Une fête nationale du 28 octobre pas comme les autres

Jiří Brady, photo: Kristýna Maková

Dans cette nouvelle revue de presse, nous revenons sur l’annulation de la remise d’une décoration à Jiří Brady, 88 ans, rescapé tchéco-canadien des camps nazis, qui devait faire partie d’une trentaine de personnes distinguées par le président Miloš Zeman à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre, une affaire qui a fait couler ces jours-ci beaucoup d’encre. La fermeture des magasins pendant les fêtes, une disposition mise en valeur pour la première fois en Tchéquie, s’applique également à cette date. Nous vous proposons ensuite quelques extraits d’un texte qui se penche sur le legs laissé par le premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk, et le regard d’un expert militaire sur les différents contextes de l’offensive sur Mossoul.

Jiří Brady,  photo: Kristýna Maková
Dans cette nouvelle revue de presse, nous revenons sur l’annulation de la remise d’une décoration à Jiří Brady, 88 ans, rescapé tchéco-canadien des camps nazis, qui devait faire partie d’une trentaine de personnes distinguées par le président Miloš Zeman à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre, une affaire qui a fait couler ces jours-ci beaucoup d’encre. La fermeture des magasins pendant les fêtes, une disposition mise en valeur pour la première fois en Tchéquie, s’applique également à cette date. Nous vous proposons ensuite quelques extraits d’un texte qui se penche sur le legs laissé par le premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk, et le regard d’un expert militaire sur les différents contextes de l’offensive sur Mossoul.

La fête nationale du 28 octobre s’annonce pour une fois houleuse. C’est ce que remarque un texte publié sur le site echo24.cz qui fait part de toutes sortes d’événements prévus pour ce vendredi, dont beaucoup se tiennent en signe de protestations contre les récentes démarches du président de la République, Miloš Zeman. Son auteur écrit notamment :

« Comparé aux autres fêtes nationales qui ne laissent presqu’aucune trace dans les rues, il s’agit d’un changement agréable. Il est clair qu’il a fallu qu’il se passe des choses graves pour inciter la population à vouloir célébrer cette fête de quelque manière que ce soit... Alors, si ce 28 octobre se passe dans le pays dans une atmosphère plus solennelle que d’habitude, si les gens décident d’eux-mêmes de célébrer leur fête nationale, le mérite en revient à Miloš Zeman lui-même. »

L’hebdomadaire Reflex observe que la salle Vladislas où la cérémonie de décoration va se dérouler risque d’être ce vendredi soir à moitié vide, vu le nombre de personnes qui ont décidé de ne pas y participer. Il note également :

« L’affaire autour de Jiří Brady prend des contours qui sont tellement typiques de la petitesse de la politique tchèque... On ne saura probablement jamais comment tout s’est vraiment passé car on a affaire à des affirmations contradictoires. Mais on a du mal à croire que M. Brady ait tout inventé et qu’à son âge, il ait voulu entreprendre un voyage épuisant depuis le Canada pour rien. »

L’auteur d’une note publiée dans le quotidien Lidové noviny estime que l’ensemble de la nation va tourner ses yeux vers le Château de Prague ce 28 octobre en s’interrogeant sur le choix des personnes décorées. Une chose est selon lui certaine, c’est qu’à l’instar des années précédentes, il y aura parmi elles des personnalités qui le méritent pleinement aux côtés de gens qui se verront tout simplement récompensés pour leurs faveurs à l’égard du chef de l’Etat.

Fermeture des magasins

Photo: ČT24
L’éditorial de ce mardi du journal Lidové noviny constate en outre que c’est pour la première fois, ce 28 octobre, que l’on assistera à l’application de la nouvelle loi interdisant l’ouverture, pendant les fêtes, des magasins d’une superficie supérieure à 200 mètres carrés. La fermeture ne concerne pas les pompes d’essence, les pharmacies, les magasins situés dans les gares, dans les aéroports ou dans les hôpitaux. Selon le législateur, le but de cette loi qui a pris effet en ce mois d’octobre consiste à protéger les employés et à leur permettre de passer les fêtes en famille. Le quotidien libéral donne également la parole à des organisations patronales :

« Cette nouvelle disposition est critiquée notamment par la Chambre économique et par l’Union du commerce et du tourisme, leurs responsables prétendant qu’elle affectera négativement tant les employés que les clients. Prêts à déposer une plainte constitutionnelle, les commerçants évaluent leurs pertes annuelles à l’échelle nationale à près de quatre milliards de couronnes. »

Le respect de ce règlement sera strictement suivi par l’Inspection tchèque du commerce. Mais, comme le remarque l’article, en dépit des sanctions prévues, certaines chaînes de magasins se déclarent prêtes à trouver des voies pour pouvoir le contourner.

