Une nouvelle salle de concerts à Vršovice accueille le groupe français l’Herbe folle
Le 28 février dernier s’est ouvert un nouveau lieu de culture à Prague, dans le quartier de Vršovice. C’est un ancien cinéma, transformé en salle de concerts, qui espère attirer rapidement de nombreux groupes et leurs fans. Lundi 23 mars, c’est le groupe français l’Herbe folle, de Toulouse, qui a ainsi fait ses premiers pas à Prague sur cette nouvelle scène.
Johan, le jeune nouveau propriétaire australien du Bar Pilot, nous présente son projet avant de laisser le micro aux musiciens de l’Herbe Folle, qui terminaient à Prague leur tournée centre-européenne.
« Le bâtiment est vieux. C’est un des plus vieux cinémas à Prague, il date de 1933. Je l’ai simplement un peu reconstruit et j’aimerais donner quelque chose à la communauté. Il ne s’agit pas d’une question d’argent, j’aimerais soutenir les groupes. C’est ce que je veux offrir : un bon programme rock. Eventuellement, j’aimerais aussi revenir au cinéma et projeter des films, une ou deux soirées par semaine. Depuis que je vis à Prague, j’ai beaucoup vécu à Prague 10. Et j’ai vu qu’il n’y avait rien ici pour la communauté, que tout est centralisé autour de Prague 1 et Prague 2. J’ai trouvé cela honteux et c’est pourquoi je voudrais garder ici des prix abordables pour que les gens puissent venir et profiter de la musique. »
Le bar Pilot doit donc encore se faire connaître pour attirer une nouvelle clientèle. A cet effet, il travaille en collaboration avec le Klub Mlejn, actuellement en reconstruction, qui peut donc programmer certains groupes dans cette nouvelle enceinte musicale. Pilot a ainsi déjà offert trois concerts, avec un groupe britannique pour l’inauguration du lieu, un groupe tchèque, et dernièrement un groupe français, l’Herbe folle.
Originaires de Carcassonne et installés à Toulouse, l’Herbe folle est un groupe composé de quatre musiciens : un guitariste, un contrebassiste, un saxophoniste et un batteur – mais on devrait plutôt dire « une » puisque c’est la jeune femme du groupe qui manie les baguettes. Elle chante également et gratte un ukulélé. Les garçons du groupe savent aussi varier les plaisirs passant de la basse à la contrebasse, de la guitare à l’accordéon ou du saxophone à la flûte, ou aux percussions. Clémentine et Florent, de l’Herbe folle :
« F : Il y a un aspect assez acoustique. A la base, c’est plutôt de la chanson française, avec des influences acoustiques, donc du jazz, des musiques des Balkans, des musiques klezmer. Et il y a un côté un peu plus rock’n’roll avec tout ce que ça comporte, éventuellement un peu électro, drum’n’bass, ou autre mais toujours avec des instruments. C’est un gros mélange de toutes ces influences qu’on peut récolter un peu partout et qu’on adapte selon les textes, selon les chansons, comment on a envie de raconter tel ou tel texte ou telle histoire, on mélange toutes ces musiques et toutes ces influences. »
Vous mélangez aussi les langues. J’ai cru entendre du français, de l’anglais, de l’occitan et une langue slave également ?
« C : C’est du polonais. J’ai des petites bases de polonais et un jour au coin du feu, à Avignon, on a pensé faire un tango polonais. Je connaissais quelques mots donc on a fait cette chanson en polonais. »
La prochaine fois, vous pouvez faire une chanson en tchèque ?
« C : Oui, on va essayer. »
Vous jouez une musique où on entend beaucoup d’influences balkaniques et centre-européennes. Pourtant, en République tchèque – je ne sais pas si c’est le cas en Pologne ou ailleurs – ce n’est pas forcément une musique qui est très présente. Est-ce que cela vous surprend ?
« C : Non. En France, il y a une espèce de retour de l’occitan, des traditionalismes, du basque, du breton. Mais je trouve que ce n’est pas étonnant parce que je pense que quand on est dans un pays, on cherche à aller ailleurs, qu’on cherche un peu la différence.
F : Ou alors retrouver ses racines. En France, il y a un gros mouvement régionaliste, les gens reviennent vers l’occitan – c’est ce qu’on voit dans le sud.
C : Je pense aussi qu’il y a l’influence du rock’n’roll aussi, des musiques électroniques, tout ce qui est musique actuelle qui intéresse les gens. J’imagine que peut-être en Europe centrale, il y a eu une espèce de période de prohibition, où la culture était peut-être un peu diminuée. C’est ce qui j’imagine. Peut-être que les gens s’y intéressent maintenant un peu plus. Nous, on n’est pas du tout des Balkans ni d’Europe de l’Est, et on s’intéresse à cette musique, comme on s’intéresse à la musique africaine. Je pense qu’on est toujours attiré par ce qui est différent, et c’est ça qui est bien. »