Un mémorandum pour la régulation des rapports entre l'Eglise et l'Etat
Cinq jours après que la Cour suprême a rendu la cathédrale Saint-Guy à l'Etat, la polémique portant sur les droits de propriété de cet édifice considéré par les uns comme la « mère des églises tchèques » et par les autres comme le symbole de la nation continue de battre son plein. Afin de régler ce litige vieux de quatorze ans, des représentants d'une association bénévole chrétienne ont remis, mardi, aux autorités constitutionnelles un mémorandum réclamant une régulation des rapports entre l'Eglise et l'Etat.
C'est pourquoi les représentants de l'Académie chrétienne de Moravie-Silésie ont remis un mémorandum au Bureau du président de la République, ainsi qu'aux présidences de la Chambre des députés et du Sénat. Dans ce document signé par environ 15 000 personnes, les auteurs réclament la restitution ou une compensation financière des biens confisqués à l'Eglise par l'ancien régime communiste ainsi que la ratification du traité entre l'Etat et le Vatican.
Dix-sept ans après la révolution, la République tchèque reste, en effet, un des rares pays européens à ne pas avoir signé d'accord réglant ses relations avec le Saint-Siège. Une réalité, parmi d'autres, qui traduit toute la complexité des rapports qu'entretiennent les Tchèques envers la foi catholique. Autre source de malentendus : le fait que l'Eglise ne soit pas séparée financièrement de l'Etat. Le Cardinal Miloslav Vlk explique quelle est la nature du problème :« Dans la Constitution, il est bien précisé que notre Etat est non confessionnel et que les Eglises sont indépendantes de celui-ci. Cette séparation est donc bien claire. Mais il est vrai aussi qu'il existe une interconnexion économique qui n'a pas été résolue depuis la révolution, il y a dix-sept ans. Nous en sommes arrivés à une telle situation parce que, en 1949, lorsque l'Etat a confisqué tous les biens de l'Eglise, il a publié une loi sur le soutien financier aux Eglises. »
Aujourd'hui, plusieurs possibilités s'offrent donc au gouvernement : soit verser à l'Eglise une compensation financière à long terme en échange des biens non rendus ou alors lui restituer les biens lorsque l'origine de ceux-ci est documentée. Reste à savoir quand les ministres et les parlementaires décideront de se plonger dans l'étude de ce dossier décidément bien délicat mais dont la résolution est indispensable. Car comme le rappellent les auteurs du mémorandum, « le fait que les rapports entre l'Etat et l'Eglise n'aient pas encore été régulés empêche le plein développement de l'activité de l'Eglise au service de la société et une coopération harmonieuse ».