Un grand avenir pour les géopolymères en République tchèque

Joseph Davidovits, photo: www.geopolymer.org

Joseph Davidovits, scientifique français de renommée internationale, inventeur de la chimie des géopolymères et auteur d'une théorie sur la construction des pyramides égyptiennes est venu, en fin de semaine dernière, à Prague. Il a participé à un séminaire organisé par l'Observatoire national du bruit - institution qui avance l'idée d'utiliser les géopolymères dans la construction des murs anti-bruit en République tchèque.

Les géopolymères ou les polymères minéraux sont des matériaux qui peuvent être utilisés en technologie pour remplacer les matières plastiques. Mais à la différence de ces dernières, issues du pétrole, les géopolymères sont basés sur l'aluminium et le silicium. Joseph Davidovits.

« Puisqu'ils sont minéraux, ils ne brûlent pas. C'est comme ça que j'ai démarré, pour essayer de créer une nouvelle technologie de matériaux dits plastiques qui soient stables au feu, pour l'industrie du bâtiment. Lorsqu'un plastique brûle, il dégage énormément de fumées toxiques qui sont très dangereuses. Ceci est un drame, mais on peut le faire autrement, avec ce type de technologie et ça était mon but, c'est comme ça que j'ai commencé, il y a trente ans. »

Quelles sont les autres qualités des géopolymères ?

« Puisque ce sont des pierres que nous reconstituons, nous pouvons stabiliser à l'intérieur toute sorte de métaux lourds, des radionucléides, des éléments comme l'uranium... Et nous pouvons prévoir leur durée de vie. Nous avons la réponse à la question qui est demandée toujours par les écologistes et autres lorsqu'on est devant ce type de solution : Etes-vous sûrs que ça va tenir pendant... milliers d'années ? Nous ne sommes pas sûrs, on n'est jamais sûr... Mais nous savons que ce que nous faisons a des équivalents géologiques, dont nous connaissons l'évolution dans des différents environnements. Donc si on utilise ce système pour consolider ces matériaux toxiques et si l'ensemble est bien fait, on peut avoir une durée de vie de l'ordre de 10 000 ou 100 000 ans. En plus, on s'aperçoit qu'on a des équivalents archéologiques, que cette technologie était à la base de nos anciennes civilisations. Les géopolymères, c'est en fait l'équivalent de la vieille alchimie... Vous savez, ces vieux alchimistes qui recherchaient la pierre philosophale... Nous l'avons trouvé. On ne fait pas d'or avec, on fait des choses qui nous sont utiles au XXIe siècle, mais pour cela, parfois, on repart 4 000 ans en arrière, parce qu'on utilise des renseignements, des technologies et des matériaux que nous avons découvert avoir été utilisés à ce moment-là. »

En tant que pierres artificielles, les géopolymères s'avèrent être un outil parfait de restauration des monuments historiques. En République tchèque, ils pourraient aider à sauvegarder les célèbres sculptures baroques de Matyas Bernard Braun, situées aux alentours du château de Kuks, en Bohême orientale. Joseph Davidovits.

« La restauration de monuments historiques découle automatiquement de cette science. J'avais pensé pouvoir diriger un projet européen dans ce domaine, il y a quatre ou cinq ans. A l'époque il y avait des fonds pour cela, dans le cadre de la préservation du patrimoine. Puis, la politique européenne a changé, il n'y a plus d'argent pour ça, donc nous avons tout arrêté. Mais il est évident que c'est une des applications, puisque nous refaisons de la pierre. J'ai un groupes de scientifiques partenaires qui travaillent sur les géopolymères au Portugal. Ils ont déjà commencé les études de restauration de leur monuments en pierre. Nous savons que c'est faisable. Comme je suis à Prague, on m'a proposé d'aller voir ce monument. Nous allons voir d'abord comment il est, car je ne l'ai jamais vu. Si c'est fait dans une pierre qui correspond à peu près à ce qu'on est capable de reconstituer, je dirai sans hésiter 'oui, on peut le faire'. »

Auteur: Magdalena Segertová
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