Ce que Tomáš Garrigue Masaryk nous rappelle

Tomáš Garrigue Masaryk | Photo: Archives de ČRo
Avec son programme démocratique, la Tchécoslovaquie qui a vu le jour le 28 octobre 1918 faisait partie du courant victorieux de l’histoire. C’est ce que constate un texte publié dans le périodique Česká pozice dans lequel son auteur réfléchit sur le caractère et l’orientation du pays entre les deux guerres, ainsi que sur le rôle joué par le premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk. Dans ce texte on peut lire le passage suivant :

« La Tchécoslovaquie de l’époque était un Etat hors du commun non seulement parce qu’il représentait l’unique Etat dans l’histoire à avoir été fondé par un philosophe, mais aussi parce qu’il était accompagné d’une foi dans les idéaux de la démocratie et de l’humanisme, avec une orientation favorable aux pays occidentaux. Dans le nouvel Etat, ces idéaux ont été incarnés en premier lieu par Masaryk lui¬-même, par le cercle de ses collaborateurs, par les légionnaires et une riche vie communautaire. Ces idéaux qui sont à l’origine d’une perception positive et mythique de la Première République, sont devenus pour Masaryk les motifs conducteurs de l’histoire tchèque. »

Selon l’auteur de ce texte, Tomáš Garrigue Masaryk nous rappelle aujourd’hui que les intérêts tchèques et européens sont indivisibles. C’est pour cette raison que notre premier président était partisan du fédéralisme européen et de la formation d’un homme nouveau qu’il a appelé « Homo europaeus ».

L’offensive sur Mossoul vue par un expert tchèque

Photo: ČTK
En rapport avec l’offensive sur Mossoul, en Irak, qui a fait cette semaine la une des pages internationales des médias tchèques, le site aktuálně.cz a mis en ligne un entretien avec Otakar Foltýn, spécialiste des opérations militaires. Une interview dans laquelle il explique :

« Beaucoup d’experts des questions de sécurité comparent le conflit au Proche- et au Moyen-Orient à la guerre de Trente Ans survenue en Europe au XVIIe siècle. Je ne veux pas dire que cette comparaison est pertinente ou que l’actuel conflit, causé et alimenté par des problèmes climatiques, démographiques et religieux dans les régions concernées, va s’étendre sur une trentaine années, mais il va certainement durer longtemps. La théorie évoquant la ‘guerre de Trente Ans’ est soutenue, aussi, par le fait que le conflit se déroule au sein de l’islam, car en premier lieu, il ne s’agit pas d’un conflit avec les chrétiens ou l’Occident. Et, en Europe, comme on le sait, le conflit avait été mené, à l’époque, entre protestants et catholiques. » A la question de savoir à quel point cet incendie guerrier pourrait menacer l’Europe, l’expert tchèque a répondu :

« La menace pour l’économie et les relations internationales est immense. Elle l’est aussi d’un point de vue militaire. L’année dernière, l’Europe a accueilli plus d’un million de migrants. Et tandis que cette vague a pu être gérée, un plus grand afflux se heurterait à des limites politiques. Et non seulement nous pouvons, mais nous devons aider, ne serait-ce que dans l’intérêt de notre instinct de survie, des millions de gens qui ont été contraints à quitter leurs domiciles. Dresser des murs ou des clôtures est une idée insensée et naïve, car jamais dans l’histoire, des fortifications n’ont servi à quelque chose. »

Ce qu’il faut, d’après ses propres paroles, c’est prendre des mesures actives mettant en harmonie la mise en valeur de systèmes sécuritaires renforcés et un engagement sur place, un engagement humanitaire ou, éventuellement, militaire.