15 ans après la chute du communisme, Skoda séduit à nouveau

Skoda Superb, photo: www.skoda-auto.com
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La marque Skoda fait partie des trois plus anciens constructeurs automobiles du monde, l'aventure ayant commencé en 1895 sous le nom Laurin & Klement. Depuis 1991, la marque tchèque à la flèche ailée est entrée dans le giron du groupe allemand Volkswagen. En un temps relativement court, Skoda a réussi sa reconversion après quarante ans d'économie planifiée et une longue période de production unique.

Pour raconter cette évolution rapide et faire le point sur les perspectives du constructeur basé à Mlada Boleslav, Radio Prague s'est adressée à Jean-Luc Barbier, directeur marketing-produit de l'entreprise, et seul Français employé au siège historique de la marque, à une soixantaine de kilomètres de Prague, en Bohême centrale.

Vous êtes aux premières loges pour observer la coopération germano-tchèque, comment cela se passe au quotidien ?

« Au quotidien, c'est très bien huilé, on peut dire qu'on est une entreprise très bien réglée. Les années ont passé, on espère que les aspects négatifs du passé ont été nettoyés, ce n'est pas toujours le cas, mais je pense qu'en tant que Français, j'arrive justement à concilier beaucoup de choses entre les Tchèques et les Allemands. »

Vous parlez du passé, il y a une quinzaine d'années, de nombreuses blagues circulaient sur Skoda. On disait par exemple que pour doubler le prix d'une Skoda, il suffisait de faire le plein... Aujourd'hui ces blagues appartiennent au passé. Peut-on dire dire qu'en presque 15 ans, depuis que le groupe VW l'a intégrée, la marque Skoda a vécu une ascencion fulgurante ?

« Oui, enfin si on veut revenir un peu sur le passé, il faut savoir qu'après-guerre, il y a eu beaucoup de création dans les cartons Skoda, plus ou moins occultée par le 'grand-frère' si je puis dire, donc c'est quand même une justice pour Skoda maintenant de retrouver ses marques. Le groupe Volkswagen a effectivement remis la marque dans les standards de qualité, l'a remise sur une bonne perspective. Maintenant, la troisième voie doit s'ouvrir avec le nouveau millénaire. C'est -à dire une gamme de produits créatifs. On présentera au prochain salon de Genève un certain nombre d'avancées, que je ne peux réveler pour l'instant. Cela étant dit, on peut maintenant ressourcer l'art nouveau tchèque qui existait dans les années 30 pour le nouveau millénaire. On va vraiment, cette fois-ci, avoir notre propre gamme, avec la caution de qualité de VW, qui reste indélébile, et dont on est très content. Cela dit, on va à nouveau se développer et faire appel à l'imagination tchèque. »

Comment expliquer la survie de cette entreprise malgré l'ouverture de l'économie tchèque ?

« Je pense qu'il y a une productivité qui est exemplaire, une disponibilité du travail encore importante, nous travaillons encore 42 heures par semaine chez Skoda, nous avons des processus de décision très courts. Je pense que ça nous met en bonne position pour être compétitifs et pour survivre et nous avons à peu près 460 000 voitures en production annuelle, nous visons beaucoup plus. Nous avons trouvé un équilibre entre cette production et cette qualité. »

Quelle est la stratégie de développement de Skoda en Europe ?

« Pour l'Europe, c'est de développer une famille de produits peu conventionnels, sans tomber dans le pièges des 'niches'. On va effectivement développer énormément l'aspect monospace, l'aspect cabine pour l'arrière dans le cadre des villes, pour résoudre le problème d'une voiture pas trop grande mais qui offre un espace très important. On pense à la vie de famille, à la vie des enfants dans la voiture. Comment résoudre le problème des longues périodes en voiture en ayant l'agrément de son salon, de sa maison ? On pense au multimédia, au DVD pour les enfants, la paix en voiture, aux aspects de convertibilité et de flexibilité de l'espace intérieur. On n'est pas les seuls à penser à ça, mais je pense qu'on est en train de trouver des solutions assez originales... »

Qu'est-ce que ça veut dire « éviter le piège des niches » ?

« C'est d'éviter de faire des véhicules peu conventionnels qui sont avec des volumes très, très réservés. La voiture de sport, c'est une niche. Il est évident que tout le monde ne peut pas penser que Ferrari est une niche, mais les volumes sont limités. »

Est-ce qu'on peut dire que les cibles principales de Skoda sont les familles à bas et moyens revenus ?

« La cible principale Skoda - et je n'ai pas envie d'enfermer la marque dans une cible - est de se dire que nous allons travailler entre 8000 et 15000 euros. Et là, on est prêt à accueillir plein de gens, qui veulent une voiture de qualité et des prestations sans débourser de sommes considérables. J'ai une vision très large en termes de segmentation. Je segmente principalement par rapport au prix. »

Alors si on peut parler d'un produit en particulier, la Skoda Octavia n'en finit pas de gagner prix et récompenses...

« Oui, c'est une voiture qui mérite beaucoup plus d'être connue. La presse a été bonne, et les tests rationnels l'ont confirmée. Nous avons suivi par exemple sur la version break la voie classique, qui concilie design et rationnalité de l'espace intérieur : plancher plat, grandes largeures, pas de porte-à-faux dans l'habitacle. Cela nous a beaucoup aidés au niveau des valeurs qu'on obtient actuellement en termes de prestations d'espace, si je puis dire. »

Même si vous ne pouvez pas révéler de scoops avant le salon de Genève, quelles sont les principales orientations dans le proche avenir pour Skoda ?

Skoda Mlada Boleslav
« Les principales orientations consistent à développer une gamme, à sortir de la monoculture dans laquelle on était avec la Fabia. Maintenant, l'Octavia 1ère et 2e génération nous a permis de nous asseoir dans la catégorie des berlines compactes. Notre vision est d'attaquer sérieusement le marché des monospaces, et peut-être aussi d'envisager des extentions dans d'autres segments de véhicules, que je ne préfère pas révéler encore. Sachez simplement que d'ici quelques années, Skoda aura une gamme complète de véhicules sur des segments où on ne nous attend peut-être pas. »

On retrouvera Jean-Luc Barbier la semaine prochaine, pour nous parler de la stratégie de développement de Skoda dans le monde, et du récent partenariat conclu avec le Tour de France.