Une promenade à Petrin
L'une des dominantes incontournables de Prague, la tour de Petrin, copie fidèle miniature de la tour Eiffel, fête ces jours-ci son 110e anniversaire. Le 28 juillet 1891, la construction de la tour haute de 60 mètres, sur une colline au-dessus de Prague, a été achevée, et le 20 août de la même année, elle a été ouverte au public. Non seulement la tour, mais toute la colline de Petrin est fort visitée. Petrin offre des vues inattendues sur le panorama de Prague. C'est une oasis de verdure et de calme où se trouvent de beaux jardins, on y trouve aussi de précieux monuments architectoniques aussi bien que des curiosités telles qu'un labyrinthe. Un funiculaire mène à son sommet ce qui est aussi en quelque sorte une curiosité. Nous espérons qu'une promenade à Petrin sera agréable pour vous.
La colline de Petrin qui se dresse à gauche du château de Prague, a été, dans le passé, un lieu de pèlerinage des Tchèques. Le chroniqueur Kosmas a écrit, au 12e siècle, qu'il tire son nom du mot petra, qui signifie le rocher. On l'appelait aussi la colline de Saint-Laurent. A l'origine, une vaste forêt s'étendait au mont Petrin jusqu'au site de la Montagne Blanche. Aménagé dès le 12e siècle en jardins et en vignobles, l'endroit est devenu un agréable parc de promenade. La hauteur de 318 mètres de la colline de Petrin est encore accentuée par une tour haute de 60 m permettant d'admirer le panorama complet de la ville. Point étonnant que le Club de touristes tchèques ait choisi ce lieu pour la construction d'une tour panoramique.
Les membres du Club ont trouvé une inspiration à Paris, où ils étaient, en 1889, enchantés par la tour Eiffel. L'exposition jubilaire des pays tchèques de 1891 a accéléré la réalisation du projet dont l'ingénieur Frantisek Prasil et l'ingénieur Julius Soucek sont les auteurs. La construction a été achevée en 5 mois et 6 jours. Le 20 août 1891, elle a été solennellement inaugurée pour le public.
Les visiteurs ont pu monter sur une terrasse offrant des vues panoramiques par 300 marches ou prendre l'ascenseur. Le souci des constructeurs a été d'assurer aux visiteurs un accès facile du belvédère. Dès le début, on a pensé à l'édification d'un funiculaire. La courte histoire de ce moyen de transport est vraiment mouvementée, car il a été trois fois arrêté, reconstruit et remis en service. Le premier funiculaire construit parallèlement avec la tour a été plus abrupt que celui d'aujourd'hui. La propulsion du funiculaire a été basée sur le système de supériorité de l'eau: les voitures avaient, dans la partie inférieure, des réservoirs d'eau. Dans la station supérieure, le réservoir a été rempli d'eau et la voiture ainsi chargée, descendant par son propre poids, traînait l'autre voiture en haut, puisque les deux étaient reliés. Le voyage long de 400 mètres a duré 6 minutes. Une voiture a pu transporter environ 50 passagers. Pendant le premier conflit mondial, le service du funiculaire a dû être arrêté.
La question de renouvellement de sa marche a surgi avant le IX. fête nationale des Sokol (Fauçons) - mouvement d'éducation physique. La reconstruction a commencé en 1931. Le parcours a été plus long, de 511 mètres. Les voitures ont pu transporter plus d'une centaine de personnes. La marche du funiculaire a été pleinement automatisée. Inaugurée le 5 juin 1932, il est resté en service jusqu'à 1965, où les fortes pluies l'ont gravement endommagé.
La troisième construction d'un funiculaire à la colline de Petrin a commencé en 1981 pour être achevée le 15 juin 1985. Depuis, il est en marche régulière. La station de départ du funiculaire est à Ujezd, dans le quartier de Mala Strana. Il vous conduira jusqu'au sommet de la colline, avec un arrêt à Nebozizek, où se trouve un restaurant du même nom. A la sortie, vous pouvez d'abord admirer une très belle roseraie. A quelques pas devant vous se dresse la construction en fer du belvédère de Petrin.
A la sortie de la tour, vous ne pouvez pas manquer inaperçue l'église Saint-Laurent. Cette église baroque dessinée par Ignac Palliardi et construite entre 1735 et 1770 s'élève sur les vestiges d'un édifice roman mentionné dès 1135 : quelques traces sont encore visibles dans l'aile sud du bâtiment actuel. En face de l'église Saint-Laurent se trouve le labyrinthe, à l'origine le pavillon du Club des touristes tchèques pour l'Exposition jubilaire de 1891, élevé dans le Parc des expositions, et déplacé ici vers 1930. A l'intérieur, vous vous perdrez dans le labyrinthe avec ses murs aux glaces déformantes et vous vous croirez, à un moment donné, en plein combat, cette impression étant procurée par un diorama représentant la Lutte des étudiants de Prague contre les Suédois sur le Pont Charles en 1648.
Parmi d'autres choses à visiter sur la colline de Petrin, il y a l'Observatoire astronomique portant le nom de Milan Rastislav Stefanik, illustre astronome et homme politique slovaque, naturalisé français, se trouvant à la naissance de la Tchécoslovaquie. L'observatoire de Prague a fêté, en 2000, 70 ans de sa fondation.
Une particularité de la colline de Petrin - le Mur de la faim - construit sous Charles IV, de 1360 à 1362, appelé ainsi puisque ayant permis d'employer la population de Prague, faisait autrefois partie des fortifications de la ville.
Plus au sud, en direction du quartier Smichov, apparaissent la villa et les jardins Kinski. La demeure de style Empire est l'oeuvre de l'architecte Jindrich Koch édifiée dans les années 1827-1831. Louée, au 19e siècle, aux archiducs héritiers Rodolphe et François-Ferdinand de Habsbourg, la villa Kinski abrite aujourd'hui la section ethnographique du Musée national.
A Petrin, on peut découvrir aussi une construction tout à fait exotique et unique à Prague - l'église carpatique Saint-Michel-de-Petrin. Cet ancien sanctuaire orthodoxe des Carpates est construit en bois et date du 18e siècle. Attribuée à la Tchécoslovaquie lors du traité de Trianon, le 4 juin 1920, l'église a été transférée de Medvedovce, en Russie subcarpatique, à Prague, en 1929.
Le monument du poète Karel Hynek Macha, très cher aux Tchèques, se découvre en suivant le mur des anciennes fortifications. Le poète Macha, 1810 - 1836, est le plus grand poète romantique et pratiquement chacun connaît par coeur son plus célèbre poème, Maj - Mai, véritable hymne à l'amour. La coutume veut que chaque 1er mai, les jeunes amoureux s'y rendent et déposent des fleurs au pied de la statue du poète, pour s'y embrasser et confirmer ainsi leur amour.
Dans le domaine de Petrin, on peut contempler encore les jardins Lobkowicz, celui de séminaire et celui de Strahov. Parmi les jardins, la roseraie est la plus jeune, ayant été fondée en 1932.