Une invitation à découvrir le Portugal

Jan Burian

Que vous aimiez ou non voyager, je vous invite tous à un voyage et vous propose le livre comme moyen de transport. Les récits de voyage permettent même aux sédentaires les plus endurcis de se rendre à l'autre bout de la planète sans quitter leurs confortables fauteuils. Le livre que je vais vous présenter aujourd'hui est cependant plus qu'un simple récit de voyage. C'est aussi un regard original sur un pays, ses habitants, sa culture et son histoire. Son auteur Jan Burian l'a intitulé « Un Voyage au Portugal ou Le guide poétique pour un voyage aller-retour. »

Jan Burian
Dans le paysage culturel tchèque Jan Burian se dresse aujourd'hui comme une butte que l'on voit de loin. Ce chansonnier, compositeur et écrivain né en 1952 a donné 3400 concerts depuis 1970. Fils du metteur en scène Emil Frantisek Burian qui avait révolutionné le théâtre tchèque, Jan a choisi comme principaux moyens d'expression la chanson, la radio et le livre. Il écrit des articles et des feuilletons pour la radio, anime des émissions télévisées. Aujourd'hui il a déjà à son compte une dizaine de livres parmi lesquels les récits de ses voyages au Danemark, en Islande, au Chili et sur les îles de la Mer baltique. Intrigué par le Portugal, ce pays peu connu des Tchèques, il a décidé de lui consacrer un livre et s'est mis au travail avec beaucoup de sérieux.

"Je me disais que c'était pour moi un pays mystérieux à l'autre bout de l'Europe qui appartient à l'Union européenne. C'était étrange que je ne sache presque rien sur le Portugal, alors que je savais déjà quelque chose sur les autres pays. Alors je me suis dit que cela méritait une réflexion et cette réflexion a duré quatre ans. J'aime connaître mon sujet et j'ai donc mis deux ans à me préparer pour écrire ce livre. C'est toujours comme cela, j'écris pendant deux ans et je me prépare pendant deux ans, c'est comme le cycle olympique. Je crains un peu de passer le reste de ma vie dans ce genre de cycle. "


Un lecteur non averti apprendra dans le livre beaucoup de choses sur l'histoire, la culture et les réalités portugaises.

« Je cherchais à voir tout ce que mes amis m'avaient recommandé, les endroits qu'il fallait absolument visiter, les endroits qu'il fallait voir parce que sans les voir on risquait de ne rien comprendre. Je tâchais donc de me rendre dans tous ces endroits où je pouvais comprendre quelque chose. Et finalement, j'ai visité pratiquement tout le Portugal à l'exception de quelques cités d'immeubles en éléments préfabriqués pour les touristes dans le sud du pays. Je ne sais pas si j'ai compris quelque chose de tout à fait extraordinaire mais je me suis arrêté par exemple à Alentejo, qui est une partie très particulière du Portugal où, d'après ce qu'on dit, le temps passe le plus lentement. Il y a même une anecdote selon laquelle le temps y passe à trois vitesses : lentement, plus lentement et arrêt complet. Alors j'y ai vécu avec le temps et c'est assez important car nous vivons ici d'une façon stressée et il est bien parfois de s'arrêter devant certaines pierres qui se trouvent au même endroit depuis dix mille ans, et de réfléchir pourquoi on est là, pourquoi je suis là juste en ce moment. »

Pour donner une image haute en couleur du Portugal et une idée des particularités de la civilisation portugaise, Jan Burian n'hésite pas à ajouter à son récit une multitude de citations. Il y insère donc des passages tirés des livres d'autres voyageurs qui ont découvert le Portugal avant lui, des fragments d'oeuvres littéraires, des extraits de livres d'histoire. Et il ajoute à cette mosaïque bariolée ses propres expériences, ses propres impressions et décrit ses rencontres avec des habitants portugais.

« J'y ai rencontré toute une série de gens intéressants qui mènent une vie tout à fait simple et ordinaire, qui ont leur humour, leur approche du monde. Cela dépend de votre nature. Il y en a qui pour comprendre qu'il se passe quelque chose d'étrange doivent rencontrer un «yetti». Moi, il me suffit de rencontrer les simples villageois et les clients d'un café. Je les regarde tout simplement, je les observe et je me demande en quoi ils nous ressemblent et en quoi ils sont différents de nous. Je joue tout simplement un jeu. »


Jan Burian n'est pas un voyageur aveuglé par la nouveauté et la différence du pays qu'il visite. Il voit non seulement ses aspects positifs et ses curiosités, mais aussi ses côtés moins amusants, ses endroits tristes...

« Les endroits tristes sont ceux qui sont dévastés, il y en a aussi, surtout quand vous voyez que l'industrie et le capitalisme envahisseur des supermarchés détruisent la nature et des régions entières. Et puis il y a des endroits dévastés par les incendies. Ils sont très nombreux. J'ai dormi une nuit dans la maison d'une amie qui avait perdu une semaine plus tôt tous ses biens, y compris le jardin, tous ses biens sauf la maison, et c'était très désert et très déprimant. Maintenant, d'après ce quelle m'a fait savoir, cela reverdit de nouveau. »

Le voyage a donné à Jan Burian beaucoup de matière à réfléchir mais aussi une multitude de sensations. Parmi ces nombreuses impressions, il y en a pourtant une qui lui revient toujours à l'esprit quand on prononce le mot « Portugal » :

« Moi je vois Molo, c'est un petit café de Lisbonne. On dit que le centre de Lisbonne se trouve dans le fleuve, mais il se peut qu'il ne soit pas là mais dans ce café. Il y a des gens qui viennent tout simplement pour s'asseoir, des gens qui viennent de l'autre rive du fleuve et qui s'embarquent de nouveau pour partir, et vous êtes à votre table, mangez votre gâteau, buvez votre café et avez la sensation de vous trouver justement à votre place, à l'endroit que vous avez cherché. C'est très subjectif, chacun cherche sa place. Chacun y arrive à un certain âge, avec une certaine humeur, dans une certaine situation dans ses rapports avec les autres, et chacun y cherche quelque chose de différent. Mais je ne veux en aucun cas prescrire ce qu'il faut faire. »

(Les propos de Jan Burian ont été recueillis par Milena Strafeldova.)