militaires, certaines forteresses ont été transformées en musée. C'est le cas de celle de Dobrosov. Elle se trouve sur une colline, et il faut gravir 232 marches pour y accéder. Pourtant, Dobrosov reçoit dans les 50 000 visiteurs par an. Ils peuvent admirer, à l'intérieur, une exposition de petits soldats représentant les forces de l'armée tchécoslovaque, des uniformes et des armes d'époque. Non loin de Dobrosov, se trouve une autre position fortifiée. Elle porte le charmant nom féminin de Hanicka. C'est un poste d'artillerie, le plus vaste en Tchéquie : 50 mètres de long, sur 18 mètres de large, pour un poids de plus de 12 000 tonnes ! Intéressant d'apprendre la réponse à la question : comment les servants des canons pouvaient-ils atteindre leurs cibles, si la forteresse Hanicka était cachée dans les bois, sur une colline, mais d'où on ne pouvait pas voir la vallée. C'est, de nouveau, Josef Farar qui nous donne l'explication :
« En ce temps-là, en 1938, cette colline était complètement nue. De toute manière, on ne voyait pas dans la vallée. Donc, sur une autre colline, dans un autre ouvrage situé en contrebas, il y avait un observateur qui guidait les tirs des servants du poste d'artillerie, cela grâce à une ligne téléphonique de campagne. »
Hanicka, ce qui veut dire Annette, c'est le nom de la commune voisine. La forteresse pouvait abriter une garnison de 400 hommes. Ils pouvaient tenir plusieurs mois. Des centaines de mètres de couloirs traversent le sous-sol, où se trouvent aussi des magasins de munition, et tout l'équipement nécessaire à la défense. Bien que n'ayant pas servi au combat, la forteresse porte des traces de tirs. Comment cela est-il possible ? Josef Farar :
« Ce sont les vestiges des essais que les Allemands ont effectué sur les ouvrages fortifiés tchécoslovaques. Ils voulaient tester leur résistance et, pour cela, ils ont employé toutes les munitions possibles, en 1940. Malheureusement, ils ont utilisé leurs connaissances plus tard, lors des combats contre les fortifications belges et françaises, ce qui ne nous a pas plu du tout. »
Et bien voilà ! Si vous aimez l'histoire, l'architecture militaire, les uniformes et les armes, nous vous conseillons de vous rendre en Bohême de l'est, dans la région de Nachod, et de visiter les anciennes fortifications tchécoslovaques, les vestiges de la « Ligne Maginot » tchécoslovaque. A part les deux forteresses dont nous avons parlé, bien d'autres ouvrages fortifiés sont ouverts au public, en Bohême, en Moravie et en Silésie, dans la région d'Ostrava et Opava. Une occasion de remonter dans le passé, en cette année du soixantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale !